60 ans après, notre pays qui a si chèrement conquis son indépendance, est encore privé de libertés. 60 ans après, nos prisons renferment des centaines de détenus d’opinion dans des conditions carcérales inhumaines et indignes des sacrifices de nos chouhadas.
60 ans après, l’Algérie est toujours dans le déni du droit universel, celui qui respecte les droits humains et l’indépendance de la justice.
Est-ce acceptable de voir cette Algérie tourner le dos à des citoyens qui ont voulu libérer la parole, revendiquer justice sociale et démocratie et un devenir meilleur pour leurs enfants à travers un mouvement populaire pacifique ?
Ce 60e anniversaire ne peut être une fête tant que tous les détenus.es n’ont pas été libérés, que tout.e.s celles et ceux poursuivi.e.s par des procédures judiciaires et aux procès reportés indéfiniment, ne soient acquittés et que l’article 87 bis, à l’origine de bien des dérives, ne soit abrogé.
Les mesures prises ou promises d’une grâce des détenus.es, ont touché des milliers de détenus de droit commun mais très peu de détenus d’opinion.
La volonté d’un consensus national exprimé à travers « Lem cheml » s’avère restrictive et même discriminatoire. Peut-on parler de « Lem cheml » quand des citoyens sont injustement incarcérés pour leurs opinions et malmenés de façon insupportable par la justice ?
Peut-on fêter le 5 juillet quand des enfants de moudjahidine et de chouhadas sont en prison pour avoir espéré une vraie indépendance, celle qui permet l’émancipation de son peuple ?
Cette « Hogra » insupportable pousse les détenus.es à entamer des grèves de la faim successives mais sans écoute ni considération. Ils ont décidé d’user de cette ultime action encore une fois ce 6 juillet 2022 pour dénoncer cette incarcération injuste et si douloureuse pour leurs familles.
Lhadi Lassouli et une dizaine de détenus entre les prisons de Berrouaghia et d’El Harrach, rejoints par Mohand Tadjadit et ses compagnons de détention à Bouira, sont décidés à faire entendre leur cause. Leur vie est en danger.
Leur santé est fragilisée par leurs conditions de détention. Aucune couverture sanitaire ne leur est convenablement assurée. Les autorités comme l’administration pénitentiaire sont interpellées gravement. L’opinion publique nationale et internationale est prise à témoin sur la gravité de la situation de nos détenus.es.
La dignité humaine comme le droit d’opinion sont garantis par tous les textes y compris ceux ratifiés internationalement par l’Algérie.
On ne peut pas, on ne peut plus se taire devant cette injustice d’Etat. Le pouvoir doit tourner la page de la répression et rétablir le droit, celui qui permet de vivre libre dans son pays. C’est cette Algérie que nous voulons, celle pour laquelle se sont sacrifiés nos chouhada, celle dans laquelle notre jeunesse pourra réaliser ses espérances.
Algérien.nne.s de par le monde, le 18 juillet 2022
Liste des premiers collectifs signataires par ordre alphabétique :
- Collectif pour une Alternative Démocratique et Sociale en Algérie _ CADSA – (Marseillen France)
- Collectif Hirak de Barcelone (Espagne)
- Collectif Hirak de Genève (Suisse)
- Collectif Hirak de Londres (Grande-Bretagne)
- Collectif Hirak de Lyon (France)
- Collectif Hirak de Milan (Italie)
- Collectif Hirak de Strasbourg (France)
- Collectif Libérons l’Algérie ! (France)
- Collectif Stand for Algeria (Vienne, Autriche)
- Collectif Hirak West Germany (Allemagne)
- Comité Algérien Contre la Torture et les Conditions Carcérales Inhumaines – CACTCI (Algérie)
- Comité National de Libération des Détenus – CNLD (Algérie)
- Comité de Solidarité des Travailleurs – CST (Béjaïa, Algérie)
- Comité de Soutien au Hirak – CSH (Marseille, France)
- Front contre la répression – (Béjaïa, Algérie)
- L’ACDA Agir pour le Changement et la Démocratie en Algérie (France)
- Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme – LADDH (Algérie)
- Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme – LADDH (Section d’Oran, Algérie)
- Riposte Internationale (France)