C’est de bonne guerre ! Car visiblement, la Russie commence à sentir les sanctions économiques contre elle et selon toute vraisemblance cela pèse sur le quotidien du citoyen russe.
Des deux côtés, il s’agit de conséquences classiques, prévisibles lorsqu’on tarde à passer à l’essentiel. Le principal n’est pas les tirs croisés des uns contre les autres comme c’est le cas par excellence dans cette crise ukrainienne mais sortir de ces effets pour aller droit vers les causes qui l’ont crées.
Il se trouve désormais que les pays européens, les premiers touchés ont dès le début délaissé cette tâche à leur allié américain qui les mène en fonction de sa propre stratégie sans prendre le moindre risque de quelque nature que se soit.
La diplomatie américaine semble se réduire à rechercher les pour et les contre Poutine en proposant souvent des solutions difficilement réalisables et peu cohérentes. La réponse de l’OPEP et ses alliés à la tournée du secrétaire d’Etat américan Antony Blinken est édifiante : une quantité d’offre peu signifiante de 432 000 barils à partager entre 23 pays producteurs. Ou celle de puiser de leurs réserves stratégiques, très peu applicable. Sachant que jamais les Etats-Unis n’ont puisé autant auparavant dans leurs réserves stratégiques pour enrayer l’envolée des prix du pétrole.
Chaque jour un million de barils seront extraits de ces stocks. Une décision historique qui témoigne des bouleversements à l’œuvre sur le marché de l’or noir. Sur le plan opérationnel, si cette solution se concrétise, certes, ferait stabiliser la flambée des prix actuels surtout ceux des carburants à la pompe mais ne constituera nullement une alternative pour remplacer les 40% des approvisionnements russes à l’Europe, soit près de 175 milliards m3.
La deuxième solution consiste sur le court terme de leur livrer 15 milliards de m3 de gaz naturel liquéfié (GNL) sans pour autant leur garantir les infrastructures pour les transporter jusqu’aux côtes européennes.
Quant à cet « écervelé » de Vladimir Poutine comme ils l’appellent ses détracteurs, sa démarche est tout à fait cohérente. Il a demandé le paiement de son gaz en rouble, le résultat s’est manifesté le même jour la valeur de sa monnaie remonte.
Opérationnellement, il a créé un cadre législatif en signant le jeudi 31/03/2022 un décret obligeant les importateurs de gaz de payer en roubles dés ce vendredi du lendemain. Si ces paiements ne sont pas faits, les contrats seront immédiatement interrompus.
Imprégné par son entourage que dans les contrats commerciaux, les clauses contractuelles l’emportent sur l’aspect juridique et institutionnel, il leur propose de faire les paiements du gaz russe par le biais de Gazprombank qui n’est qu’une filiale du contractant Gazprom et non concernée par les sanctions en cours en Russie.
Ces clients ouvriraient un compte à double entrées voire même triple rouble, euro et dollars. La banque se chargera de la conversion de l’euro ou du dollar déposé dans les comptes de ses nouveaux clients et procède au paiement en rouble. En voilà, une solution concrète immédiatement applicable dans les délais exigés par les fournisseurs Il reste bien entendu, que son diplomate Lavrov fait la tournée en Chine et en Inde pour placer ses produits de peur que les européens s’en passent de ses hydrocarbures.
Aussi, il y a réussi puisque la Chine et l’Inde acceptent volontiers de payer en rouble. Maintenant et enfin ! L’Agence International de l’Energie (AIE) qui représente tous les pays consommateurs s’est réveillée pour une réunion pour dit-on « calmer les cours affolés par l’invasion de l’Ukraine » très attendue pour voir le contenu de sa solution.
Rabah Reghis