Annoncée en décembre 2024 par le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune, lui-même, la revalorisation de l’allocation touristique à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs devait entrer en vigueur dès janvier 2025. Cependant, à ce jour, sa mise en œuvre reste incertaine, suscitant des interrogations au sein de l’opinion publique et du Parlement.
Alors prime ou pas prime touristique ? Il faut dire que cette annonce irréfléchie car jamais anticipée a suscité tellement d’attente qu’elle risque de finir comme la flopée de promesses sans lendemains du chef de l’Etat. La preuve ? En haut lieu, chacun se refile la patate chaude.
Lors de la séance parlementaire du mercredi 4 juin, plusieurs députés ont interrogé le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, sur la date d’entrée en vigueur de cette mesure. En réponse, le ministre a indiqué que cette question relevait des prérogatives de la Banque d’Algérie, soulignant que celle-ci dispose d’une autonomie de gestion et d’un cadre réglementaire spécifique.
Cette déclaration contraste avec les annonces précédentes du ministre, qui, en mars dernier, avait affirmé que les préparatifs techniques étaient presque finalisés et que les premiers versements pourraient débuter deux semaines après l’Aïd el-Fitr, célébré le 31 mars. Depuis lors, malgré la mise en place de guichets dédiés dans les aéroports, les ports et les postes frontières terrestres, la mesure n’a toujours pas été activée.
Conséquences sur le marché des changes
Ce retard a des répercussions visibles sur le marché parallèle des devises, où la demande reste forte face à une offre officielle toujours restreinte. Le taux de change de l’euro sur le marché noir atteint actuellement 258 dinars à la vente, contre 150,56 dinars au taux officiel. Cet écart de plus de 100 dinars reflète non seulement la désarticulation entre les deux circuits, mais aussi les limites actuelles des politiques de régulation monétaire.
Dans ce contexte, l’écart entre l’annonce politique et la réalité opérationnelle compromet les efforts de stabilisation du marché des devises. Il alimente également une perte de confiance dans les canaux bancaires officiels, alors même que les autorités tentent de renforcer leur crédibilité auprès des citoyens et des investisseurs.
Un signal contradictoire
Le remplacement de l’ancien ministre des Finances, soupçonné d’avoir ralenti la mise en œuvre de la mesure, avait été interprété comme une volonté présidentielle de relancer le processus. Pourtant, les mois passent sans que la situation n’évolue sensiblement, donnant l’impression d’un signal politique sans réel prolongement administratif.
En définitive, cette prime touristique, pensée comme un instrument de soutien aux voyageurs et de lutte contre le marché informel, demeure à ce jour une promesse non tenue. L’absence de calendrier clair entretient la confusion et nuit à la lisibilité des politiques économiques, à un moment où les Algériens attendent des réponses concrètes à des préoccupations immédiates.
Sofiane Ayache