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Quand l’eau devient une denrée rare

REGARD

Quand l’eau devient une denrée rare

Barrage de Taksebt presque à moitié vide.

Depuis l’antiquité, l’eau, ce produit indispensable au maintien de la vie des espèces quelle qu’en soit la nature, n’a de cesse de susciter un intérêt assez particulier de la part de l’autorité en charge des affaires publiques de la cité.

Eu égard à sa qualité vitale et sa nature éphémère, l’eau est à l’image de l’air que l’on respire, elle est donc aussi précieuse qu’il va falloir la protéger pour mieux savoir l’apprécier. 

Aussi, les différentes méthodes et/ou techniques d’irrigation expérimentées que ce soit à Cordoue à l’époque de l’Andalousie par le génie de ses savants ou encore plus proche de nous, dans l’Oasis de la vallée du M’zab dans la wilaya de Ghardaïa en particulier, qui représentent des cas à méditer si nous voulons rentabiliser cette eau nécessaire au maintien de la vie.

Ce rapport passionné et passionnel à l’eau entretenu depuis des siècles par des chercheurs et des politiques a permis de mieux comprendre l’importance et la considération à accorder à la préservation de cette ressource au moyen d’une saine gestion nous permettant de nous prémunir contre une éventuelle situation de sécheresse.

Et contrairement à cela, nous continuons à être confronté comme par le passé à endurer des situations du genre notamment en dehors des grandes villes du pays, où le robinet ne coule plus déjà pour pouvoir étayer un tant soit peu sa soif ou  pour se laver et nettoyer ses vêtements pour se sentir propre.

Ce constat du robinet sec, préoccupe au plus haut point le petit peuple qui assiste impuissant au gaspillage de cette eau qui n’arrive plus à lui parvenir en raison notamment des diverses fuites liées à la vétusté des canalisations qui datent pour certaines de l’époque coloniale.

Par ailleurs, le recours systématique, abusif  et incontrôlé à l’exploitation de sable au moyen de sablières érigées tout au long des lits des rivières est venue accentuer l’érosion de la nappe phréatique sous-jacente.

Même si la réaction du législateur qui n’a pas tardé à se manifester pour tenter de réguler l’activité sans pour autant y réussir à produire un quelconque effet escompté, le massacre par conséquent s’est perpétué sous le regard hagard de tout le monde qui avait aussi ses chats à fouetter.

Dans une société où la notion de biens publics ayant pratiquement disparu depuis longtemps du langage commun de l’État et de ses institutions, la porte a été rendue grande ouverte au « je-m’en-foutisme » caractérisé et à l’aventurisme de tout bord. 

Ainsi donc, l’extraction de sable des rivières a continué à être toléré sous l’oeil bienveillant de la Gendarmerie Nationale, qui se plaisait à se délecter de quelques subsides juteuses sous forme de rétributions, accordées par des transporteurs corrupteurs.

Nonobstant le fait qu’une importante quantité d’eau potable s’évapore dans l’espace d’une manière ou d’une autre, il n’ya pas eu à proprement parler de politiques rationnelles de gestion des ressources hydrauliques dans notre pays depuis 1962 à l’instar d’autres secteurs d’activité d’ailleurs.

Ce qui est regrettable est qu’au lieu d’ouvrir le débat et pas uniquement autour de la pénurie d’eau potable, mais sur tout ce qui semble concourir à améliorer le cadre de vie du citoyen, on préfère pour le cas de l’espèce (voir communiqué du wali d’Alger du 24 juin 2021) régenter les réactions de la société de sortes à lui faire admettre que ce qu’il lui arrive n’est pas forcément dû à l’échec évidente d’une gestion malsaine des ressources en eau, mais que cela relève plutôt des caprices de la nature.

La problématique des pénuries d’eau que connaît notre pays en ces périodes de canicule est d’autant plus importante qu’il faudrait remonter à l’amont pour mieux appréhender la complexité de la situation, même s’il est  vrai, que celle-ci est accentuée par une baisse drastique de la pluviométrie touchant la majeure partie de l’Algérie du Nord.

Il est pour le moins incompréhensible de vouloir faire taire les causes réelles ayant précipité l’état de désèchement avancé de la nappe phréatique des régions concernées.

À cet égard, la situation tragico-dramatique que connait l’Oued Sébaou à l’heure où l’on se parle, notamment à hauteur des limites territoriales de la Commune de Tadmait, et qui est à même de représenter un exemple type de destruction programmée, ne peut laisser indifférent les défenseurs de l’environnement. 

Selon les propos rapportés par les riverains et les habitués de cet espace jadis de villégiature, le lit qui prolongeait le niveau des champs de l’orangeraie « n’vakhvakhth » est descendu à pas moins de 150 mètres plus bas dans certains endroits, ce qui nous fait craindre qu’à Dieu ne plaise, la pire des catastrophes écologiques digne des récits légendaires pour la région et ses environs.

L’ampleur du désastre est telle qu’il va falloir multiplier les efforts tant en énergie qu’en moyens matériel et financier pour permettre aux responsables en charge du dossier d’apporter des solutions et ce, dans les meilleurs délais possibles, compte tenu de la gravité de la situation qui continue inlassablement à prendre de l’ampleur.  

Le défi est donc lancé, à charge aux responsables du secteur des ressources en eau avec le concours de tout un chacun pour la réalisation d’un travail ayant pour objectif le démantèlement immédiat de toutes les stations d’exploitation et la pénalisation de tous les types d’extraction et/ou de vol de sable quelque soit la manière usitée. 

Ensuite pourquoi ne pas revenir à l’ancienne législation qui accordait les pleins pouvoirs aux conseils municipaux quant à leurs responsabilités de pouvoir prendre en charge la gestion et la préservation des ressources d’eau potable à l’intérieur de leurs limites territoriales, et dont la dotation va devoir relever du budget de l’État.

Auteur
Rezki Djerroudi

 




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