Un tribunal d’Istanbul a condamné ce lundi 25 avril à une peine à perpétuité, sans possibilité de remise de peine, l’homme d’affaires et mécène Osman Kavala, désigné comme ennemi public par le président Recep Tayyip Erdogan, et sept de ses coaccusés à 18 ans d’emprisonnement pour « tentative de renversement du gouvernement ». Ces derniers ont été incarcérés à l’issue de l’audience. Berlin a demandé lundi soir sa « libération immédiate ».
Osman Kavala vient déjà de passer près de quatre ans et demi en détention préventive. Acquitté dans un premier procès en février 2020, il était poursuivi pour son implication supposée dans les manifestations du parc Gezi, en 2013, et le coup d’État manqué de 2016.
Son emprisonnement est devenu un symbole de la chape de plomb qui s’est abattue sur la société civile turque depuis lors. Un tonnerre de sifflets a d’ailleurs retenti dans la salle d’audience bondée de la cour d’assises d’Istanbul à l’annonce du verdict.
Les accusés et leurs avocats l’avaient répété tout au long de l’audience : ce verdict devait être un test pour la justice turque et son degré d’indépendance à l’égard du pouvoir politique.
Osman Kavala, qui s’exprimait par vidéoconférence depuis sa prison, a dénoncé juste avant le verdict une instrumentalisation de la justice pour perpétrer « un attentat » contre lui. Il a rappelé que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) réclamait sa libération depuis décembre 2019, jugeant qu’il était détenu pour des motifs politiques.
Depuis son incarcération en novembre 2017, les avocats d’Osman Kavala dénoncent une succession d’enquêtes ouvertes sur des bases identiques, d’actes d’accusation vides de preuves, mais remplis d’incohérences et d’extrapolations, de tentatives de fusionner son procès avec d’autres et de discours à charge du pouvoir politique.
Tout cela dans le but de prolonger la détention de cet homme qui est donc devenu, malgré lui, un symbole pour l’opposition et une bête noire pour le pouvoir.
Au cours de cette dernière audience, les avocats de la défense ont d’ailleurs révélé que l’un des juges avait tenté, en 2018, d’être candidat aux législatives sur les listes de l’AKP, le parti du président Recep Tayyip Erdogan. RFI