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Professeur Didier Raoult : du débat scientifique au débat irrationnel

OPINION

Professeur Didier Raoult : du débat scientifique au débat irrationnel

Mettons immédiatement un point au clair. J’écarte tout procès en incompétence du professeur Raoult et, encore plus, la stupide considération de son look.  par ailleurs très banal dans les milieux scientifico-universitaires.

Il y a des chances que nous passions à côté du remède miracle, c’est une possibilité à ne pas écarter.

L’argument principal du professeur, hors considération de la science, est recevable dans son apparence, « Lorsqu’une personne se noie et qu’une bouée se présente à lui, il ne la refuse pas sous prétexte qu’elle n’est pas homologuée» (déclaration de son collègue).

Cependant, lorsque la majorité de la communauté scientifique conteste les résultats car ils ne sont pas, selon elle, conformes à la démarche scientifique, il faut avoir une autre attitude.

Car jusque-là, rien d’extraordinaire. Les scientifiques passent leur vie à se contredire, à se chamailler et donner des coups de becs à la puissance de leurs égos. On a déjà vu dans l’histoire de l’humanité combien les immenses découvreurs étaient contredits et houspillés par le milieu scientifique de leur époque.

Le professeur Raoul avait mon soutien pour continuer sa recherche sans que je sois d’accord sur la mise immédiate de son médicament sur le marché. Mais il l’a perdu lorsqu’il a commis une erreur inadmissible, franchissant la ligne rouge. Le professeur Raoult a sorti le débat et la violente confrontation de son cadre pour les mettre au niveau du terrain public et politique.

Il a suscité un mouvement d’opinion qui, fatalement, fracture la société. Voilà la France coupée en deux qui se chamaille sur un sujet dont elle n’a absolument pas compétence.

Des sondages se réalisent, des pétitions circulent et des pugilats se laissent aller au spectacle médiatique. L’image de la queue devant l’hôpital marseillais où le service du professeur est installé est désastreuse.

Certes le médicament en question est prescrit depuis les lendemains de la seconde guerre mondiale. C’est une prescription banale. Pour autant il faut une rigueur absolue dans le contrôle médical car il existe des risques cardiaques avérés.

Or les mouvements de foule, la peur de la mort et la pression mise sur les généralistes pour en prescrire font sauter le verrou de la sécurité médicale. La science a laissé place au sentiment et à l’irrationnel. Voilà pourquoi la communication du professeur est critiquable.

Professeur, revenez à la dispute traditionnelle et interne au corps des scientifiques. Battez-vous comme un enragé pour essayer de démontrer davantage la valeur de vos résultats. Harcelez le ministère et tous vos collègues internationaux.

Votre CV et vos publications parlent pour vous. Vous êtes éminent et l’humanité a besoin de vous comme de tous les grands scientifiques. Reprenez le chemin de la raison et nous serons tous derrière vous contre les forces conservatrices s’il y a lieu.

Mais pour être un Pasteur ou un Galilée il nous faut un petit peu plus de preuves et de sécurité médicale.

Juste un peu plus, avec l’aide de vos collègues et vous avez notre soutien sans réserve.

 

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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