Mardi 23 juin 2020
Ouyahia : la vindicte médiatique « humiliante » des restes du système !
La roue tourne, comme dans le cinéma! Dans le cas d‘Ahmed Ouyahia, c’est le summum de l’absurde. Même le cinéaste Hitchcock ou l’acteur Charlie Chaplin, les rois de la comédie dramatique n’y trouveront rien à rajouter. On dirait qu’on assiste à une pièce de théâtre de Vaudeville, où l’humour noir frôle l’insensé, le putride, le salace…
De l’ex-présidentiable à la tête de l’une des grandes formations politiques du pays, menaçant de « guerre et de sang »jusque dans l’enceinte de l’APN, les manifestants qui avaient osé contredire les desseins de son parrain Bouteflika, au simple « malfrat », les mains menottées, accompagné jusqu’à la tombe de son frère-avocat, exposé aux voyeurs de toutes sortes, le temps semble être pris dans une tornade « abracadabrantesque », pour emprunter le néologisme d’un illustre politique hexagonal.
Le tapis d’Aladin a, paraît-il, survolé le ciel d’Algérie, en brouillant toutes les ondes, désormais imperceptibles par les radars médiatiques. Et la lampe magique? Elle ne se trouve, peut-être, nulle part, sauf dans la tête de ceux qui savent appâter les masses, pour les ramener droit dans le nœud de l’hameçon!
Pour preuve, personne ne capte le son du film. Le scénario se suffit à lui-même : on jette en pâture un homme politique, longtemps tombé en disgrâce, pour convaincre « ceux qui ne sont pas encore convaincus » de la bonne foi des nouveaux promus au Palais d’El-Mouradia!
Depuis plus d’un an, l’Algérie évolue à géométrie variable, alors que le noyau du « Système » explose en petits morceaux. Mais pas totalement dupes, les Algériens connaissent bien la capacité phénoménale de reconstitution de ce « Système »-là, et d’aucuns le comparent même, d’ailleurs, à un sphinx qui, maîtrisant parfaitement l’art des « jeux de feu », sait bien comment se nourrir des flammes, pour produire de la cendre, soit une si bonne recette pour la concoction de la fameuse « poudre aux yeux ».
Jouer avec le feu, comme dans les tragédies d’amour passionnel, où fausses intentions, double langage, promesses vaseuses, complots, pièges des jaloux et des vengeurs, tutoient parfois les cimes de bêtise, participe sans doute, surtout quand il s’agit de régimes autocratiques, des règles basiques de la manipulation de masse. Puis, de la bêtise, il y en a une très bonne dose dans le film algérien! Comment un téléspectateur étranger, par exemple, qui a visionné les séquences d’une telle vidéo aurait-il réagi ? Comment verra-t-il les Algériens?
Comment interprétera-t-il les choses qui arrivent dans ce pays, pour le moins, bizarre ? Puis, à quoi jouent ceux qui font les décisions, en haut lieu, en livrant un citoyen, de surcroît, un ex-haut responsable, à la vindicte médiatique, de cette façon si humiliante et si indigne pour la démocratie que le peuple veut instaurer dans l’avenir ?
Les autorités n’ont-elle pas enfreint, quelque part, sur le plan éthique, l’une des règles-phares de la morale, à savoir le respect de la vie d’autrui et la nécessité de compassion avec l’entourage du mort ?
Que l’on aime ou déteste l’homme, le respect de sa dignité d’humain devrait primer et dépasser tout calcul étroit ! En vérité, les Algériens ont assisté, malgré eux, à un nouveau type de torpillage médiatique, conjugué à une volonté de diversion des véritables enjeux sociétaux, au moment où le débat devrait, en toute logique, se recentrer sur l’essentiel : la liquidation des restes du « Système » et le passage au plus vite à une seconde République démocratique et citoyenne…