Mardi 6 février 2018
Plus de 3.000 femmes victimes de violences en 2017 à Alger
Les services de l’unité des urgences médico-légales de l’hôpital Mustapha Pacha (Alger) ont recensé en 2017, près de 3.182 victimes de violences et 682 jeunes auteurs de violences, a affirmé mardi le chef de l’unité, le Professeur Rachid Belhadj, chef de service de la médecine légale du même hôpital et président de l’Académie algérienne de développement des sciences de la médecine légale.
Cette unique unité au niveau national créée en 2014, à l’initiative de la Direction générale de la sûreté nationale, en vue d’humaniser les conditions d’accueil de cette catégorie de la société, prend en charge l’accueil et l’examen psychomédical des victimes et auteurs de violences.
« 3.182 victimes de violence ont été examinées au niveau de l’unité de l’hôpital Mustapha Pacha, a indiqué le professeur, soulignant que « 70% de ces personnes ont été victimes de coups et de blessures volontaires, tandis que 10% ont été victimes de violences sexuelles ». La majorité des victimes ont un niveau d’enseignement secondaire », a-t-il précisé.
Selon le même responsable, l’unité a examiné en 2017 deux cas de suicide d’adolescents (14 et 16 ans), adeptes de jeux électroniques dangereux, ainsi que deux cas de suicide suite à des violences sexuelles répétées commises au sein de la famille (incestes).
En novembre dernier, Fafa Sidi Lakhdar Benzerrouki, présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), déclarait que plus de 7500 femmes ont été victimes de violence en Algérie durant les neuf premiers mois de l’année. « Les services de Sûreté ont recensé pas moins de 7586 cas de violence à l’égard des femmes depuis le début de l’année jusqu’au mois de septembre de l’année en cours », a déclaré à la presse Mme Fafa en marge d’une journée d’étude sur la violence à l’égard de la femme en Afrique.
Drogues dures et jeunes délinquants
Le professeur Rachid Belhadj a tiré la sonnette d’alarme au sujet de la recrudescence du phénomène de la violence, en particulier en milieu juvénile, les qualifiant de « cancer qui gangrène la société », ajoutant que « les auteurs de violences recourent souvent à des armes tels que des épées qui parfois mènent au décès ou causent des infirmités définitives ».
Il a appelé à faire la distinction entre les « jeunes violents » et « les jeunes violents et dangereux » qui sont un danger pour eux-mêmes et pour toute la société, mettant l’accent sur la nécessité de la prise en charge psychologique et physique des victimes de violences qui peuvent devenir aussi des auteurs de violences.
Plusieurs facteurs mènent inéluctablement à la violence dont la consommation de la drogue.
Le chef de la brigade de lutte contre le trafic de stupéfiants et de substances psychotropes à la division est de la police judiciaire de la sureté d’Alger, le commissaire de police, Tarek Ghellab a affirmé que « la violence est directement liée à la consommation de la drogue en milieu juvénile, surtout que les jeunes consommateurs de drogue peuvent recourir à la violence, même au sein de leurs familles, en vue d’obtenir leur dose de drogue.
Il a mis en garde contre « le nombre croissant » de jeunes consommateurs de drogues dures, à l’instar de l’héroïne et de la cocaïne, principales causes de violentes disputes entre les jeunes. En 2017, 264 mineurs ont été impliqués dans des affaires liées à la drogue, a-t-il ajouté.
Le professeur Belhadj a dit que les enfants issus de familles décomposées suite au divorce, représentent un taux important parmi les auteurs de violence, outre les jeunes adeptes de jeux électroniques incitant à la violence verbale ou corporelle.
Parmi les indicateurs révélateurs qu’un jeune peut devenir violent à l’avenir: s’il porte un tatouage ou une arme blanche, ou s’automutile avec une cigarette ou un autre moyen, utilise un langage violent ou s’il est accro à la drogue ou aux jeux électroniques.