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Putsch au Niger : statu quo et incertitudes

Le général Tchiani
Le général Tchiani,chef des putschistes

Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2023, d’autoproclamés membres du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie ont annoncé avoir mis fin au régime du président nigérien. Beaucoup de questions restent sans réponses après le début de cette tentative de coup d’État dont l’issue n’est pas encore connue.

Le général Tchiani, chef de la garde présidentielle nigérienne, a pris la parole ce 28 juillet 2023 à la télévision nationale en tant que « président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie », un CNSP à l’origine d’une tentative de coup d’État. Il a justifié ce coup d’État contre le président Mohamed Bazoum notamment par «la dégradation de la situation sécuritaire» dans le pays.

Stand by à Niamey

Le temps joue contre les mutins. Depuis au moins 24h, la situation politico-militaire est suspendue à ce que va faire le président Mohamed Bazoum, toujours aux mains des putschistes. Selon plusieurs sources à Niamey, Mohamed Bazoum refuse de signer sa démission, ce qui complique manifestement la tâche des putschistes. Car, d’abord tous les corps de l’armée ne soutiennent pas forcément ce coup d’Etat. Et si les auteurs du putsch ont réussi à mobiliser quelques centaines de manifestants pour les soutenir, la classe politique et l’opinion internationale dénoncent ce coup de force. La Cedeao serait même en train de préparer une intervention militaire.

Quand tout a commencé

C’est tôt le mercredi 26 juillet que le quartier de la présidence a été bouclé. Ce blocus – levé un peu plus tard dans la matinée – et le silence de la présidence ainsi que celui de son entourage ont créé un vent d’incertitudes à Niamey. Différentes sources ont alors confirmé que le président était retenu au palais par des éléments de sa garde présidentielle. « Mouvement d’humeur anti-républicain » comme indiqué provisoirement sur les réseaux sociaux de la présidence, mutinerie ou tentative de coup d’État ? La réponse est venue dans la nuit du mercredi au jeudi 27 juillet, lorsque dix hauts gradés de différents corps armés sont apparus à la télévision nationale pour annoncer « mettre fin au régime » de Mohamed Bazoum.

Ce que veulent les putschistes

Dans cette allocution lue sur Télé Sahel, les putschistes invoquent brièvement « la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale » dans le pays. Des motivations encore floues et peu convaincantes selon les différents experts joints par RFI. « Tous les coups d’État militaires disent ça, souligne ainsi Jean-Pierre Olivier de Sardan, directeur de recherche au CNRS. C’est difficile de dire, derrière ces déclarations un peu convenues, ce qu’il se cache vraiment ».

Qui sont les putschistes

Ce mouvement, visiblement initié par la garde présidentielle, a rallié à lui d’autres corps armés dans la journée du 26 juillet. En témoigne la présence à la télévision de représentants de l’armée de l’air, de l’armée de terre, de la gendarmerie, de la police, de la garde nationale ou des sapeurs-pompiers. Le ralliement de l’état-major des armées, jeudi à la mi-journée, à travers un communiqué des Forces armées nigériennes (FAN) a été un tournant marquant dans ce coup de force militaire au Niger. Reste la question de savoir qui dirige le « Comité national pour la sauvegarde de la patrie » constitué mercredi par les putschistes. Certaines sources les disent qu’ils auraient reçu au moins des conseils des mercenaires russes de Wagner. D’ailleurs dans un message sur Telegram, Prigogine le patron de cette organisation, a qualifié Mohamed Bazoum de « traître » et d e « pro-français ».

Où en est Mohamed Bazoum

Selon différentes sources, Mohamed Bazoum est toujours retenu avec sa famille au palais présidentiel et il se porterait bien. Différents acteurs internationaux, comme le secrétaire général de l’ONU ou le président français, affirment avoir parlé au président élu en 2021. Ce dernier a-t-il un accès libre à ses téléphones ? Hier, 27 juillet, ce message a été posté sur son compte Twitter : « Les acquis obtenus de haute lutte seront sauvegardés. Tous les Nigériens épris de démocratie et de liberté y veilleront ».

Quelle est la situation à Niamey

La situation s’est tendue hier dans la journée. Dans l’après-midi, peu après l’annonce du ralliement de l’armée aux putschistes, des centaines de personnes sont descendues dans les rues pour manifester leur soutien au C.N.S.P., parfois avec des drapeaux russes à la main et en demandant le départ des troupes françaises du pays. Des manifestants ont saccagé le siège du PNDS, le parti au pouvoir. Les manifestations publiques ont été suspendues par le secrétaire général du ministère de l’Intérieur qui gère les affaires courantes. Une tension contrastant avec le calme apparent des premières heures de cette tentative de coups d’État dans la capitale nigérienne.

Comment la communauté internationale a réagi

Nations unies, États-Unis, Union européenne, États africains : à l’étranger, les réactions ont été nombreuses, rapides et souvent sans appel. Le président français Emmanuel Macron a affirmé ce vendredi 28 juillet que « ce coup d’État est parfaitement illégitime et profondément dangereux pour les Nigériens, pour le Niger, et pour toute la région ». Plusieurs autres pays et institutions ont condamné « la tentative de coup d’État au Niger » et ont réclamé son arrêt immédiat, à l’instar de celle de l’Union Africaine. Elles se sont prolongées ces dernières heures mais se sont focalisées davantage sur la « libération immédiate » de Mohammed Bazoum. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), dont le Niger est membre, a été particulièrement revendicatrice, tout comme son président en exercice, Bola Tinubu. Le chef de l’État nigérian a assuré que son homologue béninois Patrice Talon allait se rendre rapidement à Niamey pour y assurer une médiation. En attendant, un sommet extraordinaire de la Cédéao sur la crise nigérienne doit avoir lieu durant les prochains jours. 

L.M./Rfi

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