Face à une abstention massive qui reflète une forme de résistance active contre le dévoiement des mécanismes démocratiques, le pouvoir en Algérie, comme à chaque impasse, ressasse la promesse d’un dialogue national.
Usant de rhétoriques variées pour donner l’illusion d’ouverture, il cherche à dissimuler son immobilisme. Cette stratégie est souvent utilisée pour désamorcer la contestation sans opérer de véritables réformes.
L’annonce d’une possible ouverture au dialogue a rapidement trouvé un écho favorable chez ceux qui, par leur participation au simulacre d’élections, ont légitimé le système en place. Un système dont le caractère antidémocratique vient d’être avoué à travers les objectifs assignés au dialogue ainsi projeté par les promoteurs du régime. Ces acteurs politiques, dans une contradiction manifeste, réclament la tenue immédiate d’élections générales tout en applaudissant l’idée d’un dialogue national.
Pourtant, des élections organisées dans un tel contexte rendraient caduque toute véritable discussion et reconduiraient inévitablement le statu quo. Cela ne peut qu’alimenter la méfiance quant aux réelles intentions de ce dialogue, présenté comme moyen de restaurer la souveraineté populaire.
De plus, émanant d’un pouvoir qui n’hésite pas à qualifier de « terroristes » les partisans d’une transition démocratique afin de délégitimer l’opposition, ces annonces, loin d’être sincères, ne peuvent être perçues que comme des leurres. L’objectif est clair : tromper l’opinion publique pour desserrer l’étau de l’isolement qui l’entoure. Le pouvoir cherche à manipuler le débat public pour légitimer sa survie politique.
Tout comme il a perverti le suffrage universel, ce même pouvoir se prépare à dévoyer le concept de dialogue. Habile dans l’art de détourner les mécanismes démocratiques, il fera de cette initiative de dialogue, une fois de plus, un simple outil du dispositif répressif, lui permettant de maintenir son emprise sur le pays.
Le prétendu dialogue ne sera qu’un simulacre, un instrument supplémentaire de la démocratie simulée, appelé à servir pour pérenniser l’autoritarisme sous couvert d’une fausse ouverture démocratique.
Sommes-nous assez naïfs pour croire que ce régime va soudainement déconstruire un autoritarisme qu’il a bâti patiemment et méthodiquement pendant des décennies et consolidé activement sous le premier mandat du président réélu ?
Si la volonté d’instaurer la souveraineté populaire était réelle, pourquoi ne pas commencer par satisfaire à l’exigence d’abroger les nombreuses lois liberticides, mises en place à l’initiative de l’actuel chef de l’Etat et votées durant son mandat ? Le maintien de ces lois dénote de l’incohérence entre la parole et les actes.
La supercherie réside déjà dans la qualification même de la démocratie présentée comme la finalité de ce dialogue. On la redéfinit désormais comme un processus visant à mettre au pouvoir ceux qui le « méritent », sous-entendant que les choix populaires pourraient être contournés.
Cette conception permet au régime de s’autoproclamer seul juge du mérite, contournant ainsi la volonté du peuple. Après avoir usé de la rhétorique de la « démocratie responsable » pour s’imposer, une nouvelle ère s’ouvrira alors : celle de la domination des soi-disant « méritants ».
L’histoire récente nous montre qu’à chaque tentative sérieuse de démocratisation ou d’inclusion des forces populaires dans la prise de décision, ceux qui souhaitent réellement changer le système sont rapidement et inévitablement conduit à l’éviction. Le pouvoir en quête de préservation, préfère sacrifier toute volonté authentique de réformes plutôt que de s’engager dans une transition démocratique véritable.
Hamid Ouazar