Jeudi 5 juillet 2018
Pas de coup d’Etat avant la finale S.V.P !
Ce samedi 7 juillet, l’équipe de Tunisie rencontre celle du Zimbabwe pour le compte des qualifications de la zone Afrique à la coupe du monde de rugby qui doit se dérouler, l’année prochaine, au Japon.
Comme à l’accoutumée, ce continent qui adore les guerres et les scandales s’est offert en spectacle. Les Zimbabwéens qui prétendent aller au Japon défendre les couleurs de l’Afrique dans un sport, le rugby, qu’ils découvrent à peine, débarquent à Béja, sans argent de poche, sans régie. Les hôtes tunisiens, pour leur part, habitués à brader les séjours « all inclusive » à 200 euros la semaine dans leurs « quatre étoiles » Taïwan, ont complètement manqué à leur devoir d’accueillants. Ils ont proposé aux Zimbabwéens un taudis auquel ces derniers ont préféré le trottoir ! Une équipe nationale africaine s’est retrouvée au vu et au su de l’ensemble de la planète, réduite, avec armes et bagages, à coucher dans la rue !
L’avenir de la terre se trouve en Afrique, nous serinent, à longueur de subtiles projections, les experts occidentaux. Il n’y a que les Africains qui ne croient pas à cette prédiction fondée, en fait, sur l’élévation du potentiel économique et des ressources inestimables du continent.
La corruption, le tribalisme, l’intégrisme religieux, des fléaux destructeurs gangrènent nos terres soixante ans après les indépendances.
On en arrive à consacrer le ridicule comme mode de vie. Comment est-il possible qu’on en arrive là ? Un pays, dont l’essentiel de l’économie repose sur un tourisme au rabais, oublie « l’hospitalité légendaire des maghrébins » à tel point de laisser coucher dehors une délégation d’une trentaine de personnes représentant 14 millions d’âmes !
David Cottart, l’ancien ministre des Sports de ce pays d’Afrique australe, qui se prépare à aller à ses premières élections supposées démocratiques le 30 de ce mois, n’a pas mâché ses mots : « Notre équipe nationale de rugby est traitée de la façon la plus épouvantable en Tunisie. Ils ont été contraints de dormir dans la rue car le logement qui leur a été offert était dégoutant. »
Ces coups de Trafalgar sont monnaie courante sur le continent, et nos équipes engagées, notamment, dans les championnats africains de football en ont eu à souffrir à maintes reprises. Ça a commencé, les vieux s’en souviennent, par la pichenette du gardien sénégalais de la « Jeanne d’Arc » qui a fracassé le crâne de Lalmas, en 1970. De graves incidents avaient eu lieu au « 20-Août » qui s’appelait alors « le stade El Annassers ». Le grand Chabab de Belcourt et son attaque mitrailleuse – Boudjenoune, Lalmas, Khalem, Selmi, Achour – bien que vainqueur 5 à 3 à l’aller, a déclaré forfait pour le retour à Dakar où il était acquis qu’il allait tomber dans un traquenard.
Beaucoup plus près dans l’espace et dans le temps, ce sont les supporters des Verts qui ont été piégés à Sfax, à l’occasion de la coupe d’Afrique des nations de 2004. Les fans de l’équipe qui n’ont pas eu un comportement irréprochable ont été piégés par les hooligans tunisiens ostensiblement épaulés par la police. Le bilan n’est à ce jour pas connu avec exactitude : deux morts, entre une dizaine et une vingtaine de blessés. Quelques disparitions et plusieurs arrestations. L’Afrique est un territoire encore sauvage. Beaucoup de zones d’ombre y sont encore à explorer. C’est tellement sauvage que Madjer jusque-là réputé être plutôt proche du pouvoir, vient de se découvrir une âme rebelle. Viré, après à peine huit mois d’exercice à la tête de l’EN, sans jamais avoir disputé et donc perdu un match officiel, il crie au complot. « Mon limogeage est un acte politique. Les gens qui m’insultaient et réclamaient ma tête lors des matchs amicaux joués à domicile, étaient payés 2000 DA pour le faire ! »
La messe est dite. Si Madjer lui-même, pouponné par celui dont il a soutenu le quatrième mandat, se rebiffe, c’est qu’il y a de l’eau dans le gaz.
Au moment même où Madjer s’exprimait, Bouteflika, le spectre d’El-Mouradia limogeait le général-major Menad Nouba, patron de la gendarmerie et quelques autres lampistes.
Pour noyer le poisson et qu’on ne spécule pas trop sur le sens de ces purges de juillet, l’Algérie, rompue à l’exercice, agite une nouvelle fois les attaques inoffensives du Maroc.
Sputnik France, le média russe, au lieu de se placer à l’avant-garde de l’information sur son mondial de foot, s’amuse à jeter de l’huile sur le feu, en exposant quotidiennement les derniers monstres de guerres achetés par l’Algérie à son pays. Il ne pouvait y avoir mieux pour flatter l’égo de notre redoublante équipe nationale que de lui rappeler que son armée est en passe de devenir l’une des plus puissante au monde…
Les Français, ces cousins qui nous boudent depuis que nous avons choisi d’être indépendants, ne sont pas en reste en matière d’orgueil mal embouché.
Comme à chaque veille de rencontre impliquant les Bleus, observateurs et supporters y vont de leurs prévisions chauvines. Ils ont déjà enterré l’Uruguay et se voient – pourquoi pas ? – vainqueurs du Brésil en demi-finale. La première fois que la France a rencontré l’Uruguay en coupe du monde c’était en 1966 en Angleterre. 2 à 1 pour la céleste. Les deux autres retrouvailles, en 2002 et 2010 se sont soldées par des nuls vierges. Il n’y a donc pas de quoi se la ramener avant que le match de demain ne soit joué.
La France est le premier pays au monde à avoir reconnu l’indépendance de l’Uruguay, acquise en 1825 et actée en 1928. Nombreux de grands joueurs de ce petit pays d’Amérique latine ont évolué dans l’hexagone. Le plus célèbre d’entre eux reste Enzo Francescoli qui a fait les beaux jours de Marseille et qui a légué son prénom au fils de Zidane, son inconditionnel admirateur.
Maintenant, qu’il ne reste plus que deux matchs à jouer aux nombreux migrants qui constituent l’équipe de France, avant la finale, la cour de Bouteflika serait bien inspirée de ne pas nous concocter un séisme.
Pas de coup d’Etat avant la finale, s’il vous plaît !