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Propos controversés de Belghit sur tamazight : le FFS et la fondation Amirouche dénoncent, les nationalo-islamistes se taisent

Mohamed Lamine Belghit

Le nihiliste et raciste Mohamed Lamine Belghit

Une nouvelle polémique identitaire secoue l’Algérie après les propos controversés de Mohamed Lamine Belghit, qui a qualifié l’amazighité « d’invention franco-sioniste ». Des déclarations jugées dangereuses et clivantes, qui ont suscité de vives réactions dans les milieux politiques et intellectuels – à l’exception notable des partis nationalo-islamistes, dont le silence gêné interpelle.

Le premier à monter au créneau fut le Front des forces socialistes (FFS). Lors d’un discours prononcé à Ouargla, son premier secrétaire national, Youssef Aouchiche, a fermement dénoncé la montée inquiétante des « discours de haine et de division », dans un contexte régional et international qualifié de « hautement sensible ».

Sans nommer directement le pseudo-professeur Belghit, le FFS s’est insurgé contre « les déclarations empoisonnées » de certains « pseudo-intellectuels » qui s’attaquent aux fondements de l’identité algérienne, constitutionnellement définie comme étant composée de l’islam, de l’amazighité, de l’arabité et de la modernité.

Selon le FFS, de telles dérives ne peuvent être considérées comme de simples opinions, mais bien comme des tentatives de déstabilisation nationale, appelant à une riposte étatique ferme.

Le parti réitère son attachement à une Algérie unie dans sa diversité, affranchie des influences idéologiques étrangères, qu’elles soient moyen-orientales ou occidentales.

Plus tranchante encore, la Fondation Colonel Amirouche, par la voix de son président Nordine Ait Hamouda, a condamné frontalement les propos de Belghit et dénoncé ce qu’elle considère comme une manœuvre orchestrée par les Émirats arabes unis, qualifiés de « sous-traitants de l’agenda sioniste au Maghreb et au Sahel ».

Le communiqué va plus loin en évoquant des complicités économiques anciennes, accusant certaines élites d’avoir livré à cet État « la gestion de nos ports, des pans entiers de notre sidérurgie, et même de la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA)

« Les Amazighs sont les enfants autochtones et authentiques de l’Afrique du Nord », martèle la Fondation, qui voit dans les attaques identitaires une continuité de la politique coloniale de négation de l’être algérien. Un appel est lancé à la formation d’un front républicain pour faire face à ces dérives internes et aux pressions extérieures.

Mais ce qui frappe dans cette affaire, c’est le mutisme total des partis à référentiel islamiste et nationaliste, souvent prompts à se positionner sur les sujets identitaires. Leur silence face aux dérives verbales de Mohamed Lamine Belghit, pourtant connues pour leur proximité idéologique avec certaines de ses positions, soulève des interrogations sur leur rapport à l’amazighité et sur leur capacité à défendre une vision inclusive de la nation.

En filigrane, cette affaire révèle une fracture persistante dans la conception même de l’identité nationale. Alors que certains prônent une Algérie plurielle, enracinée dans toutes ses composantes historiques et culturelles, d’autres semblent hésiter à rompre avec une lecture exclusive et réductrice du fait national.

Samia Naït Iqbal

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