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Projet de ville médiatique : l’arbre qui veut cacher l’absence de la liberté de la presse 

Censure

Le chef de l’État a procédé, mercredi 5 juillet, fête nationale de l’indépendance, à la pose de la première pierre du chantier de la ville médiatique devant être réalisé dans un délai de 27 mois.

Domicilié dans le quartier de Ouled Fayet (Alger ) sur une superficie de 74 hectares, le  projet qui porte le nom de Dzair Media City regroupera les principaux acteurs du domaine.

Il  abritera les chaînes de télés, radios, agences de presse et autres médias dans leur version   écrite et électronique ainsi que des espaces dédiés à des activités diverses en rapport avec le journalisme et les métiers  de la communication.

Autant dire qu’il s’agit d’un projet aux allures quasi  pharaonique qui, en d’autres lieux, constituerait une plus-value pour les  professionnels des médias et la démocratie en général.

Mais faut-il s’enorgueillir de l’annonce  d’une telle réalisation et tresser des lauriers à son initiateur?

En vérité, il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser. Nous avons affaire à un véritable enfumage qui s’ajoute à la fable du pays qui possède le plus grand nombre de journaux et de chaînes de télévisions dans le monde arabe et en Afrique.

Ce projet,  élevé, avant même sa sortie de terre,  par les médias au rang de fierté nationale n’est que l’arbre qui cache mal la forêt (de l’absence) de la liberté de la presse dans un champ médiatique où l’expression libre, autonome  plurielle et contradictoire n’a plus droit de cité, désertant  la place au profit de la parole obséquieuse de ceux  qui  s’évertuent à être la voix du maître du moment, à un unanimisme ruineux pour la démocratie

Si la presse en Algérie a toujours souffert d’un déficit de liberté, la situation a empiré avec Tebboune. Les restrictions au travail des journalistes, et les atteintes à la liberté d’expression en général se sont accrues depuis l’arrivée au pouvoir de celui qui ne s’embarrasse pas de scrupules que la morale réprouve pour embastiller les journalistes.

Après Khaled Drareni, emprisonné 8 mois après son installation au palais d’El Mouradia pour un motif fallacieux d’intelligence avec une partie étrangère, Abdelmadjid Tebboune récidive avec El Kadi Ihsane, lui aussi emprisonné pour des chefs d’inculpation tout aussi invraisemblables qu’infondés. Pire, le premier magistrat du pays se permet d’accuser à tort et à travers dans un langage de comptoir certains journalistes. On touche vraiment le fond.

Bref, la liberté de la presse se porte très mal en Algérie. Et en raison inverse,  l’autoritarisme, quant à lui, fleurit de plus belle. Jamais le pays n’a connu pareil ordre aussi arbitraire que celui de Tebboune-Chanegriha depuis l’ouverture démocratique ?

Gaspiller l’argent public pour construire une cité médiatique et la création de journaux que presque personne ne lit ne changera rien à la situation et ne fera pas de Tebboune un parangon de la défense et de la promotion des  libertés. Aujourd’hui, de nombreux journaux et soutenus à coup de pages publicitaires sont imprimés sans qu’ils soient lus. C’est à se demander à quoi servent-ils hormis renflouer les poches de leurs patrons ?

Samia Naït Iqbal

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