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Pourquoi les Algériens sont-ils fatigués ?

REGARD

Pourquoi les Algériens sont-ils fatigués ?

Quand on pose la question aux gens, autour de soi, dans les lieux de travail, comment allez-vous ? La réponse qui revient très fréquemment est : je suis fatigué i.e. ghlobt, 3it ou encore je rêve de mon lit, je manque de sommeil etc.

Si vous insistez, et poursuivez votre investigation sur les causes d’une telle fatigue, certains vous répondent qu’elle est due, au fait, qu’ils n’aient pas pris de vacances depuis plusieurs années. D’autres l’attribuent cela au manque de distractions, de loisirs et les salariés à une  routine mortifère.

Pour finir,  la majorité et surtout les jeunes affublent le pays : makan oualou fi had lebled! i.e.  Il n’y a rien à faire dans ce pays, El dawla sbabna i.e. l’état est à l’origine de nos malheurs.

En définitive, les causes invoquées sont multiples et fondées mais l’une d’entre elles, celle de l’absence d’un week-end, au vrai sens du terme, est occultée.

Après avoir troqué le week-end universel, samedi après-midi et dimanche, pour celui de jeudi après-midi et vendredi, pour des raisons plus politiques qu’idéologiques ou religieuses, l’Algérie a fini, sous l’ère Bouteflika,  dès 2009,  par opter pour les journées du vendredi et du samedi comme jours de repos hebdomadaire.

Mais pratiquement, les Algériens ne reposent pas durant ces deux journées. Généralement, s’étalant sur une journée et demi, la fin de semaine sert à se régénérer, à faire une coupure après un dur labeur de cinq jours et demi.

Partout dans le monde, le weekend, signifie  interruption de travail, pour la grande majorité, au même moment. Ce qui permet aux travailleurs, à la cité, de faire un break et ainsi de récupérer. 

En Algérie, la semaine de travail s’interrompt jeudi soir. Vendredi, grasse matinée, marché, ménage, lessive, prière, et c’est déjà le soir. Depuis le 22 Février, il faut y adjoindre, pour une grande partie de la population, les marches plus ou moins  éprouvantes. Samedi matin les affaires redémarrent. La vie reprend son cours. Commerçants, artisans, professions libérales sont, pour la plupart, à leur poste. Une grande partie des entreprises sont opérationnelles. Le trafic routier est aussi dense que durant les jours ouvrables, et  les travaux sur  tous types de chantiers reprennent.

 Mais où est donc le repos hebdomadaire, le break, la coupure dans tout ça ?

On entame  la semaine qui suit, en fin de compte, sans répit. 

Dans les casernes on procède généralement d’une autre manière : on travaille le vendredi jusqu’à midi, et on ne reprend le travail que dimanche  matin. Certains commerçants, comme au Hamiz (zone marchande dans la banlieue d’Alger) par exemple, terminent leur semaine jeudi à midi et reprennent samedi matin. 

Dans l’administration par contre, on prend les journées de vendredi et de samedi. Chacun agit de son propre chef, selon ses propres appréciations, annihilant ainsi, cette notion d’arrêt de travail commun à une grande partie des habitants de la cité,  pendant un jour et demi, et  qui est la quintessence même  de ce que l’on nomme week-end. Le choix du vendredi samedi comme jours de repos hebdomadaire, ne semblant pas faire l’unanimité. 

Résultat des courses : les Algériens n’arrêtent pas de cavaler, souvent sans parvenir à réaliser  leurs principales tâches quotidiennes.  L’état d’épuisement, accentué par le manque de pratique sportive, est perceptible à l’œil nu. La productivité des personnes sur les lieux de travail est  altérée, la nervosité et la mauvaise humeur des personnes décuplées.

Le corps a besoin de répit, l’homme a besoin de s’arrêter un jour et demi par semaine. Il lui faut un temps pour vivre et un autre pour travailler. Ne pas prendre le temps de reprendre son souffle entraîne inévitablement  l’épuisement. 

Auteur
Djalal Larabi

 




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