19 avril 2024
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Présidentielle : le « cirque Bouteflika » dans la continuité !

REGARD

Présidentielle : le « cirque Bouteflika » dans la continuité !

À peine le bal ouvert, une ruée d’Algériens, autant anecdotiques que sérieux, se sont précipités au ministère de l’Intérieur pour retirer les formulaires de parrainage de candidatures à l’élection présidentielle, programmée pour le 19 avril prochain. Le nombre dépasse jusque-là la centaine.

On y retrouve de tout : du bouffon, du pique assiette, des amuseurs de galerie, des habitués de zerda, des parasites s’invitant aux tables des mariés jusqu’aux plus sérieux, qui croient que leur heure a enfin sonné. Et ceux-là, ces derniers, sont les plus dangereux, car ils participent à entretenir l’illusion que le changement est possible dans le cadre tracé par le système. Ainsi, ils apportent par le biais de cette manœuvre, volontaire ou involontaire, une caution à cette élection qui vise à prolonger la vie du régime.

À l’occasion de cette élection, ils montrent les muscles et ils bombent le torse face aux caméras, s’autoproclamant comme étant la seule alternative au système. A croire que le pays n’en a pas connu d’autres !

L’affront subi depuis des années par l’Algérie n’attendait pas l’occasion d’un énième simulacre élection pour être lavé en avril prochain.

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Soyons sérieux. La risée que fait subir au pays la famille Bouteflika n’a pas en réalité son pareil dans les annales de l’histoire du monde moderne. Une limite dans le ridicule que les Duvalier, François et Jean Claude, dits respectivement Papa Doc et Bébé Doc, n’ont pas osé franchir dans l’exercice du pouvoir.

L’image affligeante de la précipitation des supposés candidats à la candidature au siège du ministère de l’intérieur ne rajoute que humiliation à l’humiliation du peuple algérien.  Ils ont tous, même le plus averti parmi eux, le général-major à la retraite Ali Guediri, en commun la conviction que cette élection, comme toutes les autres, est truquée à l’avance.

Donc une mascarade de plus. C’est une certitude qu’ils partagent bizarrement avec Bouteflika et le clan au pouvoir, l’organisateur de l’élection. Chose qu’ils s’abstiennent – que ce soit Ali Benflis ou Ali Guediri – à dire pourtant au peuple.

Ils savent pertinemment, plus que quiconque, que l’élu n’est pas celui qui sera adoubé par le peuple, mais celui qui est parrainé par le système. Ali Guediri s’en remet au peuple, dans sa déclaration au forum du journal Liberté, alors qu’il sait pertinemment que ce dernier n’a pas son mot à dire.  La vérité que ces candidats refusent à admettre, même à eux-mêmes, alors qu’ils le pensent dans leur for intérieur, c’est d’espérer être la voie de recours, comme candidat du système au cas où il y aurait abandon de l’option du 5ème mandat. Ils veulent en réalité être un plan B. Sinon, comment peut-on prétendre se présenter à une élection alors que tout le processus est biaisé d’avance ?

Des bloggeurs, des activistes et des citoyens s’exprimant sur les réseaux sociaux croupissent toujours en prison ; des manifestations et des réunions publiques interdites et il y a à peine quelques semaines, des anciens militaires dont les blessés dans la lutte antiterroriste ont été bastonnés dans les rues et réprimés férocement pour leur interdire l’accès à Alger. Tel est l’état des libertés démocratiques à la veille d’une élection se voulant démocratique, si on se réfère à l’engouement des candidats à la candidature.

On n’a entendu personne s’offusquer par rapport à l’arbitraire et à la forfaiture subis par des pans entiers de la société. Même le général-major n’a pipé mot de soutien à ses anciens camarades ou subalternes réprimés. Il s’est illustré plutôt par un ton élogieux dans sa lettre publiée par la presse, adressée à son « compagnon d’armes », Gaïd Salah, chef d’État-Major et vice-ministre de la Défense de Bouteflika.  C’était au moment même où ce chef d’État-Major a lancé, de connivence avec Saïd Bouteflika et avec la sous-traitance d’Anis Rahmani, le patron du groupe Ennahar TV, et en dehors de toute légalité, sa gendarmerie à la trace des journalistes, blogueurs, rappeurs et les artistes jugés en indélicatesse avec le régime.

Après tout cela, comment peut-il se targuer d’être le seul rempart contre le système : « Moi ou le système », a clamé Ali Ghediri devant les journalistes au forum du journal Liberté.  Et à son directeur de campagne, Mokrane Ait larbi, qui revient la tâche de calmer les ardeurs de confier à la chaîne de télévision El Magharibia : « si les conditions seront réunies ». Il ne croit pas si bien dire.

Malheureusement les conditions d’une élection libre ne sont pas réunies. Une élection démocratique est d’abord un processus et elle ne se résume seulement à l’acte de déposer un bulletin dans l’urne. Un régime comme celui qui tient le pays en otage depuis 20 ans n’organise pas sa propre mort, à savoir l’alternance en permettant à d’autres alternatives de s’exprimer. Il organise plutôt « la continuité » dans tout ce qu’elle représente comme gabegie, dilapidation, prédation et forfaiture. C’est sur la base de ces méfaits que le clan présidentiel s’est constitué et s’est cristallisé. Il a fait tellement de mal qu’il n’est pas prêt à céder par voie électorale, au risque de mettre le pays à feu et à sang.

Les indiscrétions racontées par Mokri, chef du MSP, dans le journal El-Khabar, par rapport à son entrevue avec Said Bouteflika, le prouvent. « On a peur pour nos siens », lui aurait confié pour justifier la non-organisation de la succession.

Puisqu’elle cautionnera le maintien du système et l’impasse aux conséquences plus dramatiques, l’élection présidentielle n’est pas à cet effet la solution, mais le problème.

Auteur
Youcef Rezzoug

 




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