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Quand le « trabendo » légalisé alimente la spirale de dépréciation du dinar 

Euros

La spirale de dépréciation du dinar algérien s’accélère, atteignant des seuils inédits sur le marché parallèle des devises. Cette tendance coïncide avec la légalisation progressive du commerce informel dit « du cabas », qui, en institutionnalisant une demande accrue en devises, exerce une pression supplémentaire sur la monnaie nationale.

Si Tebboune voulait déprécier le dinar il n’aurait pas faire mieux qu’en prenant la mesure d’importation avec cabas.

La monnaie européenne continue de grimper dans les échanges informels en Algérie. Ce jeudi 3 juillet, l’euro s’est échangé à 264 dinars sur le marché parallèle, atteignant un niveau jamais enregistré auparavant. Cette hausse intervient dans un contexte marqué par des tensions persistantes sur l’offre de devises et une demande soutenue, accentuée par des dynamiques économiques et réglementaires récentes.

Depuis plusieurs jours, l’euro enregistre une série d’augmentations successives, confirmant une tendance haussière amorcée depuis plus d’un an sur les marchés non officiels. En comparaison, le taux de change dans les guichets bancaires reste relativement stable : l’euro y est coté à 152,42 dinars, selon les derniers chiffres officiels de la Banque d’Algérie. Le dollar américain, quant à lui, s’échange à 226 dinars dans l’informel, tout en se maintenant à 129,32 dinars dans le secteur bancaire.

Plusieurs observateurs établissent un lien entre cette montée des devises et les récentes décisions réglementaires, notamment l’encadrement officiel d’une activité commerciale longtemps tolérée mais non régulée : l’importation de biens à titre individuel en vue de leur revente, connue populairement sous l’appellation de « commerce du cabas ». Ce secteur, largement tributaire des devises acquises en dehors des circuits bancaires, voit désormais son activité reconnue par un décret exécutif paru dans le Journal officiel le 30 juin. Une régularisation qui, selon plusieurs analystes, a eu pour effet immédiat d’accroître la pression sur le marché parallèle en boostant la demande de devises, en particulier l’euro.

Ce mouvement haussier est également alimenté par d’autres facteurs saisonniers. Le début des vacances d’été, période traditionnellement marquée par des déplacements massifs à l’étranger, notamment vers la Tunisie, engendre un surcroît de besoins en devises. À cela s’ajoute le retard constaté dans la mise en œuvre effective de l’allocation touristique revue à la hausse (750 euros par an), qui peine à se traduire concrètement dans les agences bancaires.

Le fossé grandissant entre les deux marchés, officiel et parallèle, soulève une série d’interrogations sur l’efficacité de la politique monétaire actuelle. La dépréciation continue du dinar dans les échanges informels alimente les craintes d’un déséquilibre durable, dont les effets se font sentir sur le coût des importations, l’inflation, et la stabilité économique globale.

Face à cette situation, plusieurs voix appellent à des réformes en profondeur du système de change et à une stratégie plus claire pour canaliser l’économie informelle vers des mécanismes transparents. Car si certaines initiatives récentes visent à encadrer des pratiques jusque-là non réglementées, leur impact sur la dynamique du marché des devises montre que l’intégration économique ne peut se faire sans repenser l’ensemble de l’environnement financier national.

La rédaction

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