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Pourquoi Bouteflika renoncera à se présenter   

DEBAT

Pourquoi Bouteflika renoncera à se présenter   

Pour la première fois pour un simple contrôle, Bouteflika s’attarde voilà près d’une semaine au 8e étage de l’hôpital universitaire de Genève au même titre que son conseiller Saïd qui serait lui aussi en soins pour une maladie grave.

Leur frère les a rejoint pour une visite et en même temps un compte rendu de la situation en Algérie et éventuellement une décision à prendre. Ici en Algérie, les autres pôles au pouvoir sont mis face à la grogne populaire dans un imbroglio qui les met en difficulté pour en sortir. L’armée par le biais du vice-ministre de la défense gronde, menace mais reste convaincue qu’elle n’a aucun moyen de justifier ou de mettre en œuvre ces intimidations vu l’ampleur, la détermination et surtout la discipline des manifestants qui ne nécessiterait en aucun cas une intervention militaire.

Pour la première fois, l’aile de l’oligarchie, représentait par Ali Haddad, propriétaire de la chaîne Dzaïr News, a diffusé des images des manifestations auxquelles ont pris part, selon cette chaîne, « un million de personnes », dans toutes les grandes villes du pays. Ennahar TV, chaîne d’information d’Anis Rahmani, a elle aussi, diffusé des images vendredi, notamment des affrontements en fin de journée entre policiers et jeunes dans Alger.

Jeudi, une centaine de journalistes des médias algériens – écrits et audiovisuels, publics et privés – s’étaient rassemblés dans le centre d’Alger pour dénoncer la « censure » et les pressions hiérarchiques auxquelles ils font face, notamment concernant la couverture du mouvement de contestation.

De l’autre pôle, le gouvernement, le directeur de campagne du candidat Bouteflika n’ont plus convaincu grand monde. Quand bien même le candidat Bouteflika reviendrait ce samedi, serait-il capable de déposer en personne son dossier de candidature comme stipule la loi portant régime électoral ? Maintenant s’il le fait par procuration en demandant à un membre du pôle de le faire, il enflammerait la rue.

L’exécutif a présenté un bilan chiffré des quatre mandats de Bouteflika tout à fait complaisant. Il était même en préparation depuis l’automne dernier pour convaincre la population de voter alors qu’elle revendique les perspectives futures. Ainsi, à part l’échec reconnu du système de santé, le taux de scolarisation par exemple est de 98,6% dans des salles de cours de 40 élèves.

On a construit 4,07 millions de logements pour une demande évalué au triple. Enfin 7 millions d’emplois ont été créés de 1999 à 2018. Combien même ces chiffres soient dans le vrai, cela voudra dire que près de 350 000 emplois sont créés chaque année, ce qui ne couvrent même pas ceux qui sortent annuellement des universités. La contribution de l’industrie au PIB annoncée 6% reste très faible par rapport aux hydrocarbures qui dominent avec prés de 1/5éme du PIB. Sur les 6556 milliards de dinars imprimés par la planches à billets, prés de 86% ont servi à renflouer le trésor public pour combler le déficit, la caisse de retraite et rembourser les entreprises publiques pour les transformer en salaire sans contrepartie de production. Le ciblage des couches nécessiteuses et une partie de celle moyenne pour bénéficier de la subvention par un cash, ne protégera pas leur pouvoir d’achat Pourquoi ?

Parce que les industrielles qui n’en profiteront plus de cette dernière imputeront leur manque gagner sur les coûts de production qui gonfleront les prix à la consommation et donc affecteront les couches que cet artifice veut les protéger. Le problème est donc ailleurs : comment diversifier l’économie pour la faire sortir de sa fragilité liée à la dépendance des hydrocarbures ? Comment redynamiser l’économie nationale pour la rendre d’abord créative ensuite compétitive ? Quand faudra t-il arrêter la planche à billet pour éviter le scénario vénézuélien ? Cela voudra dire que ce sont là des priorités pour éteindre le feu même s’il faut orner le tout par un rêve de la démocratisation du système de gouvernance, la justice sociale, l’équité, les remparts contre la politique du copinage, népotisme Etc. Tout cela, Bouteflika a trouvé la solution dans le gouffre d’une conférence de consensus qui lui appartiendra de lui élaborer son programme et peut être prendre même la responsabilité de le mettre en œuvre avec un échec garanti.

Le report des élections est rendu maintenant impossible par le simple fait que le conseil constitutionnel a recueilli déjà à ce jour les dossiers de deux candidats. Pour le reste, l’Algérie est loin d’être la Syrie et Bouteflika n’est pas Bachar El Assad qui lui représente une tribu Alaouite. Pour Bouteflika, il s’est entouré des apparatchiks qui fuiront dés que cela tourne au vinaigre. Le soutien familial, ne suffit pas au candidat Bouteflika. 

 

Auteur
Rabah Reghis

 




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