Il y a à peine 5 jours l’Agence Reuters qui citait deux sources anonymes proches du dossier à Sonatrach leur annonçant que le groupe pétrolier prépare la révision des prix de son gaz transporté par le gazoduc sous- marin Medgaz. Il s’agit des entreprises espagnoles, Naturgy (NTGY, MC), Cepsa (CPF. GQ) et Endesa (ElE.MC) auxquelles il faudrait ajouter les entreprises françaises Engie (ENGIE.PA) et la portugaise Galp (GALPS.LS). (01)
Cette information a été reprise par de nombreux journaux nationaux et internationaux, profitant de la brouille espano-algérienne suite au revirement de la position du gouvernement Pedro Sanchez sur le dossier du Sahara occidental, qui titrent avec des manchettes provocatrices comme « Sonatrach envisage d’augmenter ses prix pour l’Espagne, la France et le Portugal » insinuant sournoisement un règlement de comptes politiques de l’Algérie envers l’Espagne.
Pourtant Abdelmadjid Tebboune a assuré lors de sa rencontre avec les responsables de la presse algérienne le 23 avril 2022 que les autorités n’entendaient pas mélanger les affaires politiques avec celles d’ordre commerciale en garantissant l’approvisionnement en gaz des citoyens espagnols quelque soit l’issue de cette brouille.
1- Première décision en faveur du réchauffement des relations avec l’UE
Même si ce n’est pas dit ouvertement, tout porte à croire que Sonatrach a été recadrée pour revoir sa politique de communication afin de la limiter à ses sociétés contractantes d’éviter un brassage au nom de toute la nation afin de ne pas donner l’occasion à ses détracteurs d’amalgamer pour mettre de l’huile sur le feu pour des raisons inavouées.
Dans ce cadre justement, 3 jours après cet incident « sciemment mal interprété » soit le 3 juillet, le PDG de Sonatrach Tawfik Hakkar, fortement saisi pour cette question, a rectifié en disant : « La révision des prix du gaz exporté par l’Algérie se fait avec l’ensemble de ses partenaires au vu de l’augmentation des prix mondiaux du gaz ; » (02)
De cette manière, le tout est ramené à une décision commerciale qui n’a rien à voir avec les « positions politiques des uns et des autres » et qui sont foncièrement légitimées par l’augmentation des prix qu’elle subit dans ses échanges commerciaux avec les pays européens.
Pourquoi légitime ? L’Algérie avec les montants de ces ventes consacre une grande partie pour importer des biens et services pour ses besoins divers fortement touchés par une inflation galopante qui détériorent les termes de l’échange.
Selon toute vraisemblance ce recadrage a été du goût selon certaines indiscrétions du Conseil de l’Union européenne dont l’objectif est de représenter et défendre les intérêts des Etats membres. Elle voyait dans la décision de ne toucher que l’Espagne, la France et le Portugal une discrimination entre les Etats d’un même bloc politique et économique. Cette précision du PDG de Sonatrach devait lever cette confusion qui ne donnera plus l’occasion à José Manuel Albares de continuer à tourner dans les couloirs de cette instance européenne.
2- La deuxième décision est plus concrète envers l’UE
Ainsi, le 27 juin, Sonatrach titre dans un communiqué avoir fait une « importante découverte à condensat dans le périmètre de Hassi R’mel ». Mais elle précise dans les détails plus loin dans cette annonce « avoir mis en évidence un potentiel important en hydrocarbures dans le réservoir Lias Carbonaté « LD2 » au niveau du périmètre d’exploitation de Hassi R’mel ». La « mise en évidence » dans le jargon pétrolier est différente d’une « découverte ».
D’où l’envoi illico presto du responsables du Production Engineering et Development (PED, le lendemain, pour rencontrer Souheila El Hachemi à la chaîne 3 qui a débuté la discussion par cette manchette que ce responsable a plus compliquée que simplifiée en confondant le concept de « réserve » celui du « volume » avec les « réserves récupérables », contradiction entre découverte aujourd’hui et disposer de ses réserves il y a une décennie, etc.
Il a annoncé au départ 10 milliards de m3 d’ici la fin de l’année en cours mais après la conférence de presse de son PDG, un erratum a été fait mais qui va le lire, la fausse information est bel et bien partie. Si l’opinion publique a été déroutée, les sociétés étrangères opératrices en Algérie savent bien de quoi on parle et qui va dans le sens de ce que veux l’UE en dépit de la neutralité de l’Algérie dans le conflit qui l’oppose à la fédération de Russie.
Qu’en est-il exactement dans les faits ? Quel est le message ? Pourquoi serait il apprécié par l’UE ? (A suivre)
Rabah Reghis
Renvois