Dimanche 30 août 2020
Pour Tayyip Erdogan, les dirigeants français sont «cupides et incompétents»
Le président turc Tayyip Erdogan s’en est aussi pris aux dirigeants grecs, alors que les tensions sont toujours aussi vives entre Ankara et Athènes.
Recep Tayyip Erdogan ne tente pas de calmer le jeu avec la Grèce et la France, au contraire. Le président turc s’en est pris aux dirigeants des deux pays, entre Ankara, Athènes et Paris en Méditerranée orientale. «Le peuple grec accepte-t-il ce qui risque de lui arriver à cause de ses dirigeants cupides et incompétents ? » a lancé Recep Tayyip Erdogan lors d’une cérémonie de remises de diplômes à des officiers à Ankara. «Le peuple français sait-il le prix qu’il devra payer à cause de ses dirigeants cupides et incompétents ? » a-t-il ajouté.
Ces déclarations virulentes interviennent alors que la Turquie célèbre dimanche le Jour de la victoire, une fête nationale marquant la mise en déroute des forces grecques par l’armée de Mustafa Kemal Atatürk, en 1922, lors de la guerre d’indépendance turque. Un siècle plus tard, Ankara et Athènes, qui se disputent le partage des immenses ressources gazières en Méditerranée, font rouler les tambours de guerre, multipliant les manœuvres navales sous les yeux d’une Europe préoccupée.
Escalade des tensions
Ces propos du président turc reflètent la volatilité de la situation en Méditerranée après trois semaines d’une escalade déclenchée le 10 août par le déploiement d’un navire de recherche sismique turc dans des eaux revendiquées par Athènes. Dans un signe de soutien à la Grèce, la France a renforcé la semaine dernière sa présence militaire en Méditerranée orientale. Paris a en outre dénoncé dimanche le « comportement escalatoire » d’Ankara. « Lorsqu’il s’agit de combattre, nous n’hésitons pas à donner des martyrs (…) La question est la suivante : ceux qui s’érigent contre nous en Méditerranée et (au Proche-Orient) sont-ils prêts aux mêmes sacrifices ? » a déclaré le président turc.
« À nos ennemis, nous disons : Chiche ! » a-t-il poursuivi. Ankara, qui se montre inflexible face aux menaces de sanctions européennes, a par ailleurs annoncé samedi de nouvelles manœuvres militaires au nord de l’île de Chypre. Et le vice-président turc Fuat Oktay a mis en garde le même jour contre toute extension des eaux territoriales grecques à 12 milles marins, contre six actuellement. Ce serait un « casus belli », a-t-il déclaré.