Dimanche 17 mars 2019
Pourquoi Bouteflika n’a plus beaucoup de choix
Il faut reconnaître que ce qu’on appelait au départ le « petit grand homme » en référence à sa taille de 1,59 mètre avait avant son AVC de 2013 une main ferme sur la destinée de l’Algérie, un pays vaste mais pas du tout facile à gérer. Il avait fait lui-même le vide autour de lui.
Il a centralisé les pouvoirs en déstructurant l’armée pour en faire de simples exécutants et surtout s’est appuyé sur des oligarques et des apparatchiks du système qui n’ont d’abord rien vu venir et qui semblent l’abandonner pour préserver leurs intérêts par un recyclage de l’autre côté de la rampe. C’est inédit , mais lui-même brassant une carrière politique de plus d’un demi siècle, se dit étonné que la société de son ensemble voudrait s’imposer comme le principal acteur incontournable pour récupérer le « pouvoir » confisqué par une minorité au nom de légitimité révolutionnaire depuis l’indépendance de l’Algérie.
Ces manifestation grandioses et répétitives visent d’abord l’humiliation de leur imposer une personne malade et, partant se débarrasser définitivement des différentes composantes de ce qu’on appelait communément du système pour réédifier un Etat national fondé sur des valeur réellement démocratique en recouvrant la liberté citoyenne. Ce passage, lit-on dans le communiqué des intellectuels, universitaires, journalistes et hommes de culture qui se sont réunis la veille des rassemblements du vendredi 15 mars dans plus de 24 villes du pays dont la capitale elle même « dont le temps est irréversiblement venu, nécessite une prise en charge réelle et immédiate des aspirations au changement des Algériennes et des Algériens et leur inscription dans une démarche de transformation constitutionnalisable, concertée et consensuelle, mais qui reste réaliste et pragmatique ».
Le mouvement actuel, refuse les intermédiaires politiques qui ont contribué à un moment ou un autre à la construction de ce système et perdent ainsi leur crédibilité. Mais il existe de nombreux acteurs de la société civils qui à la tête des organisations sociétales dans les différents domaines économiques et sociales comme la santé, l’énergie, le bâtiment, la justice, l’industrie etc. qui peuvent émerger. Contrairement à d’autres pays africains ou même arabes dont le vent du printemps commence à les toucher, dans un pays comme l’Algérie, on ne peut pas se permettre au stade actuel de ne compter que sur du vieux pour changer avec une population à 70% jeune. Il faudrait donc un dosage approprié de ce potentiel d’énergie de la jeunesse avec leurs aînés qui ont une expérience avérée de la gestion d’un Etat sans être mêlés d’une manière directe ou indirecte à la corruption ou aux aspects suspicieux de ce régime dont on «veut » en finir avec.
Les pôles du pouvoir ne sont plus solides, la défection se constate de jour en jour aussi bien au niveau national et qu’international. L’organisation historique des Moudjahidines dont Bouteflika est lui-même membre, le Malg, l’ancien service du renseignement du FLN, une partie de l’ensemble des corps constitués les Etats unis etc. l’ont abandonné ou du moins ne le soutiennent plus en se rangeant du côté des protestataires. Il ne lui reste qu’une seule voie honorable: celle d’annuler les derniers décrets qu’il vient de signer et de se retirer de la vie politique. C’est à la constitution de faire le reste avant d’être elle-même remodelée.