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Qui pourrait succéder à Ahmed Ouyahia ?

Turbulences au sommet de l’Etat

Qui pourrait succéder à Ahmed Ouyahia ?

Aujourd’hui, c’est un euphémisme de dire que notre pays traverse une période de turbulences politiques et d’incertitude économique. Selon les observateurs de la vie publique, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika doit y mettre fin, en donnant un autre souffle à sa gouvernance, en changeant notamment d’hommes et de méthode en perspective de 2019.

Certains dans le sérail s’agitent et se positionnent. Comme Djamel Ould Abbès qui, tout en revendiquant un gouvernement FLN, veut la tête du Premier ministre, Ahmed Ouyahia ! Ses sorties récurrentes, titrait un quotidien paraissant en langue française, ne sauraient être classées dans les faits divers. Et la scène nationale ne peut ignorer ces attaques ciblées visant le Premier ministre. La démarche du secrétaire général du FLN est claire : depuis son arrivée, contestable et contestée, à la tête du parti majoritaire, il n’a eu de cesse de porter des coups au premier ministre actuel non pas pour critiquer ses ratés ou ses manquements, mais pour demander « qu’on donne la primature » au FLN au motif qu’il est majoritaire au parlement !

Au regard de la configuration actuelle du pouvoir, Djamel Ould Abbès et Ahmed Ouyahia sont, pourtant, du même bord, car se revendiquant du programme du président de la République ce qui n’empêche pas le premier nommé de donner l’impression de critiquer en permanence le second, et de vouloir s’immiscer dans les affaires du gouvernement, laissant croire qu’il est dans son rôle de « sentinelle ».

Il poursuit un objectif et tout le monde en est conscient : à « dégager » Ahmed Ouyahia pour le remplacer, non pas par lui-même, mais par une personnalité de son parti et dans la foulée, le mettre hors-jeu de la course aux présidentielles ! Le courant ne passe plus entre ces deux personnalités qui vivraient, ces derniers temps, comme « chien et chat», s’épiant mutuellement, et toujours à l’affût de la moindre gaffe pour clouer l’autre au pilori. Leurs relations, à en croire ce qui s’écrit dans les journaux, ont piqué du nez depuis que le chef de l’Etat avait fait savoir, ou laisser entendre, qu’il s’apprêterait à remanier le gouvernement. Et à changer, éventuellement, de Premier ministre !

Les consultations, semble-t-il, se fixeraient, désormais, sur le choix du futur locataire du Palais du gouvernement. Et tous s’accordent à dire qu’A Ahmed Ouyahia a très peu de chance d’être reconduit, au regard de la mauvaise image que celui-ci renvoie dans l’opinion nationale. Il ne sortirait, peut-être, pas indemne de la crise pétrolière qui a plongé le pays dans des lendemains incertains.

Mais s’il devait, absolument, partir, qui pourrait le remplacer ? Le président de la République, déçu par toute la classe politique et excédé surtout par les « galéjades » de Djamel Ould Abbès, pourrait-il être amené à choisir un homme du sérail, un technocrate ou plus encore, irait-il jusqu’à le chercher dans le monde de l’entreprise ?

En attendant, tout ce que le pays politique compte comme candidats potentiels, s’est lancé dans la compétition, personnellement ou porté par ses soutiens. Il y a aussi le ministre de l’industrie, Youcef Yousfi, qui, a exercé, un temps comme premier ministre « par intérim », pendant la dernière campagne électorale et il a eu à le constater, par lui-même, la tâche est rude !

Elle ne le sera pas pour Tayeb Belaïz, la force tranquille ; l’actuel ministre d’Etat est, certainement, premier ministrable du fait de sa proximité avec le clan présidentiel. Son assurance, son expérience passée à la tête de deux ministères régaliens ceux de l’intérieur et de la justice, plaident en sa faveur.

Les choses iront autrement avec Abdelaziz Belaïd, l’ambitieux chef du parti El Moustakbel ; selon ses supporters, il pourrait prétendre, dans une première étape, diriger le gouvernement. Son handicap est de n’avoir jamais été ministre ; qu’à cela ne tienne il a déjà le profil politique lui qui a fait l’essentiel de sa carrière dans les arcanes du FLN.

Il y a aussi Chakib Khelil qui semble rencontrer plus de handicaps dans la course à la primature que ses concurrents supposés. Il aurait confié à ses proches « qu’il avait refusé le poste pour la simple raison qu’il n’y a pas de bons ministres potentiels actuellement en Algérie ».

Au sommet de l’Etat, rares sont ceux qui croient en ses chances Certainement pas le président de la République qui tient, entre ses mains, des cartes autrement plus intéressantes, qu’il peut à tout moment abattre :

La carte de l’expérience d’Abdelaziz Belkhadem

Des années après, va-t-il revenir à la tête du gouvernement s’interrogent, déjà certains ? Il a pour lui, un bilan apprécié par les uns et détesté par d’autres. L’homme fort de son expérience a trois qualités essentielles : la connaissance de l’appareil de l’Etat, l’autorité et de l’endurance. Un bon patron, en somme, là où certains s’agacent de l’improvisation et des couacs à répétition commis par un certain Abdelmalek Sellal. Ceux qui connaissent Abdelaziz Belkhadem disent, déjà, qu’il est dans les « starting block » !

La carte de la nouveauté avec Noureddine Bedoui

C’est le ministre en forme du moment. Sa désignation ne constituerait pas une surprise, au regard du bilan de son secteur qu’il a plus que dépoussiéré. Il a gagné le pari de la « e-gouvernance » avec son passage réussi au biométrique avant les délais impartis par l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile.

La carte sociale avec Louisa Hanoune

Une femme Premier ministre ? Pourquoi pas, d’autant plus qu’on laisse entendre que l’intéressée est bien vue par le président qui s’est engagé à conférer « plus de droits » à l’opposition. Louisa Hanoune à la tête du gouvernement, une première au Maghreb et dans le Monde arabe ! La passionaria algérienne a son franc-parler et du courage politique à en revendre. Elle incarnerait, peut-être, un visage nouveau réclamé par les couches sociales les plus démunies, mais qui pourrait être incompatible avec la feuille de route dictée par le FCE qui veut plus d’autonomie et moins d’Etat. Sans oublier un autre obstacle de taille : la classe politique, toutes tendances confondues, ne l’aime pas et réciproquement ! Tout comme l’«oligarchie » qu’elle ne cesse de dénoncer et dans laquelle, assurément, elle n’est pas soluble !

La carte de l’entreprise

Quelqu’un du monde des affaires pour diriger le gouvernement ? Ali Haddad, peut-être pas, même si le chef du FCE, est classé comme un homme qui influence la décision politique et économique. N’avait-il pas auditionné tout ce que le pays compte comme responsables et aussi quelques ambassadeurs occidentaux ? D’aucuns n’hésitent pas à le voir monter les marches du Palais du gouvernement. En Berlusconi conquérant ? Lui ou un autre capitaine d’industrie, c’est possible.

La carte de l’autorité avec Abdelghani Hamel

C’est l’homme qui a su s’imposer et réorganiser la police algérienne. L’institution est devenue une référence pour les pays africains, arabes et même européens grâce aux connaissances acquises et aux moyens de l’Etat. D’aucuns voient en lui un potentiel successeur de Abdelaziz Bouteflika. Droit dans ses bottes, L’homme ne dit rien et poursuit sa mission à la tête de la DGSN, au moment même où il est donné entrant au prochain gouvernement pour prendre en charge un ministère régalien. Pourquoi pas alors la primature ?

La carte de la continuité avec Ahmed Ouyahia

Malgré les incessants coups de boutoirs, il continue vaille que vaille à conduire le gouvernement, nonobstant les dysfonctionnements et les inimitiés imputés à certains de ses ministres. Le président de la République pourrait le garder, mais sans le souffle nouveau que les Algériens réclament !

Le président de la République connaît aussi bien la classe politique que ses hommes. Il porterait en estime Tayeb Louh en qui, il aurait déniché un fidèle collaborateur. Tout comme Ahmed Ouyahia chez qui il aura certainement décelé un potentiel énorme en terme de conception, d’analyse et de parfaite maitrise des concepts politiques et économiques. D’endurance, les députés en savent quelque chose, l’homme est capable de débattre pendant des heures.

Et aussi d’obéissance, ce que le président de la République apprécie par dessus tout !

Tayeb Louh, l’homme des dossiers force l’admiration dans les rangs des amis et des adversaires. Le meilleur d’entre nous, pour paraphraser qui vous savez. Il a toutes les qualités, en somme, pour être Premier ministre : compétence, poigne et bagout ! Si on parlait d’expérience, il est celui qui en a capitalisé le plus, au service de l’Etat, comme ministre.

Tous les pronostics le pointent, désormais, comme Premier ministre. De quoi mettre mal à l’aise un Ahmed Ouyahia qui, pour rien au monde, ne laisserait sa place au risque de se voir éliminer des présidentielles de 2019.

En attendant de jeter son dévolu sur l’homme ou la femme qu’il faut, il ne déplairait sans doute pas au président de la République de jouer avec les nerfs des uns et des autres postulants. Tout comme Mitterrand en son temps qui avait à choisir entre Rocard et Bérégovoy. Il invita ce dernier à déjeuner pour lui signifier à la fin du repas, très chaleureux par ailleurs, qu’il avait décidé d’envoyer Michel Rocard à Matignon.

Pour l’heure, à la présidence de la République on laisse courir la rumeur. Tantôt c’est Tayeb Louh qui tiendrait la corde, un autre jour c’est Noureddine Bedoui qui aurait les faveurs du président de la République, quand ce n’est pas Youcef Yousfi qui décrocherait le poste de premier ministre.

Mais entre tous ces hommes, il y a la carte Houda Imène Feraoun, la ministre des Postes et des technologies de l’information. Surnommée la « surdouée » par la presse (source TSA) elle est la plus jeune ministre du gouvernement. En 2015, elle a été classé 9ème dans le classement des femmes arabes les plus puissantes. Incontestablement, elle est représentative non seulement des femmes qui se sont engagées en politique mais aussi de tous les jeunes qui veulent accéder aux responsabilités.

La nomination de Mme Houda Imène Feraoun comme premier ministre serait un geste significatif destiné à briser « le plafond de verre ». C’est aussi un pied-de-nez- adressé par Abdelaziz Bouteflika à tous ces carriéristes de la politique !

 

Auteur
Cherif Ali

 




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