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Par la rente, la providence et la terreur

Tebboune

Après un bref séjour en Algérie, un Américain aurait confié à un de ses compatriotes « c’est en Algérie que je me suis rendu que Dieu existe ; les gens mangent mais ne travaillent pas».

Les gens qui croient que tout est facile, ce sont les vieux fossiles comme, le pétrole et le gaz. Le pétrole enivre, le gaz pollue, l’argent aveugle. Pour les dirigeants, Ils ont su faire faire croire à la population que la providence se trouve au sommet de l’Etat et non dans le sous-sol algérien.

La providence, c’est l’action de dieu, l’Etat c’est l’affaire des hommes. Il s’agit d’une construction intellectuelle, une abstraction juridique, un instrument de cohésion sociale.

L’Etat ce n’est pas un météorite tombé du ciel pour faire le bonheur des hommes sur terre. C’est une invention des hommes, des hommes éclairés, faisant de l’Etat de droit un substitut à l’autorité de l’église.

Les textes juridiques remplacent les préceptes religieux. Un Etat fondé sur la solidarité des individus vivant sur un même territoire sous l’autorité d’un Etat centralisateur auxquelles les féodalités doivent faire allégeance sachant que- Les hommes ne sont solidaires les uns les autres que s’ils sont dans le besoin de travailler ensemble, de verser ses cotisations et de payer chacun ses impôts à un Etat comptable devant eux de l’usage qu’il fait de leur argent. Dans l’idéologie socialiste de l’Etat providence, la conception est différente ; l’homme a des droits (le logement, le transport, les soins, l’école etc.) et l’Etat le devoir de les satisfaire.

Pour cela, il devait se soumettre à l’autorité de l’Etat et exécuter les ordres venant de ses supérieurs. Ainsi le bien-être est assuré, l’ordre respecté et le leader acclamé. Il suffit de croire en sa clairvoyance, il est là pour faire le bonheur de son peuple, que ce soit avec lui par le travail, sans lui par la rente, contre lui par le fusil.

Le marché est le suivant : la providence étatique contre la providence divine ? Le leader se prenant pour dieu sur terre. L’effondrement du mur de Berlin et le démantèlement de l’URSS ont mis fin à l’idéologie socialiste à la dictature du parti unique. Le plan a été remplacé par le marché.

Dans la conception française qui est d’inspiration chrétienne, l’Etat se substitue à l’église dans la prise en charge de l’intérêt général au moyen d’une administration animée par des fonctionnaires ayant intériorisé l’intérêt général dans des écoles spécialisées.

Pour se financer, l’’Etat providence lève des impôts dont l’assiette est la production (salaires et profits) des citoyens pour assurer la prospérité du pays. « Tous contribuent au bonheur de chacun, et chacun participe au bonheur de tous ». Dans la vision algérienne la providence réside dans l’Etat disposant du monopole des ressources du sous-sol.

Elle va reposer sur la distribution de la rente c’est-à-dire le non travail autrement dit un salaire sans contrepartie productive en échange de son allégeance à la classe au pouvoir. L’Etat providence en Algérie masque l’indigence des populations ; la médiocrité des élites et la mégalomanie des dirigeants. Jules Renard disait « Le peuple : on lui fait des discours, on ne cause pas avec lui ». Des discours qui ont plus l’allure de sermons religieux que de pédagogie de masse.

Il s’git d’une ressource financière avec laquelle l’Etat tient en otage la population et affiche sa légitimité vis-à-vis des partenaires étrangers. Une rente pétrolière et gazière qu’il ne peut maîtriser ni dans sa durée et ni dans son amplitude. Elle est fonction des quantités mises sur le marché international et du cours du baril pratiqué dans les transactions avec les partenaires.

L’intérêt de l’Occident ne se trouve pas chez les peuples mais dans les Etats. Des Etats créés par la colonisation pour les besoins des pays grands consommateurs d’énergie non renouvelables.

Les Etats arabes et africains n’existent que parce qu’il y a du pétrole, du gaz ou autres matière convoitée sur leur territoire. Les peuples qui y habitent sont considérés comme des troupeaux de bétail à qui on confie la garde à un berger, généralement l’idiot du village ou le serviteur docile que l’on arme d’un bâton, à qui l’on demande, lorsque le prix du baril chute, de les amener à l’abattoir et quand il flambe de les ramener aux pâturages.

Pour l’Occident, le pétrole est une des choses sacrées sur terre, personne n’y touche, il y va de la grandeur matérielle occidentale et de la décadence spirituelle des arabes.

Le pétrole est la base sur laquelle la civilisation moderne s’est construite. Il est le carburant de la prospérité des nations, le moteur de la mobilité sociale, un accélérateur de l’histoire, un frein aux religions, et un levier de commande de la liberté des peuples.

Dr. A. Boumezrag

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