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Paris-Alger : le conseil du curé aux paroissiens !

Emploi

En matière de politique économique, le conseil des Français aux dirigeants algériens, (celui du curé à ses paroissiens) : «Faites ce qu’on vous dit mais ne faîtes pas ce qu’on fait ».

Les dirigeants français manient avec brio la politique de la carotte et du bâton importée des Etats Unis pour assurer la croissance de leur économie en partant du principe que la  population est une ressource à mobiliser et à valoriser. Quels en sont les mécanismes ? Pour les saisir empruntons cette parabole bien française : posez un âne devant vous et tentez de le faire avancer, bien entendu il refuse. Munissez-vous dans la main gauche d’une carotte, et dans la main droite d’un bâton. Pour le faire avancer, vous avez le choix entre lui mettre la carotte sous le nez et la faire reculer au fur et à mesure que l’âne avance pour essayer de la croquer ou lui donner des coups de bâton pour qu’il avance. Déplacez-vous en Algérie, remplacez les mains par des clans. L’un dispose de la carotte (le pétrole) et l’autre du bâton (l’armée). Partez du postulat que la population est une charge  à supporter pour l’un et un manque à gagner pour l’autre.

La décision ne peut résulter que d’un rapport de forces. Soit un rapport dominant/dominé, c’est la loi du plus fort ; soit un rapport équilibré, c’est la recherche d’un consensus.

Or les clans se sont entendus pour ne jamais s’entendre. L’un corrompt, l’autre réprime. Les deux se partagent les rôles. Ils se mâchent mais ne s’avalent pas. Evidemment, quand deux éléphants s’affrontent, c’est l’herbe qui souffre », entendre par là la population. Le résultat c’est l’immobilisme. « Qui n’avance pas recule ».

En France, c’est la nation à travers ses représentants qui décide (rapports de production). En Algérie ce sont les clans à travers des luttes que se partage la rente (rapports de distribution). Là, vous avez une nation qui produit dans le cadre d’une économie de marché. Ici vous avez des clans qui dépensent à la faveur d’une économie rentière.

Cette dépendance de l’économie aux hydrocarbures répond à une stratégie de conservation de pouvoir mûrement réfléchie et patiemment mise en œuvre dont le but de se perpétuer au pouvoir et de s’approprier les richesses du pays. Ici et là, l’Etat n’est qu’un instrument,  c’est l’usage qui fait la différence. « Il n’y a pas de mauvais outils, il n’y a que de mauvais ouvriers ». Le résultat de cette stratégie savamment orchestrée, a été de livrer l’économie algérienne « pieds et poings liés » au marché mondial.

Cette intégration suicidaire à l’économie mondiale sans analyse préalable et sans objectif clairement défini a poussé l’ensemble de l’économie nationale à l’importation et l’agriculture en particulier à être incapable de reproduire la force de travail de l’homme en Algérie. Cette dépendance de l’économie aux hydrocarbures répond à une stratégie de conservation de pouvoir mûrement réfléchie et patiemment mise en œuvre dont le but de se perpétuer au pouvoir afin de profiter des richesses du pays sans tenir compte ni des besoins essentiels de la population et ni de la survie des générations futures.

L’Algérie s’est engagée résolument dans un processus accéléré de déperdition des valeurs à l’issue duquel les besoins de base de la population (se nourrir, se soigner, se vêtir, s’instruire) ne seront plus satisfaits par des services encadrés par la loi mais livrés à des réseaux.

La spécificité de la société algérienne, c’est qu’elle ne permet pas aux forces de s’auto-transformer, de s’autoréguler, de s’accroître. Pour des jeunes frustrés et désespérés, humiliés et brimés par des parents narcissiques, déçus par la politique, écœurés par le sport, n’ont pour toute activité que la recherche d’un emploi qui leur procure une certaine dignité. Ils ont conscience que  le monde qui les entoure est une jungle, il y a des lions et des renards. 

En Europe et au Canada, « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », tu es un lion parmi les lions.  Chez toi en Algérie, « tu mangeras du pain à la souplesse de ton échine », tu es un renard parmi les renards. Le français produit son pain à partir de son propre blé, et l’algérien l’importe en pièces détachées. L’américain mange debout, Le Français mange assis, l’Algérien mange couché « Regda ou t’mangé ».

La France pense, l’Algérie dépense. La France a un cerveau à Paris, l’Algérie a un ventre au Sahara. Chez l’un, vous avez un Etat construit sur la participation ; chez l’autre vous avez un pouvoir fondé sur la soumission. L’un s’active, l’autre palabre. Parler de droits de l’homme et de démocratie dans une société où la dignité d’un peuple ne coûte que le prix d’une baguette de pain est une « fumisterie. Parler d’un Etat de droit dans un pays où la quasi-totalité des dépenses de l’Etat sont couvertes par la fiscalité pétrolière et gazière est un signe d’immaturité. 

On pourra discourir sur la démocratie et les droits de l’homme le jour où le citoyen « lambda » pourra payer de son propre argent « gagné à la sueur de son front » le policier, le soldat, le juge, l’enseignant, l’hôpital, l’école, les soins médicaux etc. Il n’y a pas de démocratie sans développement et non plus pas de développement durable sans une démocratie réelle. Les deux vont de pair. On marche avec ses deux pieds, un pied droit et un pied gauche sous l’impulsion d’un cerveau unique. Le jour ne se lève qu’après une longue de nuit de sommeil.

Le soleil de la démocratie ne brille pas d’un seul coup, il monte  progressivement. L’Etat de droit n’est pas du « prêt à importer » ou un « météorite » tombé du ciel. Mais dans la mesure où la production et la reproduction des bases matérielles de la société reposent de plus en plus sur l’économie mondiale, la maîtrise du pouvoir économique et donc politique échappe aux acteurs locaux. 

En effet, pour assurer la stabilité de la société et par là même la sienne, le pouvoir en Algérie doit sans cesse chercher des revenus extérieurs par : une augmentation de prix des hydrocarbures : une accélération de l’exploitation des gisements pétroliers et gaziers ; une cession d’actifs ; un transfert de tout ou partie du pouvoir c’est à dire une insertion plus profonde dans le marché mondial ; s’interroger sur la responsabilité des gouvernements dans l’aggravation de cette situation revient à poser le problème du choix des orientations économiques nationales. 

Trente ans, la même problématique, le même questionnement, les mêmes hommes, le même logiciel de surcroît infecté. Heureusement que les jeunes de moins de trente ans ont décidé de formater le logiciel des années 60 pour implanter leur propre logiciel, un logiciel fait maison. Un logiciel qui produit du « blé dur ». 

Sous le sable chaud du Sahara se cache une mer d’eau douce qui fait quatre fois la France et la haut dans le ciel un soleil resplendissant rayonnant qui ne se couche jamais sur une terre bénie de Dieu irriguée du sang des martyrs. Nous sommes un peuple pacifique victime de la guillotine des rois de France avec la bénédiction de l’église. 

Il n’a envahi aucun territoire ni agressé aucun peuple. Il s’est libéré de l’occupation française au prix du sang. Un monde sans sang est un monde sans humains et nous sommes des humains par un troupeau de moutons que le berger conduit à l’abattoir ou aux pâturages en fonction des vœux du propriétaire. Nous sommes un peuple pieux, nous ne nous occupons pas des querelles de famille. Nous n’écoutons pas aux portes et nous ne regardons pas par le trou de la serrure. Notre culture nous l’interdit, la vôtre l’exalte. Ce qui se passe dans la pièce ne regarde que le couple à moins de vouloir fantasmer ou participer. Un moine aurait dit « Si ma soutane était en bronze, vous entendrez sonner les cloches » !  

Dr A. Boumezrag

Notes :

  1. Les Français ne se considèrent pas comme des ânes peut-être pour signifier aux dirigeants algériens que même un âne peut progresser si on sait s’y prendre. Avec un beau pays et ses immenses richesses et une population jeune assoiffée de savoir qui ne rêve que de fuir le pays à bord d’embarcation de fortune polluant la méditerranée. Cela n’interpelle personne !
  2. On sait à quoi les français nous assimilent, à tout sauf à eux. Et pourtant, on a des yeux et des sous que pour eux. On ne jure que par eux. « Esprit français » quand tu nous tiens, nous sommes prêts à vendre notre âme au diable, pour peu que les tiens nous comptent parmi eux ! ». Ce que personnellement j’en doute fortement. Nous ne sommes pas de leur race, ni de leur religion ; nous sommes pour eux des « bougnouls » et des « sanguinaires ». Nous n’apprenons pas nos leçons d’histoire. Nous ne savons toujours pas « la date de la bataille de Marignan » (Lenny Escudero)  et nous ne cessons pas de chercher  après « nos ancêtres « les gaulois ». qui sont pourtant des amazighs. Pauvres de nous ! Les martyrs n’ont qu’à se retourner dans leurs tombes.  
  3. La France coloniale s’est rendu compte vers la fin des années 50 qu’elle ne pouvait pas venir à bout de la rébellion algérienne avec les méthodes classiques héritées des deux guerres mondiales. Elle s’est servi de la ruse des algériens pour les retourner les uns contre les autres. Pourquoi ne pas faire appel à  l’intelligence pour débattre en toute objectivité de nos problèmes et chercher des voies et des moyens d’en sortir en faisant appel à notre raison et non à nos émotions ou nos ressentiments. 
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