« On veut rentrer voir nos familles ». Pour des dizaines de personnes postées vendredi devant l’agence Algérie Ferries à Paris, qui assure une liaison hebdomadaire par ferry entre Marseille et Alger, le retour au pays se transforme en calvaire.
Mais l’agence locale, située dans le centre de Paris et qui devait rouvrir à 09h00 selon son site internet, est restée porte close. L’anarchie qui règne dans et devant les agences Algérie Ferries sont symptomatique de celle qui ronge le pays depuis plusieurs années.
Depuis lundi et l’ouverture à la vente de billets pour rallier Alger par ferry depuis Marseille, des dizaines de personnes campent quotidiennement devant l’agence locale de la compagnie maritime algérienne ou y viennent aux petites heures du matin, non sans tensions.
Cette ruée soudaine prend source dans la levée progressive des restrictions de voyage entre l’Algérie et la France, où vit une importante communauté algérienne, mises en place à cause de la pandémie de Covid-19, dont la suspension de cette liaison maritime.
« On attend le sésame pour rentrer chez nous en vacances », affirme à l’AFP un homme de 66 ans qui dit s’appeler Diraf et refuse de donner son nom de famille. Il explique qu’à cause de la pandémie du Covid-19, il n’a pas pu retourner en Algérie depuis trois ans.
« Je suis venu à 02h00 du matin », dit-il, assis sur une chaise pliante au milieu d’une queue de plusieurs dizaines de personnes, se plaignant qu’aucune information ne leur soit livrée.
« On est dans le flou le plus total », renchérit Mohamed Adel, 45 ans.
Une dame qui refuse d’être identifiée précise qu’une liste informelle avec des numéros d’arrivées circule pour donner un semblant d’ordre à l’attente.
Venir tous les jours
Martin Laurent, 48 ans et responsable d’équipe, dont l’épouse est algérienne, affirme lui être venu déposer son épouse tous les jours depuis lundi dans l’espoir d’obtenir un billet.
« Le site (de réservation) est bloqué depuis mardi » et les standards téléphoniques saturés, assure-t-il.
Aucun responsable ou affiche expliquant les raisons de la fermeture, n’étaient visibles vendredi matin devant l’agence parisienne, où régnait une évidente tension de personnes se disant « exaspérées » d’attendre sans nouvelles.
Selon des témoignages corroborés par une source policière à l’AFP, la police est intervenue lundi pour mettre fin à des rixes, relayées sur les réseaux sociaux, et dégager la rue pour la circulation. Les personnels de l’agence ont préféré fermer car « ils ne maîtrisaient rien », a ajouté cette source policière.
L’annonce lundi de l’ouverture à la vente de billets pour cette liaison, hebdomadaire, entre Marseille et Alger, de juin à septembre, a suscité des scènes similaires ailleurs en France.
A Lyon, l’agence située dans le centre-ville était fermée vendredi après-midi, rideaux tirés, de même qu’à Marseille. « Agence fermée jusqu’à nouvel ordre », pouvait-on lire sur la vitrine de l’agence lyonnaise.
Karim Hamza, 35 ans, manutentionnaire, qui souhaite partir mi-juin avec sa femme française et ses 3 enfants pour Skikda, précise n’avoir pas su que l’agence était fermée. « Nous ne sommes pas partis depuis 2019, à cause du Covid, bien qu’étant vaccinés », dit-il, ajoutant ne pas « trop faire confiance » à l’internet et préférer « prendre ses billets en agence ».
Aucun commentaire n’a pu être obtenu dans l’immédiat auprès d’Algérie Ferries à Alger.
Mais le ministère algérien des Transports a annoncé tard jeudi un programme de vols et traversées maritimes supplémentaires dont sur l’axe Marseille-Alger, ainsi qu’avec Bejaia, Skikda et Oran. Avec AFP