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Quand l’APS se fait épingler par une institution de l’ONU pour fake-news

POLEMIQUE

Quand l’APS se fait épingler par une institution de l’ONU pour fake-news

L’Agence presse service (APS) vient de se faire rattraper pour une fausse information relayée au sujet de militants politiques algériens qui ont déposé une plainte au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Pour l’APS, la plainte a été rejetée, mais le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme dément l’information de l’APS et même certaines assertions d’Algeriepartplus

Qu’est-ce qu’on ne fait pas faire aux journalistes de la vénérable APS pour redorer le blason bien terni du pouvoir ! Cette fois, la très officielle agence de presse s’est fait épinglé par le très solennel Haut-Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme.

En attendant de lire le communiqué, l’APS passera-t-elle le démenti du Haut-Commissariat comme le veut l’éthique de la profession ?

Les responsables de le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme n’ont pas été tendres, ils démentent les informations relayées par l’auguste APS. 

Tout est parti de cette dépêche ciselée pour mettre à bas la démarche de citoyens marcheurs algériens qui ont conclu leur manifestation par un dépôt d’une plainte au sein de cette institution onusienne.

Nous vous livrons le communiqué dans son intégralité.

Après la publication d’un certain nombre d’articles déformant le fonctionnement du système des Nations Unies relatif aux droits de l’homme en ce qui concerne l’Algérie, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme publie la clarification suivante : Un article publié en françaisarabe et anglais par l’Algérie Presse Service (APS), mardi 1er septembre, affirme qu’un organisme appelé « le Bureau des Contentieux de l’ONU à Genève « a rejeté une plainte d’un groupe de militants politiques algériens  » 24h après son dépôt et examen de son contenu par les délégués juristes du Bureau « .

L’article énumère les raisons pour lesquelles la plainte a été sommairement rejetée, et cite un entretien qui aurait été diffusé deux jours plus tôt sur Radio Monte Carlo par un individu désigné sous le nom de Issam Al Muhammadi que l’APS décrit comme le secrétaire du tribunal. L’article de l’agence de presse algérienne contenait une grande photo d’une salle de réunion des Nations Unies à Genève, avec le logo de l’ONU, afin, semble-t-il, de donner de la crédibilité à l’histoire.

Le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Rupert Colville, a clairement indiqué vendredi que l’article était inexact.

« Les informations contenues dans l’article – largement reprises par d’autres médias en Algérie et ailleurs – ont été complètement fabriquées du début à la fin », a-t-il déclaré.  » Il n’existe aucun organe des Nations Unies relatif aux droits de l’homme portant ce nom * et nous n’avons pu identifier aucun membre du personnel ou expert indépendant de l’ONU sous le nom de Issam Al Muhammadi ». 

Bien qu’il existe un certain nombre d’organes des droits de l’homme qui reçoivent et examinent des plaintes de ce type, aucun d’entre eux ne mène une procédure accélérée en 24 heures.

« Nous demandons que l’Algérie Presse Service et Radio Monte Carlo – s’il s’agit bien de la source originale de l’histoire – retirent cette fausse information et lèvent toute ambiguïté auprès de leurs lecteurs et auditeurs en expliquant que l’histoire est une pure invention « , a déclaré M. Colville.

Ce jeudi, une deuxième histoire problématique – adoptant un point de vue opposé – a été publiée par un site de média en ligne appelé Algérie Part. Cet article a correctement identifié le communiqué de l’APS comme étant faux, mais il incluait des citations longues et détaillées d’un entretien qu’il prétendait avoir réalisé avec un autre porte-parole du Haut-Commissariat. Si la porte-parole s’était effectivement brièvement entretenue avec plusieurs journalistes, les citations qui lui sont attribuées par Algérie Part ont néanmoins été en grande partie inventées.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a confirmé que des citoyens et des militants algériens ont déposé des plaintes ces dernières semaines, et que les organes compétents en matière de droits de l’homme les examineraient en temps voulu.

* Il existe un Tribunal du Contentieux Administratif des Nations Unies à Genève. Cependant, c’est à ce tribunal que les membres du personnel de certaines parties du système des Nations Unies s’adressent lorsqu’ils décident de contester une décision administrative interne. Il ne traite pas les plaintes relatives à des situations de droits de l’homme dans les pays et ne ressemble en rien à l’organe décrit dans l’article de l’APS.

Auteur
Yacine K.

 




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