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Prix des produits agricoles : un projet de suivi numérique qui suscite l’espoir et beaucoup de réserves

Réunion avec la ministre du Commerce Walid Yacine et, Amal Abdelatif,

Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Walid Yacine, et la ministre du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national, Amal Abdelatif, ont coprésidé un réunion de coordination consacrée à l’approvisionnement du marché et au suivi des prix des produits agricoles de large consommation.

À l’issue des échanges, les deux départements ont annoncé le lancement prochain d’un système d’information unifié pour suivre en temps réel les prix, anticiper les fluctuations et prévenir les pénuries, ainsi que la création d’une cellule de veille permanente chargée de surveiller la disponibilité des produits et de garantir la stabilité des marchés.

Des attentes fortes… mais des réserves sur le terrain

Sur la page Facebook du ministère de l’Agriculture, de nombreux citoyens ont salué cette initiative tout en pointant des obstacles structurels.

Un ancien commerçant du marché agricole estime que l’Algérie « ne manque ni de terres fertiles, ni de savoir-faire », mais que la véritable faille réside dans « la marge excessive des revendeurs de détail ». Selon lui, l’État devrait investir massivement dans la vente au détail organisée, via des supermarchés dédiés aux fruits et légumes en lien direct avec les producteurs, afin de réduire les intermédiaires et d’éviter le gaspillage en période d’abondance.

Soutenir la production et moderniser l’encadrement

D’autres intervenants soulignent la précarité des conditions de production : effets du changement climatique, prolifération d’insectes nuisibles, rareté et coût élevé des intrants (semences, pièces de rechange, produits phytosanitaires).

L’ingénieur agronome Samir Belhouchet préconise de repenser le financement du secteur : crédits à long terme, soutien ciblé aux intrants plutôt qu’à la production, programmes de lutte intégrée, outils d’aide à la décision (OAD), et meilleure prise en charge des ingénieurs et vétérinaires.

La question de la connectivité

Plusieurs internautes relèvent aussi un paradoxe : « La majorité des services administratifs de l’Agriculture ne sont même pas connectés à Internet. Comment mettre en place un tel système d’information ? »

Avant de parler de numérisation, disent-ils, il faudrait d’abord équiper les directions locales en ordinateurs et en accès réseau.

Entre optimisme et scepticisme

D’autres voix se veulent plus confiantes, rappelant que des pays comme la Chine gèrent une population bien plus importante grâce au Big Data : « Pour 45 millions d’Algériens, c’est tout à fait faisable si l’on sort des méthodes administratives archaïques. »

Enfin, certains citoyens plaident pour un rôle plus direct de l’État, proposant d’acheter l’ensemble des récoltes pour les revendre dans des marchés publics à prix régulés, sur le modèle de la filière blé.

Ces réactions montrent que, si le projet gouvernemental de numérisation et de suivi des prix est accueilli comme une avancée, sa réussite dépendra d’investissements logistiques, d’un encadrement technique renforcé et d’une modernisation de l’appareil administratif. Autant de conditions qui détermineront la capacité de l’Algérie à stabiliser durablement ses marchés agricoles.

La rédaction

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