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Procès Ouyahia et Sellal : Saïd Bouteflika, le grand absent !

COMMENTAIRE

Procès Ouyahia et Sellal : Saïd Bouteflika, le grand absent !

Au pays des mascarades, tout aussi grossières les unes que les autres, le citoyen a décidé de ne plus être ce figurant passif et de se transformer en acteur pesant de tout son poids sur le devenir de son pays. Il a décidé de se réveiller un certain 22 février et de se prendre en main.

Mais voilà que face à lui, les gens qui ont depuis toujours eu la prétention de le gouverner n’ont ni saisi ni accepté la profondeur de cette mutation. Ils persistent à le considérer comme un mineur pour lequel ils décident ou un crédule frôlant la  niaiserie qu’ils manipulent à leur guise. 

Car comment expliquer cette succession de mascarades à laquelle assistent les Algériens et le reste du monde ?

– Des élections rejetées que l’on tente désespérément de faire passer à travers des discours préhistoriques, des déclarations irresponsables, des médias acquis et des personnages serviles, comme étant le vœu le plus chère des Algériens ?

– Une campagne électorale menée à huis clos dans des zaouïas et de minuscules salles par des candidats dans l’incapacité  de mobiliser un quelconque parterre comme ayant suscité un grand intérêt chez le citoyen

– Et enfin comment apporter du crédit à un procès, sans avocats, annoncé public mais sans l’être réellement, dont les principales parties et les chefs d’inculpation demeurent imprécis. Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal sont ils témoins ou accusés ? 

Interrogés par les juges et les procureurs, lors de leur interpellation et aujourd’hui pendant leur procès, ces deux ex-premiers ministres ne cessent de répéter qu’ils ont agi sur ordre de Saïd Bouteflika, frère de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika. 

Pourquoi donc Saïd Bouteflika n’était pas présent dans cette salle ? Peut-on réellement parvenir à juger avec équité et rigueur ces accusés sans le principal ordonnateur « extra constitutionnel » ? Les juges en charge de cette affaire parviendront-ils à aller au fond des choses sans confronter publiquement Saïd Bouteflika , Ouyahia et Sellal ?

Il est permis d’en douter eu égard à ce qui a eu lieu ce mercredi. Les questions du juge en ce qui concerne Ouyahia ont porté sur certains de ses comptes bancaires,  personnels, et sur certaines faveurs qu’il aurait accordé à tel ou tel. 

Pour ce qui est de Sellal le financement de la campagne pour le 5ème mandat, des questions sur ces biens ainsi que la voiture de service qu’il aurait gardé un certain temps ont accaparé l’attention du juge.

Mais est-ce genre de questionnements, somme toutes futiles par rapport à la situation dans laquelle se trouve le pays , qui importent le plus ?

Il est aussi permis d’en douter. 

La question fondamentale qui semble avoir été perdue de vue et à laquelle les accusés devraient répondre est la suivante:  comment Saïd Bouteflika a subtilisé le pouvoir depuis près de sept années et jusqu’à quel point avaient-ils complices ?

En dirigeant Saïd Bouteflika vers la justice militaire, « on » pourrait l’avoir protégé, voire dispensé de ce procès et de tant d’autres comme celui ci au cours duquel  deux ex-premiers ministres de la république sont exhibés tels des animaux de foire alors que leur chef « non constitutionnel », le plus grand des suspects dans cette catastrophe nationale est gardé dans une prison militaire.

Qui protège Saïd Bouteflika ? Pourquoi demeure-t-il le grand absent de ce procès ? Surtout que tout Algérien sait que depuis la maladie de son frère rien ne se faisait sans lui en Algérie.

Auteur
R. N.

 




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