Le cri de Ramla Dahmani, sœur de Sonia, avocate tunisienne poursuivie pour avoir pris la parole
Condamnez-la à mort. Tuez-la. Et qu’on en finisse.
Vous l’avez traînée dans la boue. Enfermée. Isolée. Privée d’air, de lumière, de mots.
Vous lui avez volé sa voix, sa santé, sa vie. Et ce n’est pas assez.
Vous continuez. Vous vous acharnez. Il vous reste à lui arracher ce qui lui reste d’humanité.
Le 24 juin, ma sœur Sonia comparaîtra devant une cour criminelle, dans une affaire portée par ceux-là mêmes qui la détiennent.
Ceux qui l’humilient. Ceux qui la brisent. Chaque jour. Chaque heure.
Et pourquoi ? Parce qu’elle a parlé. Parce qu’elle a osé dénoncer ce que tout le monde tait : les conditions de détention, la violence, les humiliations.
Une phrase dans une émission de radio. Et c’est tout un système qui s’est levé contre elle.
Une affaire fondée sur le décret 54.
Une affaire déjà cassée par la Cour de cassation, qui a dit clairement que ce décret ne s’applique pas aux journalistes.
Une affaire qui aurait dû retourner devant les chambres réunies. Mais non. Vous n’avez pas attendu. Vous avez fixé une date. Vous la jugerez quand même. Même si c’est illégal. Même si c’est honteux. Parce que vous le pouvez.
Et comme si ça ne suffisait pas, vous la rejugerez encore le 30 juin, pour avoir parlé de racisme.
Deux procès. En quatre jours. Deux rafales. Un seul objectif : la faire taire à jamais.
Alors allez jusqu’au bout. Ne faites plus semblant.
Condamnez-la à mort. Étouffez-la. Tirez-lui dessus si ça va plus vite. Mais rendez-nous son corps.
Qu’au moins notre mère puisse cesser d’attendre. Qu’elle puisse pleurer sa fille comme on pleure une morte, pas une vivante qu’on torture en silence.
Qu’elle puisse poser une pierre. Qu’elle ait un lieu à visiter. Un endroit pour déposer son chagrin.
Mais surtout, cessez d’appeler ça justice. Ce n’est pas un procès. C’est une exécution. Froide. Méthodique. Organisée.
Et sachez une chose : le monde vous regarde. Et l’Histoire se souviendra.
Ramla Dahmani
Sœur de Sonia Dahmani