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Pour une approche constructiviste de la démocratie

Contribution

Pour une approche constructiviste de la démocratie

Les appels à la démocratisation de la gestion des affaires publiques n’émanent étrangement pas que des partis. Le pouvoir aspirerait-il à une démocratie douce ? Celui-ci prétend promouvoir dialogue et réconciliation. Pour nous, citoyens, la démocratie ne se réduit pas à l’instant électoral. Nous croyons que c’est à l’exercice quotidien que pourrait se former la société à la démocratie.

Associer la société à la gestion des affaires publiques pourrait freiner les hégémonismes idéologiques et renforcer les pouvoirs de la pratique démocratique.

La vie au quotidien nous apprend à être prudents, à nous méfier des excès et à nous mettre au centre de la perspective historique et au cœur des débats publics (populaires). Justement, ce sont ces débats qui donneront à nos concitoyens la possibilité de se réconcilier avec leur Histoire marquée par une grande culture humaniste et une longue tradition démocratique.

Les chamailleurs de la politique se donnent en spectacle vivifiant et banal : les postes officiels sont traversés par les mêmes réflexes que ceux contre lesquels se bat toute société, plutôt tout groupe humain.

Les partis n’ont pas résisté à l’hégémonie de l’idéologie officielle (peu pensée), en devenant fabriques à déclarations et studios de casting de candidats. Le politique est ailleurs : la société ne s’est pas dépolitisée (le sens de l’Histoire est perceptible dans tous les actes d’appréhension de la vie) ; ce sont les partis et le pouvoir qui ont dénaturé le fait politique. Les politiques se déchargent de toute contrainte conceptuelle, seule à même de jeter les jalons d’une normalité réformable.

Le communalisme peut être une opportunité pour réconcilier les masses populaires avec la posture de débat, passage obligatoire pour l’accès à la tâche d’humanisation de soi. Il s’agit de créer des espaces de micro-résistances pour renverser le système de pensée ambiant. Sortir d’un système de pensée, c’est certes échapper à la contrainte impérative, mais c’est aussi l’engagement dans une dialectique motrice. Ces micro-résistances formeront le noyau dur de l’idéologie algérienne : la commune est l’espace où les pouvoirs de décision se retrouvent face aux oppositions et aux blocages populaires.

Et elle est le lieu où l’exercice à la démocratie rompt avec les utopies et les passions débordantes du personnel officiel. Associer le mouvement social dans l’adoption du budget communal et le budget de wilaya pourrait être l’amorce d’un processus démocratique. Une démocratie qui peine à s’imposer malgré sa nécessité. Impliquer le citoyen dans la prise de décision locale est un premier pas vers la consécration de la démocratie. Libérer la parole publique de l’emprise policière ne ferait que renforcer l’esprit patriotique, que d’aucuns veulent réduire au folklore et aux carnavals.

Le débat ne veut pas dire la complaisance avec les responsables. Il ne veut pas non plus dire l’invective, l’insulte et la surenchère. Nous croyons que la démocratie se construit dans la vie quotidienne, dans les cercles officiels et dans les territoires de contact des dominés et des dominants. Que chaque responsable esquisse un espace où la défense d’une idée ou d’une thèse cessera d’être perçue comme des attaques. Si conflit il y a, c’est parce que l’intérêt du citoyen intéresse tous. La critique est la colonne vertébrale de la démocratie, l’autocritique en est la parente. C’est au personnel politique de mener la tâche pédagogique relative à l’instauration de la posture dialogale par laquelle le terrain sera balisé.

Que chaque citoyen (nous compris) fasse une lecture de son espace de vie (village, quartier, chantier, bureaux, salles de cours, hôpital, etc.). Cela permettrait de concevoir le politique autrement que comme le font les professionnels de la politique. Chaque droit arraché est une victoire à saluer, chaque droit à arracher est un défi à relever.

Il serait impératif de soumettre les instances exécutives au contrôle populaire. Créer des délégations techniques ne pourrait qu’équilibrer les rapports dominés/dominants. Les conseils communaux ne sont, pour diverses raisons, pas dans une perspective historique. Bien qu’ils soient issus du suffrage universel, les conseillers communaux ne font que gérer selon ce que dictent les instances exécutives et subir la stigmatisation du bas peuple.

La conception d’un projet communal passerait par l’implication de tous les citoyens dans l’imagination d’un cadre de vie où le bien-être ne sera pas l’exclusivité de certains. La prise en mains du destin commun peut transcender les clivages idéologiques et reconfigurer l’espace politique devenu l’otage des conservateurs et des officialistes.

Auteur
Bella Elhadi et Madi Abane

 




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