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Pratiques paternalistes d’une gestion approximative !

REGARD

Pratiques paternalistes d’une gestion approximative !

Les rapports de l’Etat avec la société ressemblent étrangement aux rapports qu’entretiennent les parents avec leurs enfants. A la naissance le nouveau-né n’est pas capable d’exprimer ses besoins par des paroles. Ce sont les parents qui lui fournissent nourriture et vêtements. 

Il en est de même pour une société naissante. Les autorités centrales lui fournissent ce dont elle a besoin sans lui demander sans avis ni lui permettre de poser des questions. A la puberté, l’enfant vit encore avec la famille qui continue à lui fournir tout en nature. 

L’enfant peut exprimer ses propres besoins et désirs. Il entreprend un véritable marchandage avec ses parents. Il réclame de l’argent de poche et en fait un libre usage. Les autorités centrales prennent charge les besoins de la société en pleine de croissance. Elles acceptent que la société manifeste son mécontentement ce qui l’encourage à demander davantage  en faisant pression sur l’Etat pour que ces demandes soient exaucées. 

L’enfant a grandi, il est devenu un homme, c’est un adulte, il gagne sa vie et se suffit à lui-même à partir de son salaire. S’il se trouve face à des ennuis, il n’a plus personne pour l’aider financièrement. Il ne peut compter que sur lui-même. Une société mâture est une entité comptable autonome. 

Elle est tenue de couvrir ses dépenses budgétaires par des recettes budgétaires sans recourir à l’endettement extérieur. En Algérie une pratique s’est développée ces dernières années. Dès que des difficultés apparaissent, l’Etat puise sur ses réserves pour financer ses déficits budgétaires sans réduire son train de vie. Face à la maladie, elle se retrouve sans ressources.

Il demande de l’aide à la société qui est sans ressources. Les relations de l’Etat avec la société sont marquées par une ambivalence. Alors qu’elle accepte avec plaisir la nourriture et la protection assurées par l’Etat, elle refuse en même temps que l’Etat intervienne continuellement dans la gestion des affaires de la cité. Du fait qu’il faudra toujours demander crée un sentiment d’humiliation. Elle voudrait bien s’appuyer sur ses propres forces mais elle n’y arrive pas.

De même que l’Etat voudrait bien s’affranchir de la financer compte tenu de l’insuffisance de ses ressources. Cependant, il ne parvient pas. Par conséquent, en période de pénurie d’argent, de chômage croissant et d’inflation galopante, le gouvernement se trouve condamner à assumer la responsabilité  de la situation politique, économique et sociale car il lui est difficile de dire à la population qu’il n’est pour rien dans la situation financière, dans le chômage et dans le niveau des prix et que c’est l’affaire de la société.

D’un autre côté, il ne peut pas se désolidariser du sort de la société qu’il a toujours contrôlé sans s’accuser aussitôt de « mauvais gestionnaire » et de « dilapideur » des deniers publics d’autant plus que les syndicats et les associations dans l’intérêt de la préservation des emplois et des activités feront sans cesse pression sur le gouvernement pour soutenir indéfiniment les ménages et les entreprises en difficultés. 

On se trouve dans une impasse. Faudrait-il rebrousser chemin ou franchir l’obstacle ? Dans les deux cas, il faut de l’argent et du temps qui font actuellement cruellement défaut. Les parents sont-ils disposés à jeter en pâtures leurs enfants-adultes dans la rue sous prétexte qu’ils ne peuvent plus subvenir à leurs besoins sans courir le risque de les voir disparaître à tout jamais ?

 

Auteur
Dr A. Boumezrag

 




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