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Procès de Mehdi Nemmouche en France : «Je n’ai jamais été geôlier … mais un soldat sur le front »

Justice

Depuis le 17 février 2025, Mehdi Nemmouche comparaît devant la cour d’assises spéciales de Paris. Déjà condamné à la perpétuité en Belgique pour l’attentat du Musée juif de Bruxelles en 2014, il doit cette fois répondre de son rôle présumé en tant que geôlier et tortionnaire de plusieurs otages occidentaux en Syrie entre 2013 et 2014.

Aux côtés de Mehdi Nemmouche, deux autres accusés, Abdelmalak Tanem et le Syrien Kais al-Abdellah, sont également jugés. Deux autres suspects, Salim Benghalem et Oussama Atar, présumés morts, sont poursuivis par défaut. Ils sont accusés de séquestration, d’actes de torture et de barbarie en bande organisée.

Un geôlier sadique selon les otages

Mehdi Nemmouche est soupçonné d’avoir été l’un des geôliers de l’État islamique, responsable de la détention et des sévices infligés à plusieurs otages, notamment des journalistes français et espagnols. Les témoignages des survivants dressent le portrait d’un bourreau cruel, infligeant à ses prisonniers des violences physiques et psychologiques. Nicolas Hénin, ancien otage, le décrit comme un « bourreau pervers ».

Face à ces accusations, Mehdi Nemmouche nie en bloc. Il affirme n’avoir jamais rencontré les otages et soutient avoir été un simple combattant sur le front, découvrant pour la première fois les journalistes français lors de son procès à Bruxelles.

Un parcours marqué par la radicalisation

Mehdi Nemmouche, né en 1985 à Roubaix, dans le nord de la France, a connu une jeunesse difficile, marquée par plusieurs passages en prison pour des affaires de délinquance, où il a basculé dans la voie de la radicalisation islamiste. En 2013, il rejoint la Syrie et intègre les rangs de l’organisation État islamique.

De retour en Europe, Mehdi Nemmouche ouvre le feu au Musée juif de Bruxelles, tuant quatre personnes le 24 mai 2014. Il est arrêté quelques jours plus tard à Marseille. Jugé en Belgique, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Ce procès va se poursuivre pendant cinq semaines et s’annonce riche en révélations, notamment avec la diffusion de vidéos illustrant la barbarie des soldats de l’État islamique. L’avocat de Mehdi Nemmouche, Maître Francis Vuillemin, affirme que son client est serein et qu’il s’exprimera sur ces accusations de torture et de séquestration, sans nier son itinéraire de djihadiste.

Si ce procès n’impactera pas les peines des accusés déjà lourdement condamnés, il constitue un moment clé pour la justice antiterroriste et la reconnaissance des souffrances des victimes.

Rabah Aït Abache

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