Site icon Le Matin d'Algérie

Quand l’exécutif se replie et met l’État en danger ! 

Tebboune

Le chef de l'Etat devient M. Bricolage.

En interdisant à une militante des droits humains de rentrer dans son pays en violation de toute base légale, et en ouvrant les richesses minières aux multinationales sans le moindre débat, l’exécutif algérien montre qu’il confond pouvoir et État.

Comme l’analyse le journaliste Nadjib Belhimeur, un pouvoir qui s’arroge tous les droits – jusqu’à imposer le silence et gouverner par la peur – travaille, en réalité, à l’affaiblissement de l’État qu’il prétend incarner.

Ce qui frappe aujourd’hui, ce n’est pas seulement la brutalité de certaines décisions, mais le mutisme qui les entoure.

L’interdiction, à la fois autoritaire et anticonstitutionnelle, faite à Nassera Dutour – présidente de l’Association des familles de disparus en Algérie – de rentrer dans son propre pays, ainsi que la révision du code minier adoptée sans débat, qui concède jusqu’à 80 % de l’exploitation des ressources nationales aux multinationales tout en ignorant l’interpellation de trois partis d’opposition dénonçant une atteinte grave et irréversible à la souveraineté nationale, révèlent une même dérive.

Celle d’un pouvoir qui gouverne seul, sans explication,  ni contre-pouvoir, sans se sentir tenu de rendre des comptes, et qui piétine les lois qu’il a lui-même instituées.

Le journaliste Nadjib Belhimeur, dans un billet publié sur sa page Facebook, énonce une vérité qui dérange.

Selon lui, un pouvoir exécutif qui s’arroge tous les droits et qui use, jusqu’à l’abus, des attributs de souveraineté que lui confère l’État, travaille en réalité à l’effondrement de ce même État.

Une analyse que les faits viennent confirmer: tous les contre-pouvoirs sont neutralisés, le Parlement réduit à une simple caisse d’enregistrement, la presse muselée, l’opposition bâillonnée.

Même les relais dociles du pouvoir se heurtent au mur du mépris. Des partis proches du régime attendent depuis des jours une autorisation pour organiser des manifestations de soutien à Gaza. Pathétique ce régime qui a peur même de ses soutiens les plus zélés !

Cet absolutisme ne menace pas seulement la démocratie; il fragilise aussi l’État lui-même. « Ce silence, que d’aucuns justifient par la peur, nous dit que l’État peut être tué par la peur», avertit Belhimeur. Et il a raison. 

Un pouvoir qui refuse le dialogue, méprise ses propres lois et s’imagine incarner à lui seul la toute-puissance de l’État ne le renforce pas: il l’affaiblit inexorablement.

Samia Naït Iqbal

Quitter la version mobile