Site icon Le Matin d'Algérie

Petrogel : pourquoi ce sont les salariés qui payent les pots cassés ?   

DECRYPTAGE

Petrogel : pourquoi ce sont les salariés qui payent les pots cassés ?   

Il faut rappeler, peut être d’emblée que l’Algérie depuis l’indépendance avec toute la volonté et les tentatives d’ouverture du champ économique au privé, elle n’a pas eu beaucoup de chance avec ce qu’on pourrait appeler « ses capitaines » qui devaient concrétiser son ambition pour intégrer les capitaux privés dans le développement de l’économie nationale.

En effet, depuis l’affaire Khalifa, celle de Tonic emballage en passant par Sim jusqu’aux dernières affaires en cours celle de Sovac, TMC Tahkout l’ETHB Haddad et les autres qui vont suivre, ont montré que  finalement ces « capitaines » sur lesquels les pouvoirs publics ont fortement misé n’ont aucun esprit industriel mais se limitent aux affaires. Certains diront mais où se situe la différence ?  Désormais, elle est de taille. L’industriel donne à ses projets une portée stratégique, dans ce cas ces gains évolueront en dents de scie doucement mais surement  et pour plusieurs générations. L’homme d’affaire par contre recherche le gain facile et s’appuie sur un « pay out time » le plus court possible pour amasser des capitaux qu’il fructifie par diversification dans tous les domaines. L’objectif est seulement de gagner plus. Il n’est pas loin du spéculateur. C’est la raison pour laquelle l’actif de ces hommes  d’affaires est passé  de  millions à plusieurs milliards  en un temps record. Même si sur le plan éthique et moral, cette évolution reste discutable, elle est économiquement humaine. Elle a trouvé une brèche dans le système, ils ont saisi l’opportunité de s’adonner à la petite corruption en soudoyant les fonctionnaires tout en mélangeant l’argent avec la politique pour passer à un stade supérieur de la forme de cette corruption laquelle, ces deux dernières décennies menaçait même l’économie formelle du pays, mais sur le plan management industriel : zéro.  Tahkout par exemple  a un défaut, il étale et  parle trop. La révélation de son projet avec l’Iranienne Saipa lui a attiré des ennuis et des envieux car comme l’a fait la compagnie Maruti avant lui, se lancer dans les petites voitures low cost, gêne le lobby français qui détient prés  de 70% des parts du marché en Algérie. Donc à ce niveau, l’homme n’a pas tord car il est dans le collimateur. La voiture est devenue un statut social en Algérie dont la couche moyenne a rejoint celle pauvre par conséquence la faible bourse aspire à une quatre roues en fonction de ses moyens. Reste la question que de nombreux experts se posent. Comment ils ont  réussi habillement à contourner les règles et les procédures ? S’il n’y avait pas une complicité à l’intérieur du système ? Peut être même touchent les intérêts des lobbies dont les tentacules sont dans le rouage de ce système lui même ?                                                                                                                 

1-Qu’en est il de Petrogel ?

C’est selon toute vraisemblance ce qui arrive depuis le début juin 2020 à cette petite société algérienne spécialisée dans le stockage, la distribution et la commercialisation des produits pétroliers, ainsi que les huiles industrielles dont le siège est à Batna.

En une décennie c’est-à-dire depuis sa création en 2010, elle possède déjà une unité de stockage de carburant d’une capacité de 6000 m3 qu’elle a réalisée par des moyens propres « grâce à une équipe 100% algérienne». Ce qui est encourageant pour l’Algérie, ses fondateurs sont des universitaires d’une moyenne d’âge qui ne dépasse pas 30 ans mais la réussite est immense et embrasse dans ce domaine : la distribution des carburant, le transport et la logistique, Engineering, les lubrifiants, la biotechnologie, le soute maritime, la formation et l’ecogel. Cette société est implantée au centre, au Sud et surtout à l’est du pays et emploie directement et indirectement selon ses responsables plus de 2000 agents. Le commun des mortels qui suit son évolution telle qu’elle est décrite,  dira mais finalement quel est son problème ? 

2- Le problème

Dans le cadre de ces activités de soutage des navires, pourtant fortement encadrées par une réglementation stricte sous l’égide de l’Agence de Régulation des hydrocarbures et à laquelle elle est autorisée à la pratiquer, Naftal, que cette jeune société l’appelle « son  concurrent »,  dispose de toute  la latitude d’agir pour le compte de l’Etat lorsqu’elle constate des infractions déloyales qui touchent aux intérêts des pouvoirs publics en général et le trésor en particulier. Pour bien situer la problématique, l’Etat subventionne les carburants pour le consommateur algérien ou étranger vivant à l’intérieur du pays mais en aucun cas au delà de sa frontière à fortiori lorsqu’il s’agit des armateurs étrangers.

Le 7 juin 2020, un « rapport de Naftal qualifié d’erroné » parvient à la police des frontières (PAF) d’Annaba « dénonçant » Petrogel d’utiliser le « Gasoil » destiné aux stations qui lui appartiennent  et celles que la société gèrent à usage de la consommation locale fortement subventionnée par l’Etat pour le  livrer par le biais des conciliateurs du port d’Annaba sous forme d’un « gas oïl marine »  aux armateurs étrangers qui n’ont pas le droit à cette subvention en embauchant la différence des prix «  peut-être » avec une complicité depuis le départ du produit de la raffinerie d’Arzew  notamment les rampes de dispatching.

Le courrier qui est adressé à Petrogel évoque « sur la base des informations». En termes simples, on reproche à cette société Petrogel de « falsifier les bons de livraison», ce qui est, si ses informations se confirment pourrait passer d’une infraction douanière à une affaire pénale grave qui nécessite une enquête sérieuse tout en respectant la présomption d’innocence jusqu’à preuve du contraire sauf s’il y a un flagrant délit. Est-ce le cas ? 

Toujours est-il une décision est prise d’abord par la PAF d’Annaba d’interrompre l’avitaillement et de Naftal de ne plus l’approvisionner et donc mettre ses stations de services  à l’arrêt avec toutes les conséquences sociales qui en découlent, pourtant les pouvoirs publics n’ont pas l’habitude d’abandonner les salariés des sociétés privées même au prix de leur designer des administrateurs  pour sauvegarder les emplois et épargner les salariés pour ne pas payer la présumée faute de leur dirigeants ?     

Auteur
Rabah Reghis

 




Quitter la version mobile