Site icon Le Matin d'Algérie

 Quel espoir pour les Algériens ?

REGARD

 Quel espoir pour les Algériens ?

Au Chili, un pays de l’Amérique Latine, qui présente de frappantes similitudes avec l’Algérie, surtout durant la parenthèse sanglante de la dictature du Pinochet (1973-1990), il y a eu passage à une transition démocratique, sans effusion de sang.

Le secret ? L’engagement des élites au côté du peuple. Malgré la mort de l’espoir socialiste de Salvador Allende en 1973, l’élite contrainte au départ et au silence pendant une vingtaine d’années, a su garder longtemps la foi dans le changement.

En dépit des assassinats, des pressions, des intimidations sur les opposants, rien n’a pu arrêter la marche révolutionnaire du peuple. C’est pourquoi, l’après-Pinochet fut une période de restructuration sociétale d’ampleur, si j’ose dire, avec l’instauration des commissions probatoires et de vérité sur les dépassements de la junte militaire au pouvoir, les meurtres et les massacres commis.

L’élite de la diaspora, partie en exil forcé, a retourné au pays pour le refonder sur de nouvelles bases, avec la participation active de la société civile et du peuple. Le processus de la réconciliation nationale n’a pas été mené, comme chez nous, sur le dos du peuple, mais avec son accord et sa bénédiction.

Les élites sont descendues dans la rue pour rencontrer les citoyens, les écouter et prendre langue avec eux.

Résultat, en 2010, le Chili est classé comme le pays le moins corrompu et le plus avancé en Amérique Latine, avec un indice de développement proche de 0.895 ! Pendant seulement deux décennies, ce pays s’est hissé au rôle de leader dans la région. Si, ces dernières années, il y a recul économique ayant provoqué des émeutes de pain, cela n’a jamais empêché la population d’aller, l’année dernière, vers un référendum constitutionnel pour élire une constituante citoyenne, modifiant en profondeur la constitution de l’ère Pinochet.

Cela dit, toutes les crises sont solvables, qu’elles soient d’ordre « économique », « culturel », « organisationnel » , mais lorsqu’il s’agit, comme en Algérie, de « crise de légitimité », cela pose vraiment problème. Car, le projet de société proposé d’en haut n’a pas eu l’adhésion qu’il faut d’en bas, c’est-à-dire des masses. Et adhésion ne veut pas dire « forcément » et « légalement » élection, mais « approbation » symbolique de ce que l’on entreprend, de ce que l’on fait, de ce que l’on prépare pour l’intérêt commun.

Auteur
Kamal Guerroua

 




Quitter la version mobile