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Parcours du combattant pour une autorisation de sortie

Cela se passait sous Boumediene

Parcours du combattant pour une autorisation de sortie

En février 2019, à quelques jours du déclenchement du Hirak, nous vous avions relaté, dans une chronique dense, les aléas qui se dressaient devant nous pour voyager à l’extérieur du pays ; celui d’avoir le cran et l’audace d’affronter l’administration de Boumediene pour décrocher, en plus du passeport, le ticket exigé pour chaque projet d’évasion.

Les performances liées à l’obtention d’une autorisation de sortie du territoire nationalisé, étaient nombreuses, fastidieuses et bien souvent décourageantes (*). 

L’objectif de la présente chronique, qui se veut une suite à la précédente, est de vous relater comment nous avions fini par avoir gain de cause pour arracher ce document érigé en véritable trophée -qu’il fallait mériter- par ces Majestés qui avaient remplacé les conquérants roumis, dès que ces derniers avaient été chassés du pays ! 

À la suite de l’entêtement et au refus catégorique des guichetiers en charge de ladite autorisation, il fallait viser plus haut. Je suis donc allé voir le planton, un gugus qui, cela dit en passant, considérait son poste comme le plus prestigieux d’entre tous, pour solliciter une audience auprès du chef de la daïra de Bab El-Oued dont nous dépendions.

Par suite de mon propre entêtement, le planton finit par inscrire mon nom sur la liste, déjà bien longue, de tous ceux qui estimaient que leur dossier était suffisamment complet pour mériter le graal d’une bouffée d’oxygène par-delà les frontières.

Quand mon tour arriva enfin, après des heures d’attente et d’irritation -je me tenais le ventre d’appréhension- car si le chef de daïra décidait de ne pas me délivrer cette autorisation pour mon épouse, je n’aurais su à quels autres saints me vouer. Je n’aurais alors eu le choix qu’entre deux alternatives diamétralement opposées : repartir sans elle pour une année de plus d’éloignement insupportable ou abandonner mes études aux USA.

Après les salutations d’usage, le chef de daïra me fit assoir et pris mon dossier entre les mains pour le scruter rapidement tout en écoutant mes explications. 

Il ne fallut pas plus de quelques minutes pour qu’à mon grand soulagement décision en ma faveur fut prise.

Ce qui est drôle dans cette affaire c’est que quand j’avais dressé la situation à ce chef de Daïra suffisant, ce dernier s’élança d’une formule qui en dit long sur l’état d’esprit de ces administrateurs recrutés bien souvent parmi les inconditionnels du Boumediénisme, avec un niveau très faible, eu égard aux responsabilités qui pesaient sur leurs épaules : -vous savez, nous ne sommes pas en Amérique ! me lança-t-il tout de go.

Voilà donc comment raisonnaient ceux dont dépendait nos destins !

Il faut rajouter que malgré toutes sortes d’obstacles que des administrateurs et politiciens zélés dressaient devant nos parcours souvent avec jubilation, nous n’avions jamais été obnubilés par d’autres contrées, même pas par le rêve américain, mus par l’objectif et la volonté uniques de construire notre pays et mieux le préparer pour la génération suivante. C’était au temps de l’innocence. 

Nous voulions, en toute, naïveté, faire de l’Algérie une autre Amérique -bien avant la formule agaçante et peu amène de Sellal qui comparaît l’Algérie à la Californie- et eux voulaient nous maintenir dans un Etat où ce sont eux les rois. 50 après, le citoyen d’en bas se démêle toujours avec ces mêmes schtroumpfs aux sommets. Et on s’étonne du ras-le-bol général affiché par notre jeunesse, marche après marche, slogan après slogan…

À quand la fin de ce cauchemar sans fin ? que nous puissions enfin rentrer pour offrir nos ultimes goutes de sueur à ce peuple si généreux. 

Mais comment oser espérer une issue heureuse au pays quand, en haut lieu, on veut promulguer des lois pour nous déchoir de notre nationalité pour cause de non-conformité à leurs scabreux projets ? 

Tant que vous êtes au pouvoir, que faire de la même nationalité qu’un Zeghmati ! Je peux vous rendre la mienne avant même la promulgation de vos lois de scélérats. Quand l’Algérie deviendra algérienne, on en reparlera !

 K. M.

(*) https://lematindalgerie.compasseport-autorisation-de-sortie-pour-les-algeriens-recits-et-souvenirs-i

 

Auteur
Kacem Madani

 




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