Lundi 25 mai 2020
Pour qui ? Par qui ? Pour quoi ?
Le régime algérien ne retient aucune leçon du passé, estime le Parti pour la laïcité et la démocratie, il prépare une énième révision de la Constitution en catimini. Dans quel but ?
A un moment où le confinement est une épée de Damoclès sur la tête du citoyen et paralyse complètement l’activité politique, le pouvoir ne trouve rien de mieux qu’à se lancer sur le projet d’une nouvelle constitution, au lieu de mobiliser le pays dans la bataille sanitaire !!??
Mais ce qui est pour le moins scandaleux est que l’avant-projet de cette nouvelle constitution n’a pas été porté à la connaissance du peuple. Il n’a même pas été publié dans la presse nationale pour aider à la faire connaitre aux citoyens. Jusqu’à présent, il semblerait que seuls les partis politiques aient été destinataires du texte. Mais pourquoi de tels choix politiques ? Pourquoi une telle précipitation ? Pourquoi un tel mépris et une telle arrogance à l’endroit du peuple ?
Une année de manifestations pacifiques n’aura pas suffi à convaincre le pouvoir de la maturité et de la détermination du peuple algérien ! Pourtant, jamais mobilisation nationale n’aura été aussi massive et aussi responsable.
Un texte aussi essentiel que la constitution ne peut pas ne pas appeler au débat le plus large mais ce qui ressort de cette situation ubuesque est que le système n’a tiré aucune leçon politique d’une année où tout un peuple s’était levé pour focaliser son combat sur l’impérieuse nécessité des ruptures politiques et l’exigence de l’Etat de droit.
Au risque de mener le pays vers le chaos, le système veut faire fi du mouvement du 22 février pour satisfaire à marche forcée sa feuille de route. Hier, il s’était offert un « président », aujourd’hui, il escompte une « nouvelle constitution ». Le système est dans ses vieilles lubies : ravaler sa façade pour briller de l’extérieur et continuer à berner.
En empilant contradictions et ambiguïtés, cette « nouvelle constitution » est dans la filiation des précédentes. Elle reconduit à l’identique l’article 2 : «l’islam, religion de l’état ». Elle louvoie sur le principe d’égalité des hommes et des femmes, tresse des louanges à la trahison de la « Réconciliation nationale » et attribue des pouvoirs « illimités » au président comme si le pays ne venait pas de vivre son plus sombre épisode de culte de la personnalité et de blocage politique.
Les articles dédiés dans cette constitution aux libertés ne sont en réalité que de la poudre aux yeux. En effet, le pouvoir ne s’embarrasse nullement d’embastiller avec un cynisme et une brutalité sans précédent les citoyens qui osent remettre en question la politique du pouvoir. En semant la terreur dans le pays et en ciblant la répression sur les activistes des réseaux sociaux, le pouvoir croit pouvoir éteindre à jamais la flamme du mouvement citoyen. Il se trompe. Un mouvement qui est né sur le terrain des luttes dans une synergie extraordinaire avec le peuple et fusionné avec lui de façon aussi remarquable, pourra à tout instant ranimer l’étincelle des luttes.
Il est grand temps que ce pouvoir entende les revendications légitimes du mouvement citoyen, libère les prisonniers politiques et mette un terme au climat de répression pour qu’enfin le pays renoue avec la paix civile.
Plus que jamais la question nodale demeure celle du choix du projet de société : Etat moderne ou Etat archaïque. Encore une fois, la vie politique aura démontré, que ceux qui ont fait et font encore de la religion un fonds de commerce pour prendre le pouvoir ou s’y éterniser sont les ennemis du peuple. C’est pourquoi, la double rupture, comme le préconisait il y a déjà plus de vingt-cinq ans le regretté Hachemi Cherif, doit être mise en œuvre pour disqualifier définitivement et le système et l’islamisme politique.
Le mot d’ordre « Système dégage » qui a été entonné par des millions d’Algériennes et d’Algériens est plus que jamais pertinent. Il indique le cap du combat. Pour l’atteindre une transition républicaine s’impose pour mettre en place les conditions concrètes du passage vers la République laïque et ce, en rupture avec une classe politique, suppôt du système et de l’islamisme politique, la boussole politique étant en permanence l’instauration de l’Etat de droit avec ses attributs essentiels, dont le principe universel de laïcité. Il est grand temps d’agir car des forces centrifuges travaillent en profondeur le pays et risquent de le conduire à l’éclatement !
Alger le 25 mai 2020,
Le Bureau National du PLD.