Près de 650 dollars la tonne. C’est le prix atteint début août par la cote du riz thaï, la référence asiatique, sur le marché mondial. Du jamais vu depuis quinze ans. Les cours de cet aliment de base pour la moitié de la population de la planète ne cessent d’augmenter : +50% sur un an. Alors comment expliquer une telle hausse des prix ?
Manque d’eau, réchauffement climatique, restrictions à l’exportation… Les difficultés s’accumulent pour les grands producteurs de riz. Fin juillet, l’Inde, premier exportateur mondial, avec 40% de parts de marché, a décidé de limiter ses échanges. Le riz blanc non basmati ne peut plus être exporté.
Objectif : stabiliser les prix de cet aliment dans le pays, qui a pris 11% en un an. D’autant que des élections législatives sont prévues dans le pays début 2024. La société Gro Intelligence craint que l’Inde n’élargisse ce genre de restrictions à d’autres denrées pour faire face à l’inflation.
Le prix du riz est actuellement plus élevé que ces deux dernières années à cause du phénomène El Nino. Cette tendance climatique entraîne un réchauffement global des températures et fait baisser les précipitations, pourtant essentielles dans les rizières.
Il y a aussi la Thaïlande, le deuxième exportateur de riz dans le monde. Depuis le début de l’année, le pays fait face à la sécheresse, jusqu’à moins 40% de précipitations. La situation risque de ne pas s’améliorer, le phénomène El Nino, vaste réchauffement des eaux du pacifique, pourrait même aggraver l’aridité dans le pays.
Ces évènements météorologiques extrêmes touchent aussi la Chine. Tempêtes, inondations, insectes ravageurs… Autant d’aléas qui perturbent les récoltes. Et qui pourraient pousser le pays à importer plus de riz dans les prochains mois.
Au marché Habbéna dans le VIIe arrondissement de Ndjamena, on est loin de l’effervescence habituelle. Le sac de riz de 25 kilos est passé de 14 000 à 18 000 francs CFA. Geneviève vient d’en acheter une petite quantité, en fonction de ses moyens financiers. « Ça coûte très cher, ça nous dépasse ! À la maison, si vous êtes nombreux, c’est pas la peine quoi… »
Djouma Trinité est responsable d’une formation d’hôtellerie. La flambée du prix du riz l’a contrainte à stopper les exercices de cuisine. À l’entrée du marché, Abdoulaye tient un petit commerce. Il assure ne pas savoir les causes de cette augmentation du prix du riz. « Les choses sont devenues chères à un point qu’on n’y comprend rien. Nous on se ravitaille juste ici, au marché. Les causes sont-elles internes ou externes? On n’en sait rien. »
Alors que le gouvernement ne s’est pas exprimé sur les raisons de cette hausse des prix, les associations pointent deux causes : la guerre en Ukraine et le conflit au Soudan à l’origine de l’afflux massif de réfugiés au Tchad. Certains commerçants évoquent également les inondations de l’année dernière dans le pays, qui ont fragilisé la production du riz.
Avec Rfi