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Quand le monde est entre les mains d’un intérêt privé

Billets verts

La question n’est absolument pas nouvelle. Dans ma période lycéenne l’image la plus répandue était celle du pouvoir exorbitant de l’entreprise Général Motors dont on disait que son budget était l’équivalent de celui de plusieurs États réunis.

Cela a également été dit lorsque la puissance de la High-tech a submergé le monde et crée une dépendance inimaginable aux grandes entreprises que représentent notamment les GAFA.

Elon Musk vient d’éteindre la couverture satellite de l’Ukraine par son réseau privé. En pleine guerre, la société ukrainienne se retrouve dans une situation dangereuse, non pas seulement pour des raisons de fonctionnement civils mais aussi pour le renseignement et la surveillance,  donc pour la protection de l’armée sur le front.

On imagine la puissance phénoménale d’un contrôle politique et économique par la décision d’un seul homme, une nuit dans son bureau.

Nous l’avions soupçonné déjà lorsque la maîtrise de l’espace fut attribuée à un groupe privé alors que c’était historiquement le fait du monopole des grandes agences d’État comme la NASA.

Le problème est toujours grave lorsque des intérêts privés contrôlent et inféodent les puissances publiques, seuls dépositaires de la souveraineté des États par le biais des hommes politiques élus.

Il n’est même pas la peine de rappeler qu’Elon Musk était partisan de Dolnald Trump et de l’aile la plus conservatrice des républicains. Pas la peine de constater qu’il a retourné sa veste pour De Santis, candidat républicain très conservateur. Donald Trump ne constituait plus le cheval gagnant.

Pas la peine de rappeler non plus qu’Elon Musk a consolidé sa puissance avec l’image du mécène protecteur de l’Ukraine en lui fournissant la couverture par ses satellites privés. Il a fait croire au monde entier que c’était gratuit alors qu’il s’agissait d’une opération commerciale et de notoriété.

Pas la peine car c’est toujours le même processus, le monde s’aperçoit trop tardivement que des pouvoirs colossaux ont été concédés à des avidités privées et même personnelles.

L’Ukraine n’a pas réussi pour le moment sa percée victorieuse et Elon Musk se rappelle à ses intérêts et prétend que la couverture était purement d’ordre commercial et que les paiements de l’Ukraine pour les services du réseau n’ont pas été honorés.

Elon Musk se fiche de la morale, il est du côté de ceux qui lui assurent la puissance financière. Il a parfaitement compris que la victoire étant maintenant compromise, il fallait être du côté chinois qui représente la moitié de sa capacité de production et un marché considérable.

Nous venons d’assister à un moment des plus graves qui menacent l’humanité dans ce qu’elle a de progrès démocratique. Un homme a en main le destin de décisions politiques de très hautes importances.

De plus, l’homme est pris d’une mégalomanie dangereuse en pensant qu’il est le sauveur du monde, le maître de sa destinée. La puissance financière et le succès de notoriété peuvent rendre fous mais avec la croyance d’un pouvoir absolu, cette folie explose.

Il est urgent que les États se réveillent, notamment les États-Unis afin qu’ils mettent fin à ce gigantesque monopole concédé au prix d’un avantage économique à court terme, soit les investissements d’Elon Musk dans le pays. Il avait été reçu à l’Elysée avec les honneurs que n’ont pas eu certains dirigeants de ce monde.

Les États-Unis sont d’autant menacés que ce milliardaire est en train de jouer la carte des grandes dictatures et d’acquérir une puissance qui menace la légitime force des institutions publiques.

Comme pour l’industrie pétrolière, les États-Unis doivent sortir une arme déjà utilisée par le passé, prévue par la loi antitrust, c’est-à-dire le démantèlement du groupe d’Elon Musk.

Boumédiene Sid Lakhdar, enseignant retraité

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