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Quand Italo Calvino dérange les ronds-de-cuir à Alger

Italo Calvino. Crédit Site Mucem

L’Institut culturel italien en Algérie appuyait d’un comité scientifique d’universitaires algériens et d’italiens représentant les universités d’Alger, Annaba, Blida et La Sapienza de Rome à travers le Laboratoire Italo Calvino, compte commémorer le Centenaire de la naissance de l’auteur des Villes invisibles.

Pour ne pas se limiter à une simple activité d’institution italienne, la direction de l’Institut italien a opté pour une fête littéraire entre les deux rives à travers un colloque international qui se déroulera du 16 au 18 octobre et simultanément dans les trois universités du pays. Chose rare dans l’histoire des universités algériennes, nous rappelle-t-on du côté de l’organisation de la manifestation scientifique.

Une manifestation qui a suscité l’engouement et l’adhésion des universitaires italophones, germanophones et francophones locaux, représentant diverses disciplines et champs d’intervention, et c’est « un sentiment qui a vite trouvé son chemin favorable à travers les accords officiels des AE et de l’Enseignement supérieur qui a ordonné aux trois recteurs à veiller à la réussite de le commémoration de l’écrivain, afin d’édifier un peu plus les ponts de rencontre culturelles entre les deux peuples et leur culture », aime-t-on à nous le signaler au sein du comité scientifique du colloque international.

Sur la quarantaine de communications, nous affirme-t-on, l’Algérie est bien présente dans l’esthétique littéraire de Calvino. Certains, de jeunes universitaires algériens scruteront l’univers esthético-philosophique de cet ancien résistant antifasciste, alors que d’autres rapprocheront l’auteur du Baron perché de Mohammed Dib, Rachid Boudjedra et Mouloud Mammeri.

Le colloque en question œuvrera à intéresser les jeunes-chercheurs des langues étrangère à aborder d’autres champs de réflexions littéraires, loin des sentiers battus, en s’ouvrant sur de nouvelles disciplines telles que l’écocritique, l’anthropologie littéraire, la géocritique comparatiste et les neurosciences dans l’analyse linguistique des œuvres.

C’est un fait assez positif et encourageant, s’il n’y avait pas la présence de quelques échos « d’onagres » dont les thématiques scientifiques dérangent, notamment celle de vouloir rapprocher les engagements socio-politiques et culturels de l’auteur Italien avec ses homologues algériens qui écrivent essentiellement dans la langue de Voltaire.

On nous fait remarquer, par ailleurs, que « certains balistes, qui ont mené l’université nationale au déclassement mondial, y voient d’un mauvais œil qu’une telle rencontre se fasse autour du rapprochement entre auteurs engagés culturellement et socialement ». Est-ce le discours de l’église du Moyen-Age qui favorise le marchand au détriment du philosophe. Pourtant, les auteurs en question sont dans nos dictionnaires et reconnus universellement.

Qu’entendent les « ignorantins » d’une certaine bureaucratie universitaire à Alger, en menant une campagne de pressions auprès d’enseignants et d’étudiants de boycotter la manifestation en question, même en présence de personnalités officielles. On nous signale même qu’un de ces malhabiles a osé prétendre que le colloque en question « met fin à la relation diplomatique entre ma faculté et l’Italie ! ».

Un signe qui arrange bien la prépotence qui y règne dans l’ensemble des institutions du pays. Les animateurs de cette fête méditerranéenne semblent être confiants à la réussite de l’événement en projetant un large programme pour faire connaître nos écrivains et écrivaines, non encore traduits dans des langues comme l’allemand, l’espagnol ou encore l’italien et le portugais, de même que d’envisager des projets pluridisciplinaires autour de nouvelles thématiques visant des publications d’ouvrages communs.

Mohamed-Karim Assouane, universitaire

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