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Ouyahia serait-il le compromis pour une transition en douceur à l’intérieur du système ?

DEBAT

Ouyahia serait-il le compromis pour une transition en douceur à l’intérieur du système ?

Cette interrogation nous ramène aux propos de l’ancien président de l’APN, Abdelaziz Ziari, concernant une éventuelle candidature d’Ahmed Ouyahia au poste du président qui inquiète le clan présidentiel.

D’abord, Tayeb Louh, ministre de la Justice, pourtant subalterne, n’a pas hésité à pourfendre son chef le premier ministre, en lui faisant ressortir les vieux démons : l’incarcération des cadres algériens dans les années 90 en est un. C’est un message pour lui signifier que le chemin n’est pas encore balisé.

Ensuite, comme riposte, il suffit d’un simple communiqué rédigé à la hâte par la direction du RND pour le défendre. Faut-il rappeler que Tayeb Louh représente la confrérie de Tlemcen, comme Chakib Khelil. Il  fait partie des nombreuses huiles des plus fidèles de Bouteflika. Ils occupent le devant de la scène politique et les centres de décision depuis deux décennies. Quoi qu’il arrive, c’est inimaginable de les voir le trahir. Car ils lui doivent l’essentiel de leur carrière.

Par ailleurs, il est hélas vrai que le tribalisme est une réalité qui existe même avant l’indépendance. Le dernier putsch au sein de l’APN participerait d’une guerre entre le clan de l’ouest et une partie du Constantinois. Saïd Bouhadja a perdu pour cause de couardise qui traverse son clan.

Dans ce marigot, Ouyahia avec son profil de Kabyle, le verrait-on comme futur président ? Difficile à croire, même s’il demeure l’un des serviteurs le plus zélés du système. Car Ouyahia est là bien avant 1999.

Ahmed Ouyahia est au coeur du pouvoir depuis 25 ans, trois fois chef du gouvernement et premier ministre, son appétence pour la chaise est un réalité avec laquelle il faut compter. Il a de l’ambition, et il se gêne pas de les exprimer à chaque occasion.

Considéré comme le poulain du DRS, en 2014, il a montré une volonté toute en retenue pour succéder à Bouteflika à cette époque. Très vite, il a mangé son chapeau. Il s’est rétracté pour une raison plus évidente : le clan du président a beaucoup pesé dans l’échiquier politique du système. Par défection ou pour une loyauté forcée, il s’est rallié pour devenir président de campagne au profit de Bouteflika.

Juste après cette élection, en 2015, c’est le début du démantèlement du DRS et la mise en retraite de son patron Mohamed Mediene, dit le général Toufik, l’homme fort du système. Ce qui a terriblement affaibli Ahmed Ouyahia.

Scénario possible ?

La donne a changé. Ce samedi, il a été à Paris représenter le président incapable de tout déplacement pour la commémoration du centenaire de la Première guerre mondiale. Il était au côté de nombreux chefs d’Etat. Mais en Algérie, il y a du chemin. Car les cartes restent confusent. Et Bouteflika est un roublard. Ahmed Ouyahia qui tient un peu de lui ne l’ignore pas.

La question de la prochaine présidentielle mine le terrain politique car Bouteflika est dans un état de santé dégradé. En dépit du tapage médiatique organisé par le FLN et une partie de la classe politique qui a mangé dans la main du président, le cinquième mandat peine à être avaler. La rue algérienne se gausse du spectacle de ces troubadours de la politique. Comment faire accroire à un 5e mandat pour un homme absent, incapable de faire la moindre déclaration et qui ne rencontre plus personne ? Bouteflika est devenu un reclus.

Cependant, le clan au pouvoir n’est plus à une violation de la Constitution près. Car si réellement le Texte fondamental était respecté, il y a longtemps que le président aurait été destitué.

Il y a alors l’option Ahmed Ouyahia. L’homme est un prédateur politique. Il sait attendre son heure. La santé dégradée du chef d’État pourrait arranger ses affaires. Il pourrait être, en cas… la carte à jouer s’il donne assez d’assurances aux proches de Bouteflika. 

Pour autant serait-il le candidat idéal ? Le personnel du sérail n’en disconvient pas malgré les avertissements du ministre Tayeb Louh et le sénateur Madani Haoud, sauf que le consensus doit être validé par l’ensemble des décideurs : les clans.

Cependant, dans un souci d’équilibre en leur garantissant des privilèges à leurs supplétifs, l’idée d’investir dans cette direction est envisageable.

Une autre hypothèse circule. Celle d’une situation de blocage qui conduirait à la dissolution de l’APN et au report de la présidentielle. En attendant, les crânes d’oeuf de la présidence triturent la Constitution pour créer le poste de vice-président. De fil en aiguille, son impétrant sera l’héritier désigné du clan au pouvoir. Du coup, le président coulera ses jours tranquillement dans sa résidence médicalisée de Zéralda en président sans les charges. 

Le dernier épilogue sur la destitution forcée de Said Bouhadja, le président de l’APN, n’a-t-il pas un lien dans une éventualité de s’en servir de cette assemblée pour changer les lois ? Et la libération des généraux peut paraître qu’il y a eu une sorte de compromis, un consensus pour mettre un terme à l’idée de s’opposer à tout scénario proposé.

Dans le contexte politique actuel, il y a lieu de rappeler que le pouvoir n’organisera aucune élection pour la perdre. Si transition il y a, elle aura lieu au sein des enfants du système. 

Auteur
Mahfoudh Messaoudene 

 




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