Une initiative en six chapitres pour la paix au Niger en six mois, voilà ce qu’a proposé ce mardi le chef de la diplomatie algérienne.
Devant la presse, Ahmed Attaf a développé cette « initiative » annoncée par Tebboune, qui ambitionne une « résolution pacifique » de la situation dans le pays. Quelles sont les grandes lignes de ce plan algérien ? Mais aucun mot sur le président élu, Mohamed Bazoum.
L’Algérie tient tout d’abord à rappeler l’illégitimité de tout changement en dehors du cadre constitutionnel. Selon Ahmed Attaf, Alger compte soumettre au prochain sommet de l’Union africaine des propositions pour la « consolidation de ce principe ».
Deuxième point : l’Algérie propose une période de six mois pour la « réalisation d’une solution politique garantissant le retour à l’ordre constitutionnel ». En clair, un processus de transition accompagné d’assises politiques inclusives. Elles seraient menées par une « autorité civile exercée par une figure consensuelle et acceptée par toutes les couches de la classe politique au Niger », et en lien avec les pays voisins et les partenaires internationaux.
Deux points clairement en faveur des putschistes puisque non seulement Ahmed Attaf n’a prononcé aucun mot sur le devenir de Mohamed Bazoum, président élu, mais en plus il fait gagner aux auteurs du coup de force 6 mois de répit pour se préparer à assoir leur pouvoir.
L’autre point dont les contours et les finalités restent un enfumage est l’organisation d’un colloque international sur le développement au Sahel, seule condition pour pérenniser la paix et la sécurité dans la région, selon le ministre algérien des Affaires étrangères. Que pense-t-elle de la violation des accords d’Alger par les putschistes maliens ? Aucun mot.
Comment l’Algérie plongée elle-même dans une crise multidimensionnelle avec 300 détenus d’opinion, une économie dans un coma profond, un président illégitime peut-elle raisonnablement organiser un colloque sur le développement ?
Bien entendu, Ahmed Attaf a réaffirmé que pour son pays, le recours à la force devait être écarté, au regard des « répercussions désastreuses » pour le Niger et ses voisins. Mais là encore, le président Bazoum est le grand oublié du plan de Tebboune.
Tout le long de son intervention, le ministre des Affaires étrangères n’a cessé de tresser des lauriers à Tebboune, comme s’il n’était qu’un factotum d’un chef, pas un ministre de plein exercice ! Affligeant pour un homme de cet âge !
Pour en revenir aux contours de ce plan, il faut rappeler par ailleurs que le ministre Attaf n’a pas rencontré les putschistes qui sont derrière la crise au Niger, donc les premiers concernés. Nous ne connaissons aucun contact officiel avec eux.
Il est par ailleurs pour le moins curieux que l’Algérie de Tebboune qui est en crise profonde avec le Maroc voisin puisse se présenter comme un médiateur sérieux dans la crise nigérienne. On ne peut demander aux autres ce que nous ne pouvons respecter nous -mêmes. N’est-ce pas M. Attaf ? Commencez par balayer d’abord en Algérie…
Yacine K.