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Ouyahia connaîtra-t-il bientôt le sort de Tebboune?

Ils sont plusieurs à vouloir la peau du Premier ministre

Ouyahia connaîtra-t-il bientôt le sort de Tebboune?

« Je ne peux pas m’opposer à Ahmed Ouyahia, puisque c’est le président de mon parti, M. Abdelaziz Bouteflika, qu’il l’a installé », avait déclaré Djamel Ould Abbès, le SG du parti au pouvoir du FLN, en s’expliquant, lors d’une conférence de presse, sur le pourquoi d’une tripartite-parallèle qu’il a organisée mercredi à Alger. 

C’est l’évidence même dirait plus d’un. Sauf que depuis le renvoi ingrat d’Abdelmadjid Tebboune, deux mois à peine, après son installation à la tête de l’exécutif, par Bouteflika, lui qui avait le soutien indéfectible de Djamel Ould Abbès, personne n’accorde de crédit aux déclarations rassurantes du natif de Tlemcen. 

D’ailleurs, tout le monde a compris le petit manège du SG du FLN, qui n’a cessé d’envoyer des signaux sur l’imminence du limogeage de Ahmed Ouyahia et qui y travaille de toutes ses forces, et ce, même si en façade, il soutient l’action du gouvernement, lui qui avait déclaré le 30 décembre à Souk Ahras qu’ils «allaient se réunir (FLN, FCE, UGTA) pour leur dire (au gouvernement) que le secteur public est une ligne rouge à ne pas franchir», avait-il soutenu pour marquer son opposition au projet public – privé du gouvernement.

La foire d’empoigne

L’action du Premier ministre est également ouvertement critiquée par l’énigmatique Chakib Khelil qui n’hésite pas à qualifier la stratégie gouvernementale en termes de déficit budgétaire et la planche à billets, « d’action inadaptée et génératrice d’hyperinflation. »

Énigmatique et ingrat Chakib Khelil, puisque Ahmed Ouyahia l’avait publiquement défendu, parlant de « grande injustice » subit par l’ancien ministre de l’Énergie dans les scandales financiers de Sonatrach. Déclaration qui lui a valu, à son tour, une remontrance sous forme de critiques, de la part de Djamel Ould Abbès. « Si nous n’avons pas confiance en notre justice, plus rien ne compterait », avait-il déclaré en octobre à la presse à l’occasion d’une réunion de son parti à Alger.

Seddik Chihab est apparu le 3 janvier dernier, sur la chaîne Dzair news, pour défendre son président de parti en accusant littéralement Chakib Khelil d’intelligence avec une puissance étrangère. «La politique que prônait Chakib Khelil, quand il était à la tête du ministère de l’Énergie, n’était pas dans l’intérêt du pays. Agissant avec des parties tierces, il essaye aujourd’hui de mettre l’Algérie sous tutelle de puissances étrangères », avait-il expliqué.

L’impopulaire Ouyahia a également été fermement rappelé à l’ordre par la présidence après qu’un rapport des services de la sécurité d’État, avait qualifié ses nombreuses déclarations apocalyptiques « de dangereuses pour la sécurité et la paix civiles du pays ». Un rappel à l’ordre que n’a jamais voulu commenter le Premier ministre, ni infirmer d’ailleurs.

Le tâtonnement d’Ouyahia sur plusieurs dossiers importants, tels que le nombre d’entreprises qui allaient faire du montage automobile, les licences d’importation ou l’endettement extérieur, montre, si besoin est, la fragilité de la position d’Ouyahia qui n’a visiblement pas les coudées franches, pour poursuivre le programme de son président Abdelaziz Bouteflika. Un programme, qui semble au moins avoir un objectif clair, celui de repousser au maximum l’échéance inévitable du recours à l’endettement extérieur, du moins pour après les présidentielles de 2019. 

Au même temps, le limogeage d’Ahmed Ouyahia, même s’il peut contribuer à calmer provisoirement la fronde populaire, exacerbée par la flambée des prix de plusieurs produits en ce début de l’année 2018, serait un pari risqué, et un gage d’instabilité (un de plus avec l’absence du chef de l’État), dont les conséquences seraient dramatiques sur le double plan national et international.

Auteur
Hebib Khalil

 




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