Il ne se passe pas un jour sans que des condamnations ne pleuvent sur les activistes ou simples citoyens s’étant trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Et rien n’indique que notre « Justice » soit animée de quelconques bonnes intentions pour freiner sa soif de vengeance.
Le but de cette chronique n’est pas de justifier l’injustifiable ou de défendre l’indéfendable. Il y a eu crime à Larbaâ-Nat-Iraten ! Et, tout crime se doit d’être puni selon la loi appliquée par une justice juste qui ne verse pas dans une démesure qui fait croire que cette poignée d’excités, entraînée par un effet de foule en furie pour lui faire commettre l’irréparable est représentative de la majorité de notre jeunesse.
Non, les jeunes de Larbaâ-Nat-Iraten ne sont pas des sauvages ! Ce qui s’est passé dans la région d’Abane Ramdane aurait tout autant pu avoir lieu dans n’importe quelle localité du pays ! Le jour où le drame s’était produit, nous étions consternés, pantois et sans voix ! Non, pas les miens me disais-je ! Non, ma petite famille n’a jamais versé dans une violence gratuite, et surtout pas dans l’abject de l’assassinat.
Pourtant, Dieu que la machine judiciaire nous avait fait rêver d’une équité juste quand le personnel de cette institution avait rejoint le Hirak en ces moments où naïvement nous avions crû en une Algérie meilleure pour tous ses enfants !
Trente-huit condamnations à mort pour le jeune Djamel Bensmail, il y a de quoi s’interroger.
Par ailleurs, la question qu’auraient dû se poser les juges qui ont prononcé 38 condamnations à mort concerne la préméditation ! Sous quelque angle de vision que l’on entrevoit les choses, à Larbaâ Nat-Iraten il n’y a pas eu préméditation !
Une justice qui se respecte aurait qualifié ce meurtre de « coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Cela faisant, le verdict aurait été clément.
Loin de moi l’idée de défendre une folie injustifiable.
– Oui, il faut que justice soit rendue pour que la mort de ce jeune ne reste pas impunie !
– Oui, il est hors de question de justifier un assassinat gratuit !
– Oui, ce meurtre est une dérive collective condamnable !
– Oui, des jeunes de Larbaâ s’étaient laissés emporter par un mouvement collectif incontrôlable qui s’est traduit par un déchaînement hors du commun !
Cependant, trente-huit condamnations à mort reflètent-elles une sanction juste ?
La justice s’est-elle posée les bonnes questions pour prononcer un verdict équitable ? Car qui peut croire un moment que dernière cet assassinat, il y avait intention de donner la mort ?
Certes, il y a eu des coups mortels, mais qui parmi ces jeunes coupables a l’âme d’un assassin sanguinaire, à l’image de Madani Mezrag, pour ne citer que lui ?
A-t-on posé à ces jeunes la simple question de savoir s’ils regrettaient leur geste ?
Rappelons que dans des pays comme la France où la justice s’efforce d’appliquer des lois justes, pour des coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, la peine encourue est de quinze années de réclusion ! Rappelons aussi que l’auteur d’un homicide involontaire peut être sanctionné jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.
Prononcer des peines lourdes, oui, mais condamner ces jeunes à mort, non !
Pourquoi toutes ces injustices envers des jeunes enflammés par des incendies qui faisaient rage quand cette dérive collective fut attisée ?
La grandeur d’une justice indépendante se mesure par l’étendue de sa clémence et non par l’implacabilité de ses sentences ! Et là se dessinent les contours d’un système judiciaire aux ordres qui ne s’encombre point de salamalecs ou de formules d’équité pour faire peser la main inflexible des maîtres du moment.
Mais, on a bien compris le jeu pervers du pouvoir : provoquer la Kabylie pour la pousser aux extrêmes et justifier toutes sortes de réactions et autres répressions violentes pour pointer du doigt cette région rebelle et la désigner comme ennemie du reste du pays ! À cet égard, le pouvoir nous a démontré à maintes reprises qu’il savait s’y faire !
Pour rappel, en son temps Madani Mezrag avait avoué avoir trucidé, de ses mains, un jeune soldat de l’armée ! L’a-t-on jugé pour ce meurtre ? Et que nenni ! Cet islamiste notoire court toujours et doit couler des jours heureux ! En 2015, il avait même joui d’une autorisation de créer un parti politique en vertu d’un accord secret avec le pouvoir ! ?
Alors ? Pourquoi ces deux poids, deux mesures ?
Kacem Madani