Patrick-Poivre d’Arvor (PPDA) est toujours sous les radars de la justice pour ses affaires de viols. Dans la seconde enquête préliminaire visant l’ancien présentateur de TF1, 22 femmes ont témoigné. Les faits dénoncés par trois d’entre elles ne sont pas prescrits, 19 plaintes et signalements ont été classés sans suite.
Une décision en demi-teinte pour Patrick Poivre d’Arvor. Après la mise en examen pour viol de l’ancien présentateur du JT de TF1, fin décembre, dans l’affaire Florence Porcel, le parquet de Nanterre a demandé aux juges d’instruction d’investiguer sur deux viols et une agression sexuelle commis entre 2007 et 2018, a appris franceinfo mercredi 28 février.
Cette requête intervient à l’issue de la seconde enquête préliminaire ouverte fin 2021. Le parquet a classé sans suite 19 autres signalements. PPDA sera donc de nouveau entendu sur ces faits par les deux juges chargés de l’instruction dans l’affaire Porcel, lesquels décideront ou non d’une nouvelle mise en examen. Sollicitée par franceinfo, son avocate Jacqueline Laffont n’avait pas encore réagi mardi en début d’après-midi.
« C’est un grand soulagement »
Dans ce deuxième volet de « l’affaire PPDA », 22 femmes accusent l’ancienne vedette du PAF de viols et d’agressions sexuelles. Seules dix ont déposé plainte. L’une d’entre elles avait été confrontée à l’ex-journaliste de 75 ans dans les locaux de la Brigade de la répression de la délinquance aux personnes (BRDP) en juillet dernier. Cette plaignante est l’une des trois accusatrices pour lesquelles les faits dénoncés ne sont pas prescrits. Elle affirme qu’il l’a embrassée de force lors d’une soirée en avril 2018. « Les faits qu’elle dénonce ont été retenus comme suffisamment étayés, c’est un grand soulagement », réagit son avocate, Laure Heinich.
Le reste des plaintes et signalements ont été classés sans suite, du fait de la prescription, ou écartés, les faits n’étant pas « susceptibles de qualification pénale », selon le parquet. D’autres faits auraient également pu être qualifiés de harcèlement sexuel, mais cette infraction, créée en 2012, n’existait pas encore à l’époque où ils ont été commis. Le parquet de Nanterre précise que tous les signalements effectués auprès de la justice seront versés au dossier d’instruction, même quand ils sont prescrits ou non qualifiables pénalement.
Cette décision est jugée décevante par l’écrivaine Bénédicte Martin, qui avait porté plainte pour une agression sexuelle dans le bureau de l’ancienne vedette en 2003. « C’est une grande déception, on avait vu des signes positifs dans la manière dont nos dossiers avaient traités, la police avait mis les moyens, la décision avait été retardée », observe celle qui avait témoigné à visage découvert dans Libération. « Cela dénote du climat actuel où l’on assiste à backlash [retour de bâton] dans le mouvement #MeToo », ajoute-t-elle.
L’écrivain journaliste Patrick Poivre d’Arvor accusé de viols
« L’espoir, c’est a minima un procès »
L’ancienne vice-présidente d’une filiale du groupe TF1, Muriel Réus, qui a dénoncé une tentative d’agression sexuelle dans le cadre de la première enquête, nuance : « Le fait qu’ils aient élargi l’instruction à ces trois nouveaux cas donnent une perspective à toutes les femmes qui ont été entendues. L‘espoir de toutes les victimes, c’est a minima un procès », estime-t-elle auprès de franceinfo. Un avis partagé par l’avocate Laure Heinich : « C’est une sacrée consolidation du dossier [d’instruction]. Et toutes les autres viennent le nourrir par leurs témoignages. Ce n’est pas parce qu’une parole est prescrite qu’elle n’a pas valeur de preuve pour les autres. »
Patrick Poivre d’Arvor a par ailleurs été placé sous le statut de témoin assisté pour un autre fait de viol dont l’accuse Florence Porcel, survenu en 2004. Une première plainte de la journaliste et autrice avait été classée sans suite en juin 2021, les magistrats pointant une « insuffisance de preuves ». Dans la foulée, elle avait déposé une nouvelle plainte avec constitution de partie civile pour obtenir l’ouverture d’une nouvelle enquête par des juges d’instruction.
Au total, 45 femmes se sont manifestées auprès de la justice depuis la plainte initiale Florence Porcel. La majorité d’entre elles déclarent avoir été agressées ou violées dans un seul et même lieu : le bureau du présentateur, dans la tour de TF1, après le journal de 20 heures.
Avec Francetvinfo