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Pluie d’eau et de dollars : une bénédiction, une malédiction ?

Barrage à sec
Le stress hydrique est une réalité en Algérie

Que de barrages d’eaux envasés, que de réserves devises engrangées sans changement d’économie politique, que de potentialités mises en jachère, en rebut ou poussées vers l’exil, pour une population majoritairement jeune maladroitement formée en quête d’un emploi  productif dans un pays mal aimé qui marche sur sa tête et réfléchit avec ses pieds, un œil dirigé vers la Russie et l’autre rivé sur Washington, se retrouvant en fin de parcours à Paris à la recherche d’un second souffle.

Nostalgie d’un passé encore présent dans les esprits des deux côtés de la Méditerranée. Une société qui ne se pense pas est une société qui se meurt lentement mais sûrement. La vie d’une nation cesse dit-on quand les rêves se transforment en regrets. L’Algérie a arraché son indépendance par l’emploi de la ruse, elle a raté son développement par manque d’intelligence.

Avec une densité de cinq habitants au kilomètre carré au sud et deux cents habitants au kilomètre carré au nord, l’Algérie est un bateau qui chavire. La remise à flots suppose évidemment une répartition judicieuse de la population et une exploitation rationnelle de ses ressources humaines laissées en jachère par les politiques économiques suicidaires menées à la faveur d’une manne pétrolière et gazière providentielle en voie de tarissement dans un avenir très proche.

C’est ainsi que l’Algérie s’est installée depuis de nombreuses années dans une position inconfortable d’un pays déficitaire et gros importateur de denrées alimentaires dont l’éventail est très large et concerne pratiquement un nombre important de produits (sucre, huile végétale, lait, légumes secs et notamment les céréales, produit stratégique entrant dans la consommation courante et quotidienne de la quasi-totalité de la population quel que soit le modèle de consommation considéré (urbain ou rural). L’Algérie est le seul pays au monde à négliger ses paysans, ses artisans, ses travailleurs qualifiés, ses fonctionnaires honnêtes, ses penseurs, ses créateurs alors qu’aujourd’hui en Europe, aux Etats-Unis, le revenu des paysans est protégé et subventionné et la terre prend de la valeur.

La revalorisation de la terre serait un moyen de redonner à l’algérien le goût du travail et non l’envie de fuir le pays ou de mettre sa vie en péril dans des embarcations de fortune. « La terre est comme la femme, plus on la laboure, et plus elle donne du blé ». De toute façon, on ne peut se passer d’une ressource négligée par le passé de par sa discrétion, à savoir l’eau.

L’eau est un facteur décisif pour la solution des problèmes du citoyen d’une part et pour la construction d’une économie de survie d’autre part. Car, l’élévation de la production agricole et l’amélioration de la productivité nécessitent des besoins accrus en eau pour irriguer plus de sept millions de terres agricoles asséchées ou en voie d’assèchement et étancher la soif de 44 millions d’habitants.

De plus en plus, l’eau devient « un problème politique et social ». Aussi semble-t-elle être prête à céder les réserves de pétrole et de gaz se trouvant dans le sous-sol contre tout bonnement un peu d’eau et beaucoup d’oxygène car considère-t-elle, que si le pétrole et le gaz « polluent », l’eau et l’air « purifient », consciente de plus en plus que la terre algérienne n’a pas besoin du sang des guerriers mais de la sueur des hommes.

Pour ce faire, elle est à la recherche d’une nouvelle idéologie fondée sur le travail créateur de richesses et d’une pensée libératrice productrice de valeurs et de symboles pour la tirer de cette léthargie qui lui colle à la peau depuis plus de cinq décennies.

Que de temps perdu ? Que d’énergie gaspillée ? Que d’opportunités ratées ? Dans un pays où s’accumulent des fortunes et où l’homme dépérit, on ne peut que méditer cet adage populaire : « une richesse amassée est un tas de fumier puant et que par contre une richesse répandue est un engrais fertile ». Autrement dit, une fortune entre les mains des gens sans esprit sans scrupule et sans moralité est un danger public. La possession des biens ne signifie pas nécessairement jouissance de ces biens et encore moins en tirer profit pour le bien de tous et de chacun.

Face à cette situation contraignante où le taux de dépendance croit rapidement d’une manière alarmante (Le covid-19 n’y est pour rien) est-il possible de renverser la vapeur ? C’est-à-dire d’augmentation l’offre locale. Pour augmenter l’offre alimentaire on peut soit étendre la superficie cultivée soit améliorer les rendements. L’agriculture saharienne offre des perspectives rassurantes pour peu que la volonté politique soit manifeste.

Les pays développés soutiennent la production, les pays rentiers soutiennent les importations c’est-à-dire financent la dépendance du pays aux variations des prix vers la hausse sur les marchés internationaux rendant vulnérables leurs populations. L’Algérie est le seul pays au monde à négliger ses paysans, ses artisans, ses travailleurs qualifiés, ses fonctionnaires honnêtes, ses penseurs, ses créateurs alors qu’aujourd’hui en Europe, aux Etats-Unis, le revenu des paysans est protégé et subventionné et la terre prend de la valeur.

La revalorisation de la terre serait un moyen de redonner à l’Algérien le goût du travail et non l’envie de fuir le pays ou de mettre sa vie en péril dans des embarcations de fortune. La fin du pétrole va creuser la faim dans le monde. La famine sera le critère biologique déterminant de sélection des peuples à la survie. C’est dire toute la responsabilité du choix des hommes devant conduire le destin de la nation.

Une nation menacée par le stress hydrique, un monde par le réchauffement climatique, une Europe du sud en cours de sevrage du pétrole et du gaz russe, se tourne vers l’Algérie pour l’exploitation du gaz de schiste au risque de polluer la nappe albienne. La grande réserve d’eau douche dans le monde.

L’eau est un facteur décisif pour la solution des problèmes du citoyen d’une part et pour la construction d’une économie d’une économie de survie d’autre part.  Car l’élévation de la production agricole et l’amélioration de la productivité nécessite des besoins accrus en eau pour irriguer des terres agricoles asséchées ou en voie d’assèchement et étancher la soif de cinquante millions d’habitants dans un très proche avenir.

Des mesures énergiques doivent être prises par les pouvoirs publics pour atteindre ces objectifs. C’est dire que le secteur hydraulique et non le secteur automobile doit constituer la priorité de l’heure. C’est pourquoi, l’utilisation de l’eau doit être repensée de façon approfondie tant du point de vue quantitatif que qualitatif pour limiter les gaspillages en eau et en devises et promouvoir la réutilisation et le recyclage des eaux y compris par des procédés correctifs de traitement et d’épuration et envisager la possibilité d’utiliser des eaux traitées dont la qualité correspond aux utilisations auxquelles elles sont destinées.

Par ailleurs l’effet conjugué de la progression démographique, l’urbanisation massive de la population, l’industrialisation ratée, la monétarisation poussée de l’économie sans oublier une agriculture assoiffée et une paysannerie déboussolée fait que l’écart entre les besoins des populations en produits alimentaires et les ressources disponibles ne cesse de s’élargir. Le char de l’Etat navigue sur un volcan. Un volcan s’éteint, un autre s’éveille.

Là où passe le pétrole, l’herbe ne repousse plus, l’homme ne se relève plus, les sociétés périclitent. Les populations ne regardent plus le ciel, elles sont rivées sur le petit écran qu’il trimbale partout où ils vont même dans les endroits les plus intimes. Il n’est plus en noir et blanc (comme l’enfer et paradis) mais multi couleur (comme le diable, il porte plusieurs masques). Le pétrole et le gaz « polluent » ; l’eau et l’air « purifient ». La vraie sagesse nous vient des Indes : « Quand le dernier arbre aura été abattu, Quand la dernière rivière aura été empoisonnée. Quand le dernier poisson aura été péché. Alors, on saura que l’argent ne se mange pas « .

Dr A. Boumezrag

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