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Peines de prison pour 18 anciens cadres de l’ex-FIS

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Le tribunal criminel de première instance de Dar El Beïda à Alger a rendu, cette semaine, son verdict à l’encontre de 18 anciens cadres du Front islamique du salut (FIS), dissous depuis 1992.

Après une détention préventive de près de 21 mois, ces derniers ont été condamnés à des peines allant de deux à quatre ans de prison ferme. Si l’accusation la plus grave a été abandonnée, le jugement confirme la vigilance persistante des autorités à l’égard de toute réactivation – même symbolique – d’une mouvance associée à l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire récente du pays.

Les peines prononcées se répartissent comme suit : six des prévenus, dont Ben Hadjar Sid Ali et Guerfa Badreddine, ont été condamnés à quatre ans de prison ferme ; onze autres à trois ans, et Belkacem Khencha à deux ans. Tous étaient poursuivis pour « atteinte à l’unité nationale », diffusion de publications susceptibles de troubler l’ordre public, et instrumentalisation de la mémoire de la « tragédie nationale » à des fins politiques.

Ces charges faisaient suite à la publication, le 30 septembre 2023, d’une déclaration appelant à la levée des restrictions sur l’activité politique et médiatique, à la libération des détenus d’opinion, ainsi qu’à l’ouverture d’un dialogue national inclusif. Ce texte, perçu par les autorités comme une remise en cause de l’ordre institutionnel, a servi de base à des poursuites.

Cependant, le tribunal a écarté l’accusation initiale de « création d’une organisation illégale », prévue par l’article 87 bis du Code pénal, qui constituait la charge la plus lourde. Cette décision laisse penser à une requalification des faits ou à un manque d’éléments suffisamment probants pour justifier une qualification criminelle.

Une détention préventive prolongée contestée 

La durée inhabituelle de la détention préventive a suscité de nombreuses critiques. Détenus pendant près de 21 mois sans jugement, la majorité des prévenus avaient entamé en novembre 2024 une grève de la faim pour dénoncer leur situation. Leur état de santé, fragilisé par l’âge et la maladie, a soulevé des préoccupations quant au respect des droits des détenus et des garanties procédurales prévues par la loi.

Cette phase d’instruction prolongée, combinée au contexte politique de l’affaire, a alimenté les débats sur l’usage de la détention préventive dans les affaires sensibles en Algérie.

Le poids d’un passé encore présent

Au-delà des éléments juridiques, cette affaire s’inscrit dans une dynamique de contrôle étroit du champ politique. Le FIS, dont les dirigeants avaient remporté les élections législatives de 1991 avant l’interruption du processus électoral, reste associé dans la mémoire collective à la terrible guerre civile des années 1990.

Dissous en 1992, le parti islamiste demeure interdit, et toute tentative de ses anciens cadres de s’exprimer publiquement ou de réintégrer l’espace politique est suivie avec une extrême prudence par les autorités.

Le verdict intervient donc dans un contexte marqué par la persistance d’une approche sécuritaire à l’égard des acteurs liés, de près ou de loin, à cette période. La prudence judiciaire, illustrée par l’abandon de l’accusation de constitution de groupe illégal, n’efface pas le message implicite adressé à toute tentative de mobilisation autour d’une mémoire alternative de la « Décennie Noire ».

Une mémoire verrouillée

L’affaire illustre également la manière dont les autorités continuent de gérer la mémoire du conflit qui a endeuillé l’Algérie durant ce qui qualifie de décennie noire . Si la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée en 2005, a officiellement tourné la page de cette période, elle limite fortement la possibilité de débattre publiquement de ses causes et de ses responsabilités. Toute prise de position jugée contraire au récit officiel est susceptible d’être poursuivie en justice, comme en témoigne cette affaire.

La condamnation des 18 anciens cadres du FIS, bien que marquée par l’abandon de l’accusation la plus grave, reflète la position constante des autorités face à un passé politique encore sensible. Elle traduit une tension persistante entre les exigences de sécurité, la maîtrise du discours public et les aspirations à une approche plus ouverte de l’histoire récente. Dans ce contexte, l’expression autour de cette mémoire demeure encadrée et sujette à des restrictions, voire même des sanctions.

Samia Naït Iqbal 

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6 Commentaires

  1. « Si l’accusation la plus grave a été abandonnée, le jugement confirme la vigilance persistante des autorités à l’égard de toute réactivation – même symbolique –  »

    Ce qu’on appele se foutre du monde !!! Ce ne sont pas les gens qui sont a sortir du politique mais la religion. L’igno0rance, incompetance sont incroyables. L’Islam n’est pas une religion c’est une politique. Il n’est pas possible de sortir ce cancer de la vie publique c.a.d. politique sans l’interdire(islam) ou se l’approprier ! Or, l’islam etant une approche imperiale et non une religion, il n’a de relevance que dans les situations IMPERIALISTES ! Et il n’y a d’imperialisme que lorsque l’autorite’ qui en est impose’e n’est pas legitime, c.a.d. n’emane pas de la population sur laquelle elle est impose’e !!! Le seul cas ou une pratique « religieuse » peut etre aussi politique est quand cette pratique(ici islam) est Organique et provient de la culture populaire et historique… ce qui est le cas en Arabie Saoudite, comme l’est le Budhisme au Tibet ou le Judaisme en Israel. Cet amalgame a ete’ foutu en dehors de la Republique en Italie par example. Pour normaliser la pratique religieuse, en Algerie par example, il est imperatif de reprendre tout l’immobilier investi pour et reguler a outrance, pour proteger la population civile. Mais, vu l’histoire de ce truc en Algerie, le bon sens dit qu’il faut l’Interdire, tout simplement. Sinon, c’est de la fraude et contrefacon pure et simple. Voila une raison supplementaire pourquoi qualifier le pouvoir Algerien de Dictature Mafieuse est legitime. Il s’auto-qualifie par ce qu’il fait.

  2. 2 à 4 ans de prison ferme pour des individus coupables de faire partie ou d’avoir faire partie d’une # entreprise terroriste islamistes # ! Versus ! Envoyer en prison des centaines de personnes à cause de leurs opinions et pour le plus célèbre, proposer une peine de 10 ans, il y a 2 poids 2 mesures !
    Cela veux dire à mon avis, que l’islamisme soft, est intégré dans la nouvelle Algérie !
    !

  3. Ces individus se sont vu épargner tout procès pour leurs potentiels crimes sur les populations civiles des années 90 et suivantes. Même ceux qui se vantent en plein jour d’avoir beaucoup de sang sur les mains se baladent librement, avec facilités et compensations à la clef.
    Non, ce n’est pas ce qui est reproché à ces personnes; c’est d’avoir tenté d’exercer un droit élémentaire: participer à la gestion des affaires du pays.
    Là non plus, on ne leur reproche pas l’islamisme – cette mêlée de religion à la politique, imposer l’islam aux populations -, mais de faire de la politique tout court. Évidemment, leur reprocher de mêler l’islam à la politique revient à interdire le FLN, Hamas, Ennahda, bengrina, RND, et semblables … remettre à zéro les fondamentaux imposés depuis 62. Ils ne vont tout de même pas scier l’unique branche idéologique sur laquelle repose le système

    • Le pire est qu’ils osent exprimer cet oxymore « religion d’etat »… quelle cervelle tordue a pondu ca??? Cet islam, si on peut appeler ca religion ailleur qu’en Arabie Saoudite est Blaspheme. Mais admettons, alors-la il y a cas de parler de religion a plusieurs etats, c.a.d. une mamlikia, soltania, emiria, jamahiria khortitia… C’est ca que de porter un amecon ou une toupie au milieu de la gueule de rat et ne pas etre a la hauteur du moindre niff.

      • C’est une question de draa3 à l’état brute depuis la fin de la guerre de 54.
        Le pouvoir n’a aucun problème idéologique avec le fis. Il a même coché toutes les cases du programme culturel et religieux du FIS. Ils ont l’impérialisme musulman en commun avec l’économie de bazar qui va avec. Le tout est que ce soit eux qui mettent l’apocalypse en œuvre; pas le fis en tant que groupe autonome. D’ailleurs les fisistes sont accueillis très bien à titre individuel. Pas besoin même que ces individus s’essuient leurs mains ensanglantées pour participer au festin. En tant qu’individus, pas de souci; aucun scrupule d’ordre idéologique, moral ou économique.

  4. Malheureusement avec ces gens là on revient toujours au 7° siècle leur siècle des « lumières » alors qu’il n’était et est toujours que ténèbres pour ceux qui l’ont subi. Ils ont voulu rééditer ça en 1992 en Algérie avec les massacres auxquels on a assisté impuissants et horrifiés. Mais les politicards avides de « koursi » qui ont abruti le peuple en redemandent toute honte bue avec leurs faces de rats d’égouts qu’ils osent encore montrer. Cachez-vous horribles personnages, honte de l’humanité, vous me faites vomir!!!

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