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Pourquoi le Hirak perdra tous ses acquis sans un président élu 

PROPOSITIONS

Pourquoi le Hirak perdra tous ses acquis sans un président élu 

Sans jouer le trouble-fête de cet amour entre la protesta et l’armée, il est indispensable de faire sortir les uns et les autres de cette euphorie, compréhensible certes mais la raison doit les faire revenir à la réalité.  

S’accrocher aux galons d’Ahmed Gaïd Salah ne mènera certainement pas aux changements souhaités par l’ensemble de la population qui sort dans la rue hebdomadairement. Il s’agit  d’un responsable qui a passé toute sa vie dans l’armée, il est révolutionnaire de conviction mais il a comme tous ses semblables servi loyalement le système depuis l’aube de l’indépendance. Aurait-il les coudées franches face à une mafia en hibernation étant donné les événements en cours ? C’est difficile à dire !  Ses membres se tiennent mutuellement par leurs barbichettes.

Le peuple a besoin de l’armée mais il devra faire son propre saut en évitant de s’enliser dans les débats stériles comme on les entend ces derniers jours. Le peuple étant détenteur du pouvoir, charge l’armée de sauvegarder sa souveraineté nationale qui lui revient de droit. S’il choisit par voie référendaire de prolonger la transition de quelques mois le temps de préparer l’échéance présidentielle dans les meilleures conditions, où est le problème ? Il est aussi doté d’un pouvoir de choisir qui il veut pour la conduire des affaires de l’Etat s’il doute de l’intégrité et de la compétence des responsables en place.

Si l’armée n’a pas d’arrière-pensées, il n’y a aucune contrainte particulière d’écouter le peuple par instaurer une prolongation de la constitution de 3 à 6 mois et d’installer un Conseil national de changement composé de 30 membres choisis sur des critères moraux, d’expérience dans l’activisme politique comme l’honnêteté, l’antécédent judiciaire, propreté, n’étant pas mêlés directement ou indirectement dans les affaires de l’ancien régime et de préférence ne jouissant d’aucune activité partisane quelle que soit sa nature et surtout acceptés par le peuple.

Sa composante devra toucher toutes les régions de l’Algérie et impérativement en respect du quota des femmes et une représentation des générations futures. Ce conseil  élit un présidium de trois de ses membres pour conduire la transition conformément à la feuille de route débattue et mise au point par ses membres. Ce débat qui ne peut sortir des revendications populaires, établira une plateforme priorisée et hiérarchisée de manière à identifier les actions immédiates à mener durant les six mois de transition et celles qui seront entreprises dans le quinquennat présidentiel parce qu’elle exige du temps et peut-être un large débat.

Le présidium installe un gouvernement de technocrates en lui balisant les axes de son programme qui devra durant ces six mois mettre tous les instruments appropriés pour : l’équilibre des pouvoirs constitutionnels, verrouillage de la constitution, installer une commission indépendante des élections, se doter des règles adéquates pour une élection libre et indépendante. Leur mission s’arrête une fois un président est élu et choisi par le peuple en toute transparence.

Les grandes préoccupations revendiquées par certains qui peuvent être d’ordre identitaire, fédéralistes, religieuses ou simplement liées aux libertés  dans ses différents aspects dont celui citoyen feront partie du programme présidentiel que le peuple débattra avec son futur président et leur réservera le temps qu’elles méritent.

Quant à la forme du choix de la composante qui formera ce conseil si elle ne pourra pas se faire par plébiscite populaire, le vote par internet est la forme qui commence à donner ces fruits dans plusieurs pays comme l’Estonie qui le pratique depuis 2005 avec succès.

Si les réseaux sociaux ont réunis tant de monde en offrant un exemple de civisme et de discipline admiré par le monde entier, il pourrait bien être utile pour leur servir un système de votation électronique transparent d’autant plus que chaque Algérien dispose d’une carte avec un Numéro d’identification national.

R. R.         

 

Auteur
Rabah Reghis

 




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