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Pour Tebboune, ni Canossa ni Rubicon

Tebboune

Tebboune s'écoute parler.

Tebboune l’a proclamé : il n’ira pas à Canossa. Ainsi soit-il. Il l’a dit en soupirant, en hochant la tête de haut en bas et en écarquillant les yeux pour marquer l’irrévocabilité de sa décision. Comme un enfant qui se rebelle, qui dit non trop c’est trop, qui refuse.  Du reste personne ne tient  à  aller à Canossa. C’est plutôt Macron qui devrait venir se prosterner sur les victimes de « Oued Ennamoussa ».

Tebboune  s’est exprimé et bien exprimé au nom de tous les algériens à l’aide d’une  langue qu’ils ont gagné, se sont appropriés en payant le prix fort, celui du sang. C’est un de leurs précieux butins de guerre comme l’a si bien résumé feu Tahar Djaout. Mais là, évidemment nul mérite pour Tebboune. Lui qui s’emploie avec le courant islamo-arabiste de réduire lusage du français en Algérie au profit de l’anglais.

Le français donc, une langue qui peut être comprise d’Alger à Tamanrasset, Oran, Annaba, Constantine ou dans n’importe coin perdue d’Algérie. Une langue utilisée pour apprendre, commercer, communiquer ou se cultiver. Une langue qu’ils se sont appropriée et qui les caractérise. 

La langue d’écriture de Mouloud Feraoun, Mammeri, Dib, Djebbar, Mimouni, Kateb, Adimi et bien d’autres…. Yasmina Khadra, auteur algérien emblématique est traduit dans 53 langues et 58 pays.

Dans son discours d’inauguration du sommet de la francophonie de Paris Emmanuel Macron cite Kamel Daoud, un autre auteur algérien de renom dont le dernier roman Houris est nominé pour le prix Goncourt des lycéens 2024.

Un ancien diplomate algérien en poste dans un pays du  Moyen-Orient rapportait lors d’une discussion qu’un confrère du pays hôte lui avait fait cette confidence : nous ne jalousons  les Algériens ni leur révolution bien qu’elle soit grandiose, ni plus pour la beauté de leur pays mais pour leur maitrise de la langue française et leur connaissance de la culture française !

Pourtant, l’Algérie était absente au sommet de la francophonie. Les personnes qui ont l’idée lumineuse de souffler dans l’oreille du Président Tebboune l’expression « je n’irai pas à Canossa »  auraient dû,  de la même manière, lui conseiller de veiller à ce que l’Algérie soit présente au sommet de la francophonie de Paris en octobre 2024. L’Algérie y aurait gagné et lui en tant que chef de l’Etat doublement.

Préserver cet atout, ce patrimoine pour les générations futures : la connaissance d’une langue et d’une culture européenne, occidentale devrait constituer une de ses préoccupations majeures.

L’Algérie, le premier pays francophone d’Afrique du Nord et le troisième au monde, à 750 km à vol d’oiseau de Marseille est absente à ce rendez-vous si important. Est-ce concevable ? Tolérable ?  Et tout ceci dans l’indifférence générale, sans que pas grand monde n’ait sourcillé même les intellectuels les plus écoutés.

La langue française est un actif, une richesse pour les générations montantes au même titre que ses richesses naturelles ; il faut la protéger et la sauvegarder. Il y va de la responsabilité des personnes  en charge de l’avenir de ce pays. L’Algérie et les pays maghrébins en général devraient être des acteurs  de premiers plans à l’OIF (l‘Organisation Internationale de la francophonie). Ils auraient intérêt à être présents en force au prochain sommet.

Quels que soient  les calculs des décideurs, politiques ou électoraux, ils auront fait long feu. Le taux de participation fut faible, la régularité du déroulement du scrutin et la popularité annoncée de Tebboune furent sérieusement remis en cause de l’intérieur même du système.

De qui aurait–on peur pour rendre à cette langue sa place ? Quelles sont ces lobbies extrêmement puissants qui sont à l’origine de cette sourde guerre ? Sont-ils si puissants dans la réalité ?

En fait  de chaque côté de la méditerranée les extrémistes de tout bord font leur sale boulot, mènent leur sale guerre semant la haine sans distinction ni discernement et font autant de dégât qu’une bombe à neutrons.

Ils demeurent dans leur logique, nostalgiques d’un temps révolu ou d’un futur irréalisable.

C’est le temps du cessez-le-feu, celui conclu en 1962 n’a pas l’air d’avoir été entendu par cette engeance.

Une bonne partie des citoyens algériens, eux l’ont réalisé. Ils voyagent  en France, regardent  la télé française, s’achètent  des voitures françaises mangent du fromage, des yaourts  français et suivent la politique française. Ils  rient de Marine Le Pen, vomissent Zemmour, soutiennent  Jean-Luc Mélenchon et aimaient Jacques Chirac.

Les tenants du pouvoir de chaque côté de la Méditerranée ont utilisé cette haine afin d’atteindre leurs objectifs du moment. Mais c’était le passé. C’est en France que les jeunes harragas se sauvent ou que les étudiants se dirigent.

Il ne s’agit pas là de faire de l’ombre à la langue arabe  qui est la langue la plus parlé et officielle ou de promouvoir les intérêts français mais de rappeler que le temps de l’entente et du respect a sonné.  Que le temps de séparer le grain de l’ivraie est venu.

Il est vitale que des hommes courageux franchissent le Rubicon et décrètent que tout ce qui est francophone n’est pas nécessairement traitre ou renégat. Qu’ils cessent d’avoir peur d’un fantôme ! Qu’ils reconnaissent le rôle joué par  cette langue dans les domaines économique,  scientifique et culturel, sa contribution future  au développement.

Les principaux leaders de la glorieuse révolution n’étaient-ils pas francophones ?  

Qu’ils osent prendre la décision courageuse, irréversible, stratégique, géostratégique, politique et géopolitique : amarrer l’Algérie à son espace naturel, la Méditerranée.

Mais Monsieur Tebboune a choisi de ne pas aller à Canossa et de pas franchir le Rubicon non plus. Il n’ira nylle part ! Comment est-ce possible lui qui est absent de tous les sommets de chefs d’Etat ? Impopulaire, sans vision diplomatique, Tebboune est une grave erreur de casting de la part des véritables décideurs.

Recalé par le BRICS où compte-t-il se rendre exactement donc ?

Samia Naït Iqbal

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