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Panique à bord, rente à tribord : qui tient la barre ?

Tebbouine

Tebboune et son précarré, un monde ancien dépassé par les réalités.

Dans la grande mer agitée des crises, le navire semble perdre le cap. Mais à y regarder de plus près, une question s’impose : la panique est-elle vraiment générale ou savamment orchestrée ? Entre l’équipage affolé qui rame à contre-courant et les passagers qui s’accrochent à la rambarde, un groupe de privilégiés se prélasse confortablement à tribord, là où la rente coule à flot.

Bienvenue à bord du Titanic économique version bureaucratique-rentière, où la tempête est toujours l’occasion de redistribuer… non pas les cartes, mais les dividendes.

Tempêtes en série, profits assurés

Quand l’économie rentière pilote le navire, chaque turbulence devient une opportunité pour ceux qui savent manœuvrer. Les passagers de l’arrière, eux, n’ont que des rames en bois pour éviter de sombrer. À la proue, les sirènes médiatiques hurlent à la catastrophe, amplifiant l’angoisse générale : « C’est la fin ! À moins, bien sûr, de prendre un abonnement premium pour savoir comment survivre à la tempête. »

Et pourtant, tandis que la foule regarde impuissante les vagues se briser sur la coque, les « rentiers de la mer » – ceux qui vivent de la rente bureaucratique, pétrolière ou économique – continuent leur croisière en première classe. Après tout, pourquoi réformer quand on peut gérer la crise en boucle ?

Mais qui tient donc la barre ? Personne, semble-t-il. Ou plutôt, tout le monde tire dans des directions différentes : ici, un officier qui crie au changement de cap tout en sabordant les canots de sauvetage ; là, des experts qui proposent de remplacer les rames par des discours motivants. Pendant ce temps, la boussole démocratique se dérègle, et la confiance – ce fragile compas du vivre-ensemble – tombe à l’eau.

Les crises se succèdent à un rythme effréné, et chaque nouvelle vague de panique semble plus rentable que la précédente. De l’angoisse climatique à la crise sanitaire, en passant par les pénuries alimentaires, tout est bon pour maintenir le public dans un état de sidération. Le spectacle est permanent, les spectateurs captivés, et la rente bien arrimée.

Mais que faire, alors, pour ne pas couler ? Changer de cap semble aussi réaliste que de faire confiance à un capitaine qui navigue à vue. Et pourtant, le bateau ne peut flotter sans ses passagers. Ces derniers, las d’être baladés par des promesses creuses et des solutions de fortune, pourraient un jour exiger une navigation plus juste, plus transparente.

Car la vraie question n’est pas de savoir si le navire tiendra face à la tempête, mais si l’équipage osera un jour abandonner ses privilèges à tribord pour assurer la stabilité générale. En attendant, chacun rame de son côté, et les seuls à profiter du voyage sont ceux qui n’ont jamais touché un aviron de leur vie.

Nous sommes tous à bord, certes. Mais certains ont des gilets de sauvetage dorés pendant que d’autres tentent de fabriquer des bouées avec des morceaux de bois. La presse, quant à elle, continue de vendre des journaux et de l’angoisse, tout en s’acharnant à détourner l’attention des vraies questions : pourquoi la mer est-elle toujours plus agitée pour les mêmes ?

En fin de compte, la vraie panique n’est peut-être pas à bord. Elle est en nous, alimentée par l’impression que rien ne changera. Et pourtant, changer de capitaine ou de cap reste possible, à condition que les passagers arrêtent de croire aux sirènes.

Car il n’y a qu’une seule certitude : si nous continuons ainsi, les premiers à sauter dans les chaloupes seront, comme toujours, ceux qui tiennent la barre… ou prétendent la tenir.

Alors, que faire face à ce navire ivre qui tangue entre panique et rente ? Si rien ne change, le voyage continuera dans cette logique absurde : des crises qui nourrissent la rente et une rente qui génère des crises. Mais il existe une autre voie : larguer les amarres du fatalisme et reprendre le contrôle.

Cela nécessite un équipage engagé, un public exigeant et une presse qui cesse de vendre la peur pour privilégier l’analyse. L’éclairage, pas l’effroi. La réflexion, pas l’émotion brute. Ce n’est qu’en redéfinissant les rôles – et les responsabilités – que nous pourrons éviter de faire naufrage.

Alors, la barre est entre nos mains, collectivement. Mais attention : si nous ne la tenons pas, d’autres s’en empareront, et, à tribord, les privilégiés continueront de lever leurs coupes de champagne. Panique à bord ? Peut-être. Mais c’est à nous de choisir entre naviguer vers un horizon commun ou rester figés dans cette mer de contradictions.

« Quand la peur devient le gouvernail et la rente la boussole, le navire ne fait que tourner en rond, laissant la tempête décider du cap. »

Dr A . Boumezrag

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