Samedi 27 avril 2019
Pour l’acte X, les arrestations opérées sont un non-événement
Si par les arrestations de la semaine dernière, le but recherché est d’apaiser le climat pour tempérer l’ardeur du mouvement national, c’est raté !
En ressortant le dossier de Rebrab, certains voient une tentative de division du front uni pour un seul et unique objectif « se débarrasser du système » c’est aussi loupé; L’acte X s’est montré d’abord uni, plus pacifique, déterminé, inébranlable ensuite intrépide sur la question de la conduite de la transition par les mêmes apparatchiks du système dont le chef d’Etat par intérim et le gouvernement qui l’accompagne.
Il a été constaté aussi à travers l’ensemble des wilayas du pays que malgré la tergiversation du chef de l’état-major, vice-ministre de la défense sur la question de la consultation de Bensalah pour créer une commission électorale pour l’échéance qu’il compte organiser le 04 juillet prochain, le mouvement de dissidence populaire continue, quant à lui, pour le moment à favoriser l’institution militaire pour exercer sa souveraineté conformément aux articles 7, 8 de la constitution.
A 67 jours de cette échéance, le fichier électoral n’a pas été révisé et la désobéissance civile des collectivités locales se multiplie de jour en jour pour marquer leur refus de s’en occuper par soutien au peuple dont la souveraineté lui revient de droit. Quand bien même, l’équipe en place arriverait à surmonter cette difficulté, elle serait confrontée à un problème plus grave, celui de voir le corps électoral bouder les urnes, auquel cas l’image du pays à l’international sera complètement ternie.
La responsabilité de l’armée sera directement engagée dans un tel scénario dont l’issue est incontestablement inextricable. Ce qui est nouveau cette semaine et les arrestations l’ont fait surgir, c’est cette instrumentation de la justice qui traite les dossiers des « corrupteurs » et donne l’impression de faire marcher le peuple sur le sort des « corrompus ». Un appel insistant est apparu dans plusieurs pancartes pour juger le chef de file des forces anticonstitutionnelles qui ont géré le pays pendant ce dernier quinquennat durant lequel, le pillage des richesses nationales a été accéléré. Ce nom apparait clairement : « Djibou Said » au lieu de berner le peuple avec cette promesse irréalisable de récupérer les richesses transférées par les hommes d’affaire outre-mer alors qu’elles ont été recyclées dans le circuit financier international parfois même sous d’autres noms. Pourquoi ?
1- Les nouveaux riches ne sont ni des oligarques et encore moins des industriels
Certains diront mais où se situe la différence, quand bien même Rebrab sort du lot de part sa capacité potentielle de créativité, remarquée d’ailleurs à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Désormais, cette différence est de taille. L’oligarque jouit d’une culture de gouvernance, certes privilégiée, mais tournée vers son pays et surtout sans étaler ses richesses. Quant à l’industriel, il donne à ses projets une portée stratégique, investit, prend des risques et dans ce cas ses gains évoluent en dents de scie doucement mais sûrement et pour plusieurs générations.
Quant à l’homme d’affaire, ce qui est assurément le cas des nouveaux riches algériens, il recherche le gain facile et s’appuie sur un « pay out time » le plus court possible pour amasser des capitaux qu’il fructifie par diversification dans tous les domaines. L’objectif est seulement de gagner plus. Ils ne sont pas loin des spéculateurs. C’est la raison pour laquelle l’actif de ces hommes d’affaire est passé à une vitesse exponentielle. Même si sur le plan éthique et moral, cette évolution reste discutable.
2- Il y a eu trop de milliardaires en si peu de temps en Algérie
Selon une étude toute récente d’ailleurs de New World Wealth (NWW), une ONG qui donne des informations sur les richesses dans les pays africains, quatre pays du Maghreb figuraient en 2018 dans le top 10 des pays qui comptent le plus de millionnaires en dollars sur le continent africain. La Tunisie viendrait en tête avec 6500 millionnaires, suivie de la Libye (6400), le Maroc (4900) et l’Algérie (4100).
Les toutes premières places du top africain reviendraient à l’Afrique du Sud avec 48 800 millionnaires, suivie de l’Egypte (23 000), le Nigeria (15 900) et le Kenya (8400). L’étude New World Wealth définit le millionnaire comme étant un individu ayant des actifs nets de plus d’un million de dollars.
Dans ce cadre justement l’Algérie fin 2018, compte plus 40 milliardaires. Il est clair que ces informations s’appuient sur les données compilées au moyen d’enquêtes diligentées à cet effet et les chiffres fournis par des institutions transnationales comme la Banque mondiale et l’OMC etc. Si en Tunisie, au Maroc, ou en Egypte pour ne citer que ceux-là, ce nombre de millionnaires se justifie par plusieurs décennies de libéralisme, d’autres par l’extraversion de leur économie depuis plus d’un demi-siècle, en Algérie la poussée de l’informel fausse et biaise ces résultats.
En effet, si comme le prévoit l’étude New World Wealth le millionnaire est un individu ayant des actifs nets de plus d’un million de dollars, Les Algériens savent pertinemment que les barons de l’import-export et du marché informel qui disposent d’énormes sommes en liquide (s’hab echkara) et d’actifs non déclarés sont nombreux et politiquement très influents. Aucune étude ne leur est consacrée, seuls les services de renseignement algériens et, dans une moindre mesure, le fisc, ont une idée assez précise de l’immensité de leurs richesses et, bien entendu, de leur capacité de nuisance.
Ces donnés échappent donc complètement à ces organismes et viendraient gonfler le nombre de milliardaires et millionnaires en Algérie et qui sont amassés dans le processus de spéculation dans des importations sans exportation. Toutes ces raisons et bien d’autres n’ont pas favorisé des actions efficaces des programmes gouvernementaux malgré un bon diagnostic.
R.R.